Onest l'homme mauvais que je suis, que vous ĂȘtes ; On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fĂȘtes ; On tĂąche d'oublier le bas, la fin, l'Ă©cueil, La sombre Ă©galitĂ© du mal et du cercueil ; Quoique le plus petit vaille le plus prospĂšre ; Car tous les hommes sont les fils du mĂȘme pĂšre ; Ils sont la mĂȘme larme et sortent du mĂȘme oeil.

Commentaire composĂ©. DerniĂšre mise Ă  jour 07/12/2021 ‱ ProposĂ© par viktor Ă©lĂšve Texte Ă©tudiĂ© Oh ! je fus comme fou dans le premier moment, HĂ©las ! et je pleurai trois jours amĂšrement. Vous tous Ă  qui Dieu prit votre chĂšre espĂ©rance, PĂšres, mĂšres, dont l’ñme a souffert ma souffrance, Tout ce que j’éprouvais, l’avez-vous Ă©prouvĂ© ? Je voulais me briser le front sur le pavĂ© ; Puis je me rĂ©voltais, et, par moments, terrible, Je fixais mes regards sur cette chose horrible, Et je n’y croyais pas, et je m’écriais Non ! — Est-ce que Dieu permet de ces malheurs sans nom Qui font que dans le cƓur le dĂ©sespoir se lĂšve ? — Il me semblait que tout n’était qu’un affreux rĂȘve, Qu’elle ne pouvait pas m’avoir ainsi quittĂ©, Que je l’entendais rire en la chambre Ă  cĂŽtĂ©, Que c’était impossible enfin qu’elle fĂ»t morte, Et que j’allais la voir entrer par cette porte ! Oh ! que de fois j’ai dit Silence ! elle a parlĂ© ! Tenez ! voici le bruit de sa main sur la clĂ© ! Attendez ! elle vient ! Laissez-moi, que j’écoute ! Car elle est quelque part dans la maison sans doute ! Victor Hugo, Les Contemplations - IV, IV PubliĂ© en 1856, Les Contemplations est un recueil de poĂ©sie composĂ© de 156 poĂšmes rassemblĂ©s en 6 livres. Oh ! je fus comme un fou dans le premier moment... » est le 4Ăšme poĂšme du livre 4Ăšme Pauca Meae », le livre de deuil dĂ©diĂ©e Ă  sa fille LĂ©opoldine oĂč le poĂšte tente d'Ă©tablir une forme de communication avec elle malgrĂ© sa mort. Le titre Pauca Meae » est une citation latine signifiant Quelques mot pour ma fille ». Le poĂšte place les poĂšmes dans un ordre dĂ©terminĂ©, conçu pour suggĂ©rer au lecteur une chronologie et un enchaĂźnement logique des sentiments. Les textes sont ainsi regroupĂ©s par thĂšmes et selon une progression cohĂ©rente d'abord le dĂ©sespoir, puis la nostalgie, la mĂ©ditation sur la mort, et enfin l'acceptation et l'espoir d'une vie aprĂšs la mort. Le sentiment dominant exprimĂ© par ce poĂšme est une souffrance conduisant Ă  la folie. Nous verrons donc dans un premier temps comment Victor Hugo exprime cette souffrance et dans un second temps, nous Ă©tudierons le mouvement vers la folie dans lequel le poĂšte est emportĂ©. I. L'expression de la souffrance Le champ lexical de la souffrance les verbes souffrir, Ă©prouver, pleurer » insistent sur la profondeur du dĂ©sespoir du pĂšre ; dĂ©sespoir qui s'explique par le refus d'accepter le dĂ©cĂšs de sa fille. En effet, nous pouvons Ă©galement relever le champ lexical de la rĂ©volte je me rĂ©voltais ; je n'y croyais pas ; elle ne pouvait pas m'avoir ainsi quittĂ© ; c'Ă©tait impossible ». L'oxymore affreux rĂȘve » ainsi que la prĂ©cision crue du vers 6 suscite efficacement l'imagination du lecteur Je voulais me briser le front sur le pavĂ© ». Ce verbe de volontĂ© est suivi de digraphes /br/ et /fr/ qui produisent des sons durs, amplifiant la violence de ce vers. Le poĂšte souhaite mourir car sa douleur n'est pas supportable. La souffrance s'exprime Ă©galement par la syntaxe et la ponctuation Les interjections oh ! et 17 ; hĂ©las ! ; Non ! » sonnent comme des cris de cƓur. La fonction expressive de l'exclamation est un moyen de donner Ă  la phrase par moment la briĂšvetĂ© et le dĂ©chaĂźnement de la plainte. Du vers 3 Ă  5, Hugo s'adresse Ă  certains de ses lecteurs pĂšres et mĂšres », par interrogation rhĂ©torique, qui auraient pu vivre la mĂȘme souffrance que lui ; c'est une façon de quĂȘter une aide, une consolation, de lutter contre la solitude oĂč sa souffran AccĂ©dez Ă  la suite de ce contenu AccĂšdez aux contenus premium de 20aubac gratuitement en proposant votre propre corrigĂ©, ou en obtenant un accĂšs payant.

Parlerde Victor Hugo revient tĂŽt ou tard Ă  parler de la peine de mort. Le combat de Victor Hugo, nĂ© en 1802 et mort en 1885, contre elle a occupĂ© une partie de ses Ɠuvres fictives, biographiques (la plus cĂ©lĂšbre, quoique romancĂ©e, Ă©tant Claude Gueux en 1834), autobiographiques mĂȘme, et politiques. Ce n'est qu'en 1981 que Robert

3 septembre 2018 1 03 /09 /septembre /2018 1743 “Ce que c’est que la mort” – Victor HugoNe dites pas mourir ; dites naĂźtre. voit ce que je vois et ce que vous voyez ;On est l’homme mauvais que je suis, que vous ĂȘtes ;On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fĂȘtes ;On tĂąche d’oublier le bas, la fin, l’écueil,La sombre Ă©galitĂ© du mal et du cercueil ;Quoique le plus petit vaille le plus prospĂšre ;Car tous les hommes sont les fils du mĂȘme pĂšre ;Ils sont la mĂȘme larme et sortent du mĂȘme vit, usant ses jours Ă  se remplir d’orgueil ;On marche, on court, on rĂȘve, on souffre, on penche, on tombe,On monte. Quelle est donc cette aube ? C’est la suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnuVous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu,Impur, hideux, nouĂ© des mille noeuds funĂšbresDe ses torts, de ses maux honteux, de ses tĂ©nĂšbres ;Et soudain on entend quelqu’un dans l’infiniQui chante, et par quelqu’un on sent qu’on est bĂ©ni,Sans voir la main d’oĂč tombe Ă  notre Ăąme mĂ©chanteL’amour, et sans savoir quelle est la voix qui arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sentFondre et vivre ; et, d’extase et d’azur s’emplissant,Tout notre ĂȘtre frĂ©mit de la dĂ©faite Ă©trangeDu monstre qui devient dans la lumiĂšre un ange.

\n\n \nce que c est que la mort victor hugo
PoÚme , Victor HUGO. Poésie Française est à la fois une anthologie de la poésie classique, du moyen-ùge au début du XXÚme siÚcle, et également un espace de visibilité pour l'internaute, amateur éclairé ou professionnel qui désire y publier ses oeuvres à titre gratuit.
Bonjour, je souhaiterai savoir comment victor Hugo percoit la mort, et particuliĂšrement dans ce poĂšme " ce que c'est que la mort". Je dois en rĂ©alitĂ© rĂ©aliser une anthologie poĂ©tique et j'ai choisi le thĂšme de la mort Voici le poĂšme Ne dites pas mourir ; dites naĂźtre. Croyez. On voit ce que je vois et ce que vous voyez ; On est l'homme mauvais que je suis, que vous ĂȘtes ; On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fĂȘtes ; On tĂąche d'oublier le bas, la fin, l'Ă©cueil, La sombre Ă©galitĂ© du mal et du cercueil ; Quoique le plus petit vaille le plus prospĂšre ; Car tous les hommes sont les fils du mĂȘme pĂšre ; Ils sont la mĂȘme larme et sortent du mĂȘme oeil. On vit, usant ses jours Ă  se remplir d'orgueil ; On marche, on court, on rĂȘve, on souffre, on penche, on tombe, On monte. Quelle est donc cette aube ? C'est la tombe. OĂč suis-je ? Dans la mort. Viens ! Un vent inconnu Vous jette au seuil des cieux. On tremble ; on se voit nu, Impur, hideux, nouĂ© des mille noeuds funĂšbres De ses torts, de ses maux honteux, de ses tĂ©nĂšbres ; Et soudain on entend quelqu'un dans l'infini Qui chante, et par quelqu'un on sent qu'on est bĂ©ni, Sans voir la main d'oĂč tombe Ă  notre Ăąme mĂ©chante L'amour, et sans savoir quelle est la voix qui chante. On arrive homme, deuil, glaçon, neige ; on se sent Fondre et vivre ; et, d'extase et d'azur s'emplissant, Tout notre ĂȘtre frĂ©mit de la dĂ©faite Ă©trange Du monstre qui devient dans la lumiĂšre un ange. Merci d'avance !
Ceque c'est que la mort Ne dites pas : mourir ; dites : naĂźtre. Croyez. On voit ce que je vois et ce que vous voyez ; On est l'homme mauvais que je suis, que vous ĂȘtes ; On se rue aux plaisirs, aux tourbillons, aux fĂȘtes ; On tĂąche d'oublier le bas, la
Accueil DĂ©couvrez toutes nos Ă©tudes Hugo en exil Victor Hugo sur la grĂšve d'azette Victor Hugo sur le rocher des Proscrits Affiche de vente aux enchĂšres publiques du mobilier de Victor Hugo. Victor Hugo sur la grĂšve d'azette Date de crĂ©ation 1852 Date reprĂ©sentĂ©e 98-001973 / RMN4219298-001973 Victor Hugo sur le rocher des Proscrits Date de crĂ©ation 1853 Date reprĂ©sentĂ©e 98-002019 / PHO1986-123-159 Affiche de vente aux enchĂšres publiques du mobilier de Victor Hugo. Date de crĂ©ation 1852 Date reprĂ©sentĂ©e 1852 Date de publication Octobre 2003 Auteur StĂ©phanie CABANNE Le proscrit Dramaturge, romancier, poĂšte, Victor Hugo est devenu un monstre sacrĂ© de la littĂ©rature française. Au cours du XIXe siĂšcle son insatiable activitĂ© littĂ©raire se fait de plus en plus l’écho de son engagement politique. Connu d’abord comme le chef de fil des romantiques, il reste fidĂšle Ă  ses idĂ©aux royalistes jusqu’au milieu de la Restauration. Mais la censure qu’exerce Charles X sur la presse comme sur les Ɠuvres littĂ©raires le fait Ă©voluer vers le libĂ©ralisme. Quelques mois aprĂšs la premiĂšre d’Hernani, piĂšce autorisĂ©e mais dĂ©prĂ©ciĂ©e par les tenants du rĂ©gime, il soutient la rĂ©volution de 1830. Le peu d’écho rencontrĂ© par Les Burgraves et la mort de sa fille LĂ©opoldine en 1843 le dĂ©tournent un temps de la crĂ©ation au profit de l’activitĂ© politique. Devenu rĂ©publicain, il est Ă©lu dĂ©putĂ© en 1848 et siĂšge Ă  l’AssemblĂ©e constituante et Ă  l’AssemblĂ©e lĂ©gislative. Hugo bascule alors Ă  gauche et s’oppose au coup d’État de Louis NapolĂ©on Bonaparte du 2 dĂ©cembre 1851 en tentant d’organiser la rĂ©sistance. En vain. Opposant farouche Ă  NapolĂ©on III il doit s’exiler Ă  Bruxelles pour fuir la rĂ©pression qui s’abat sur les rĂ©publicains 26 000 arrestations, 9 500 personnes dĂ©portĂ©es Ă  Cayenne et en AlgĂ©rie et 1 500 expulsions dont 66 dĂ©putĂ©s. Son fils Charles le rejoint dans son exil, Ă  sa sortie de prison, Ă  la fin janvier 1852. Mais aussi longtemps que Victor Hugo ne publie pas d'ouvrages, voire de pamphlets contre le rĂ©gime de NapolĂ©on III, sa femme AdĂšle et sa fille peuvent parfaitement demeurer Ă  Paris. Le Prince-PrĂ©sident laisse jouer Marion de Lorme Ă  la ComĂ©die française. Il assiste mĂȘme Ă  une reprĂ©sentation oĂč il applaudit ostensiblement. En prenant la dĂ©cision d'Ă©crire d'abord L'histoire d'un crime qu'il n'achĂšve pas alors puis NapolĂ©on-le-Petit dont le titre est plus qu'une provocation Victor Hugo fait de lui-mĂȘme un proscrit. Fin mai 1852, AdĂšle Hugo vient discuter Ă  Bruxelles des dispositions Ă  prendre. La famille Hugo dĂ©cide de vendre tout son mobilier, pour se rĂ©unir Ă  Jersey avant la parution, en aoĂ»t 1852, de NapolĂ©on-le-Petit. L'affiche de la vente fait un certain bruit dans Paris. Il y a foule lors de l'exposition du mobilier. Outre la bibliothĂšque, une collection de tableaux flamands et de dessins romantiques, on est frappĂ© par la profusion d’objets de toutes origines et destinĂ©s Ă  tous les usages, qui anticipent sur l’ameublement et les bricolages extravagants de Hauteville House Guernesey. Cette vente n’a pas eu lieu comme certains l’ont cru parce que Victor Hugo Ă©tait ruinĂ©. Elle a mis une derniĂšre touche au portrait de celui qui campe alors sa posture d’exilĂ©. C’est une manifestation publique de son refus de la situation politique, en mĂȘme temps que la prĂ©paration de l’exil de sa famille. Hugo choisit l’üle de Jersey, terre francophone et libĂ©rale, oĂč, entourĂ© de ses proches et de quelques autres proscrits, il continue de manifester son opposition au rĂ©gime en publiant Ă  Bruxelles le pamphlet NapolĂ©on le Petit 1852 puis des vers vengeurs » au titre explicite, Les ChĂątiments 1853. Photos de l’exil L’exil est vĂ©cu comme une injustice, un deuil traversĂ© de crises de dĂ©couragement. Pourtant, les longues annĂ©es hors de France s’avĂšrent propices Ă  la crĂ©ation. Le contact avec la nature sauvage et le spectacle de l’ocĂ©an inspirent Ă  Hugo une poĂ©sie engagĂ©e, Les ChĂątiments, puis apaisĂ©e, Les Contemplations 1856. D’emblĂ©e, Hugo projette d’assortir ses Ɠuvres de portraits afin d’entretenir sa lĂ©gende, Ă  un moment oĂč son existence bascule dans l’Histoire. A l’époque, la technique du daguerrĂ©otype[1] ne permet la reproduction que par le biais de la lithographie, procĂ©dĂ© jugĂ© lourd » par Hugo qui va lui prĂ©fĂ©rer la photographie naissante[2]. Il pressent les possibilitĂ©s artistiques de cette dĂ©couverte et fait installer un atelier dans sa maison de Jersey. InitiĂ© Ă  cette technique par le rĂ©publicain Edmond Bacot, Charles, le fils d’Hugo, devient le principal exĂ©cutant du projet paternel. C’est Hugo pĂšre qui met en scĂšne les photographies, choisit les sites et les poses. Son Ɠil averti compose, Ă  la maniĂšre d’un peintre, des vues qui apparaissent comme les illustrations des vers composĂ©s au mĂȘme moment. Victor Hugo sur la grĂšve d’Azette 1852-1853 Hugo tient d’abord Ă  se rappeler au souvenir des Français en tant que rĂ©sistant, fidĂšle dĂ©fenseurs des idĂ©aux rĂ©publicains de 1848 et rejetant toute compromission amnistiĂ© en 1859, il refusera de rentrer en France. À cette fin, il prend place sur la grĂšve d’Azette, comme encerclĂ© par la mer, les bras croisĂ©s et le regard fixĂ© sur l’horizon. L’assurance de la pose, la stabilitĂ© de la composition dont il apparaĂźt comme le pivot » subtilement dĂ©saxĂ©, renvoient Ă  la conclusion d’ Ultima Verba[3] » Et s’il n’en reste qu’un, je serai celui-lĂ  ! Victor Hugo sur le rocher des Proscrits 1853 Hugo se veut aussi visionnaire et dĂ©miurge. Dans cette photographie qu’il apprĂ©ciait particuliĂšrement, des diagonales mĂšnent le regard au-delĂ  du promontoire dont la silhouette du poĂšte constitue le sommet, dĂ©couvrant dans les deux tiers de l’image une Ă©tendue vaste, ouverte sur l’infini, oĂč alternent harmonieusement des bandes sombres et claires. ExaltĂ©e, la figure du poĂšte apparaĂźt, face Ă  l’univers, la seule capable d’entrer en communication avec la nature et avec Dieu, ce qu’évoquent les vers de Stella[4] » Et pendant qu’à longs plis l’ombre levait son voile, J’entendis une voix qui venait de l’étoile Et qui disait
 Le rĂŽle du poĂšte Les photographies de Jersey s’avĂšrent d’une grande force. À l’époque, aucun artiste, qu’il soit peintre ou photographe, ne rivalise avec Hugo dans l’art de se reprĂ©senter. La maĂźtrise des clairs-obscurs et l’expressivitĂ© des poses rompent avec les reprĂ©sentations traditionnelles, beaucoup plus acadĂ©miques. Hugo a su tirer parti du caractĂšre direct et de la force poĂ©tique de la photographie pour imposer son image du poĂšte en exil. FidĂšle Ă  la conception romantique, il en fait un prophĂšte des temps modernes, prĂȘt Ă  recevoir la rĂ©vĂ©lation, juchĂ© sur le rocher des Proscrits tel MoĂŻse sur le SinaĂŻ. Le poĂšte est Ă©galement celui qui Ă©claire les peuples par la parole, ici la poĂ©sie dont le lyrisme s’accorde avec celui des photographies. Ainsi Hugo a-t-il lui-mĂȘme et consciemment façonnĂ© son propre mythe. Dans les dĂ©cennies suivantes, illustrateurs et caricaturistes rĂ©utiliseront l’image de Hugo sur son piĂ©destal », vĂ©ritable statue vivante. Cette reprĂ©sentation est en phase avec les attentes de la sociĂ©tĂ© du XIXe siĂšcle, comme le montrent les funĂ©railles du poĂšte en 1885 et la place qu’il prendra dans l’école de la IIIe RĂ©publique. Paul BĂ©nichou, Le Temps des prophĂštes, Paris, Gallimard, 1977. Sophie GROSSIORD, Victor Hugo, et s’il n’en reste qu’un
 », Paris, Gallimard, coll. DĂ©couvertes », 1998. Victor HUGO, Les ChĂątiments, rééd. Paris, Hachette, HUGO, Le Journal d’AdĂšle Hugo, Paris, Lettres modernes, Minard, 1968-1984. AdĂšle HUGO, Victor Hugo racontĂ© par AdĂšle Hugo, Paris, Plon, 1985. Hubert JUIN, Victor Hugo, tome II 1844-1870 », Paris, Flammarion, 1992. Catalogue de l’exposition La Gloire de Victor Hugo Galeries nationales du Grand Palais, 1985-1986, Paris, RMN, 1985. Catalogue de l’exposition En collaboration avec le Hugo, photographies de l’exil, Paris, MusĂ©e d’Orsay – Maison de Victor Hugo, 1998. 1. DaguerrĂ©otype procĂ©dĂ© mis au point par Daguerre en 1838, consistant Ă  fixer l'image sur une plaque mĂ©tallique. Le daguerrĂ©otype permet l'obtention d'un positif direct mais unique. 2. Photographie procĂ©dĂ© mis au point par Fox-Talbot en 1839 et introduite officiellement en France en 1847. Elle permet l'impression de multiples Ă©preuves positives Ă  partir d'un seul nĂ©gatif sur papier ou sur verre. 3. Ultima Verba », Jersey, 2 dĂ©cembre 1853, est le poĂšme qui clĂŽt Les ChĂątiments. 4. Stella », Jersey, 31 aoĂ»t 1853, in Les ChĂątiments. StĂ©phanie CABANNE, Hugo en exil », Histoire par l'image [en ligne], consultĂ© le 20/08/2022. URL Albums liĂ©s DĂ©couvrez nos Ă©tudes HonorĂ© de Balzac 1799-1850 Lorsqu’en 1837 Louis Boulanger exposa au Salon le portrait de Balzac, l’écrivain Ă©tait dĂ©jĂ  reconnu, mĂȘme s’il n’avait pas, loin de lĂ , achevĂ© son
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Lamort d’un chien. Un groupe tout Ă  l’heure Ă©tait lĂ  sur la grĂšve, Regardant quelque chose Ă  terre. – Un chien qui crĂšve ! M’ont criĂ© des enfants ; voilĂ  tout ce que c’est. –. Et j’ai vu sous leurs pieds un vieux chien qui gisait. L’ocĂ©an lui jetait l’écume de ses lames.
Elle est fraĂźche, elle est rose, elle a de grands yeux, elle est belle ! On lui a mis une petite robe qui lui va bien. Je l’ai prise, je l’ai enlevĂ©e dans mes bras, je l’ai assise sur mes genoux, je l’ai baisĂ©e sur ses cheveux. Pourquoi pas avec sa mĂšre ? – Sa mĂšre est malade, sa grand mĂšre aussi. C’est bien. Elle me regardait d’un air Ă©tonnĂ© ; caressĂ©e, embrassĂ©e, dĂ©vorĂ©e de baisers et se laissant faire ; mais jetant de temps en temps un coup d’Ɠil inquiet sur sa bonne, qui pleurait dans le coin. Enfin j’ai pu parler. – Marie ! ai-je dit, ma petite Marie ! Je la serrais violemment contre ma poitrine enflĂ©e de sanglots. Elle a poussĂ© un petit cri. – Oh ! vous me faites du mal, monsieur m’a-t-elle dit. Monsieur ! il y a bientĂŽt un an qu’elle ne m’a vu, la pauvre enfant. Elle m’a oubliĂ©, visage, parole, accent ; et puis, qui me reconnaĂźtrait avec cette barbe, ces habits et cette pĂąleur ? Quoi ! dĂ©jĂ  effacĂ© de cette mĂ©moire, la seule oĂč j’eusse voulu vivre ! Quoi ! dĂ©jĂ  plus pĂšre ! ĂȘtre condamnĂ© Ă  ne plus entendre ce mot, ce mot de la langue des enfants, si doux qu’il ne peut rester dans celle des hommes papa ! Et pourtant l’entendre de cette bouche, encore une fois, une seule fois, voilĂ  tout ce que j’eusse demandĂ© pour les quarante ans de vie qu’on me prend. – Écoute, Marie, lui ai-je dit en joignant ses deux petites mains dans les miennes, est-ce que tu ne me connais point ? Elle m’a regardĂ© avec ses beaux yeux, et a rĂ©pondu – Ah bien non ! – Regarde bien, ai-je rĂ©pĂ©tĂ©. Comment, tu ne sais pas qui je suis ? – Si, a-t-elle dit. Un monsieur. HĂ©las ! n’aimer ardemment qu’un seul ĂȘtre au monde, l’aimer avec tout son amour, et l’avoir devant soi, qui vous voit et vous regarde, vous parle et vous rĂ©pond, et ne vous connaĂźt pas ! Ne vouloir de consolation que de lui, et qu’il soit le seul qui ne sache pas qu’il vous en faut parce que vous allez mourir ! – Marie, ai-je repris, as-tu un papa ? – Oui, monsieur, a dit l’enfant. – Eh bien, oĂč est-il ? Elle a levĂ© ses grands yeux Ă©tonnĂ©s. – Ah ! vous ne savez donc pas ? il est mort. Puis elle a criĂ© ; j’avais failli la laisser tomber. – Mort ! disais-je. Marie, sais-tu ce que c’est qu’ĂȘtre mort ? – Oui, monsieur, a-t-elle rĂ©pondu. Il est dans la terre et dans le ciel. Elle a continuĂ© d’elle-mĂȘme – Je prie le bon Dieu pour lui matin et soir sur les genoux de maman. Je l’ai baisĂ©e au front. – Marie, dis-moi ta priĂšre. – Je ne peux pas, monsieur. Une priĂšre, cela ne se dit pas dans le jour. Venez ce soir dans ma maison ; je la dirai. C’était assez de cela. Je l’ai interrompue. – Marie, c’est moi qui suis ton papa. – Ah ! m’a-t-elle dit. J’ai ajoutĂ© – Veux-tu que je sois ton papa ? L’enfant s’est dĂ©tournĂ©e. – Non, mon papa Ă©tait bien plus beau. Je l’ai couverte de baisers et de larmes. Elle a cherchĂ© Ă  se dĂ©gager de mes bras en criant – Vous me faites mal avec votre barbe. Alors, je l’ai replacĂ©e sur mes genoux, en la couvant des yeux, et puis je l’ai questionnĂ©e. – Marie, sais-tu lire ? – Oui, a-t-elle rĂ©pondu. Je sais bien lire. Maman me fait lire mes lettres. – Voyons, lis un peu, lui ai-je dit en lui montrant un papier qu’elle tenait chiffonnĂ© dans une de ses petites mains. Elle a hochĂ© sa jolie tĂȘte. – Ah bien ! je ne sais lire que des fables. – Essaie toujours. Voyons, lis. Elle a dĂ©ployĂ© le papier, et s’est mise Ă  Ă©peler avec son doigt – A, R, ar, R, E, T, rĂȘt, ARRÊT... Je lui ai arrachĂ© cela des mains. C’est ma sentence de mort qu’elle me lisait. Sa bonne avait eu le papier pour un sou. Il me coĂ»tait plus cher, Ă  moi. Il n’y a pas de paroles pour ce que j’éprouvais. Ma violence l’avait effrayĂ©e ; elle pleurait presque. Tout Ă  coup elle m’a dit – Rendez-moi donc mon papier, tiens ! c’est pour jouer. Je l’ai remise Ă  sa bonne. – Emportez-la. Et je suis retombĂ© sur ma chaise, sombre, dĂ©sert, dĂ©sespĂ©rĂ©. À prĂ©sent ils devraient venir ; je ne tiens plus Ă  rien ; la derniĂšre fibre de mon cƓur est brisĂ©e. Je suis bon pour ce qu’ils vont faire. Le dernier jour d'un condamnĂ©, Victor Hugo, 1829, Chapitre XLIII Les meilleurs professeurs de Français disponibles4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 111 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 111 avis 1er cours offert !C'est parti On rappellera ici la mĂ©thode du commentaire composĂ© vu en cours francais Partie du commentaireVisĂ©eInformations indispensablesÉcueils Ă  Ă©viter Introduction- PrĂ©senter et situer le texte dans le roman - PrĂ©senter le projet de lecture = annonce de la problĂ©matique - PrĂ©senter le plan gĂ©nĂ©ralement, deux axes- Renseignements brefs sur l'auteur - Localisation du passage dans l'Ɠuvre dĂ©but ? Milieu ? Fin ? - ProblĂ©matique En quoi
 ? Dans quelle mesure
 ? - Les axes de rĂ©flexions- Ne pas problĂ©matiser - Utiliser des formules trop lourdes pour la prĂ©sentation de l'auteur DĂ©veloppement - Expliquer le texte le plus exhaustivement possible - Argumenter pour justifier ses interprĂ©tations le commentaire composĂ© est un texte argumentatif- Etude de la forme champs lexicaux, figures de styles, etc. - Etude du fond ne jamais perdre de vue le fond - Les transitions entre chaque idĂ©e/partie- Construire le plan sur l'opposition fond/forme chacune des parties doit impĂ©rativement contenir des deux - Suivre le dĂ©roulement du texte, raconter l'histoire, paraphraser - Ne pas commenter les citations utilisĂ©es Conclusion- Dresser le bilan - Exprimer clairement ses conclusions - Elargir ses rĂ©flexions par une ouverture lien avec une autre Ɠuvre ? ÉvĂ©nement historique ? etc.- Les conclusions de l'argumentation- RĂ©pĂ©ter simplement ce qui a prĂ©cĂ©dĂ© Ici, nous dĂ©taillerons par l'italique les diffĂ©rents moments du dĂ©veloppement, mais ils ne sont normalement pas Ă  signaler. De mĂȘme, il ne doit normalement pas figurer de tableaux dans votre commentaire composĂ©. Les listes Ă  puces sont Ă©galement Ă  Ă©viter, tout spĂ©cialement pour l'annonce du plan. En outre, votre commentaire ne doit pas ĂȘtre aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'ĂȘtre exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'Ă©crire autant ! Introduction Victor Hugo est un auteur français du XIXĂšme siĂšcle. Il est tout Ă  la fois connu pour ses oeuvres poĂ©tiques, théùtrales et romanesques. Mais il Ă©tait aussi un grand dĂ©fenseur des droits, engagĂ© politiquement pour les plus pauvres et pour les injustices, Ă  travers ses oeuvres autant que son action politique. Le dernier jour d'un condamnĂ©, publiĂ© en 1829, fait partie de ces oeuvres engagĂ©es-lĂ . Il y fait parler un condamnĂ© Ă  mort, quelques semaines avant son passage Ă  l'Ă©chafaud. Le lecteur lit ses pensĂ©es tandis que la date de son exĂ©cution approche, sans qu'on sache qui il est rĂ©ellement et ce qu'il a fait pour subir un tel sort. Il s'agit, de fait, d'un rĂ©quisitoire contre la peine de mort. Le passage qui nous occupe ici relate la rencontre du condamnĂ© avec sa fille, un an aprĂšs leur derniĂšre entrevue. Surtout, c'est la derniĂšre fois qu'il la verra avant l'exĂ©cution de sa peine. Annonce de la problĂ©matique Comment Victor Hugo se sert-il de cette scĂšne pour affirmer l'inhumanitĂ© de la peine Ă  mort ? Annonce des axes Nous verrons dans un premier temps le dĂ©calage qui existe entre le pĂšre et sa fille. Dans un second temps, nous analyserons la maniĂšre dont Victor Hugo en appelle Ă  la sensibilitĂ© du lecteur. Perdu dans ses pensĂ©es, Victor Hugo a, pour sa part, toujours Ă©tait un homme libre. Si libre que sa pensĂ©e lui a valu un exil mais pour l'auteur romantique, l'esprit et la crĂ©ation sont plus forts que tout. DĂ©veloppement Le dĂ©calage entre le pĂšre et la fille La premiĂšre maniĂšre pour Hugo d'Ă©tablir un malaise dans cette scĂšne, c'est le dĂ©calage qu'il fait ressentir entre, d'une part, l'Ă©lan affectif du pĂšre et, d'autre part, la mĂ©fiance effrayĂ©e de la fille. Un pĂšre joyeux trĂšs vite déçu Le chapitre commence d'une maniĂšre trĂšs lyrique, avec une accumulation de termes mĂ©lioratifs, se terminant par un point d'exclamation Elle est fraĂźche, elle est rose, elle a de grands yeux, elle est belle ! ». Cela traduit la joie du pĂšre qui revoie sa fille aprĂšs un an de sĂ©paration. L'impatience est Ă©galement traduite par l'adverbe Enfin ». D'autres marqueurs tĂ©moignent de sa position, d'abord absolument joyeuse. Il qualifie sa fille de maniĂšre trĂšs positive fraĂźche », rose », belle », ma petite Marie », ses beaux yeux », jolie tĂȘte ». En outre, il est mu par des Ă©lans physiques emplis de douceur et de paternitĂ©, comme le montre le champ lexical associĂ© Ă  ses actes caressĂ©e », embrassĂ©e », dĂ©vorĂ©e de baisers », serrais », baisĂ©e », replacĂ©e sur mes genoux », couvant ». En dernier lieu, la proximitĂ© qu'il se sent en droit d'avoir avec elle - comme un pĂšre avec sa fille - est manifestĂ©e de diffĂ©rentes maniĂšres le tutoiement l'utilisation des pronoms possessifs ma », ses », etc. l'utilisation des pronoms dĂ©monstratifs qui donne cette », etc. Mais, devant l'attitude de sa fille, sa dĂ©ception va crescendo. Ainsi, il s'aperçoit que sa fille ne le reconnait pas dĂ©jĂ  effacĂ© de cette mĂ©moire » ou dĂ©jĂ  plus pĂšre », avec l'anaphore sur le mot dĂ©jĂ  » qui insiste sur son dĂ©sespoir. Ainsi, la joie d'abord Ă©prouvĂ©e se transforme en cauchemar et se termine par la volontĂ© de la fuir emportez-la ». Berthe Morisot, EugĂšne Manet et sa fille au jardin, 1883 Car on peut analyser l'attitude de Marie, en tous points opposĂ©e Ă  celle de son pĂšre, Ă  travers le mĂȘme dĂ©roulement. Une fille apeurĂ©e Ainsi, tandis qu'il voit sa fille d'une maniĂšre positive, elle le perçoit d'une maniĂšre nĂ©gative du mal », non, mon papa Ă©tait bien plus beau », etc. Elle reçoit Ă©galement trĂšs mal les Ă©lans physiques et affectifs de son pĂšre coup d’Ɠil inquiet » ; cri », criĂ© », se dĂ©gager », criant », effrayĂ©e », pleurait ». En dernier lieu, sa distance contraste avec la proximitĂ© manifestĂ©e par le condamnĂ©, Ă  travers les mĂȘmes marqueurs elle le vouvoie elle le rejette se dĂ©gager de mes bras » Enfin, il y a un crescendo dans sa peur elle est d'abord seulement inquiĂšte coup d'oeil inquiet », puis elle souffre physiquement Vous me faites du mal » et, finalement, elle pleure presque ». Ce dĂ©calage parfait entre les deux perceptions est aussi terrible en raison de la relation que devrait normalement entretenir un pĂšre et sa fille. L'amour filial est celui auquel tout le monde se destine, puisque l'Homme peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme fait pour se reproduire et Ă©lever son enfant. Or, ici, le condamnĂ© Ă  mort est privĂ© de ce droit. C'est un argument qu'utilise Hugo pour prouver le caractĂšre inhumain de la situation de quel droit priver une fille de son pĂšre, et inversement ? L'appel Ă  la sensibilitĂ© du lecteur Hugo, dans cet extrait, manie le registre pathĂ©tique Ă  la perfection pour sensibiliser le lecteur Ă  cette situation qu'il estime inhumaine. Pour rappel, le registre pathĂ©tique vise Ă  susciter l'Ă©motion du lecteur. Il fonctionne avec le champ lexical de la pitiĂ© ou de la souffrance et des figures de style telles que l'hyperbole ou l'anaphore. Émile Munier, 1882, Petite fille & chat L'adresse directe au lecteur Il est deux passages oĂč Hugo s'adresse pratiquement explicitement au lecteur. Il convient de les analyser. HĂ©las ! n’aimer ardemment qu’un seul ĂȘtre au monde, l’aimer avec tout son amour, et l’avoir devant soi, qui vous voit et vous regarde, vous parle et vous rĂ©pond, et ne vous connaĂźt pas ! Ne vouloir de consolation que de lui, et qu’il soit le seul qui ne sache pas qu’il vous en faut parce que vous allez mourir ! L'utilisation du pronom personnel vous » est ainsi ambiguĂ«. Elle se rapporte d'abord Ă  lui-mĂȘme, dans un Ă©lan lyrique et pathĂ©tique oĂč le locuteur = celui qui parle s'adresse Ă  lui-mĂȘme. Mais, Ă©videmment, c'est aussi le pronom personnel qui s'adresse Ă  l'autre, et, ainsi, au lecteur. C'est la deuxiĂšme personne du pluriel ; en cela, elle revĂȘt un sens collectif. Ici, le collectif, c'est l'humanitĂ© tout entiĂšre. On se rappellera les paroles de Dieu, dans La GenĂšse FĂ©condez et multipliez-vous », pour affirmer que se reproduire est l'un des marqueurs de notre humanitĂ©. Ainsi, Hugo, par l'intermĂ©diaire de son personnage, en appelle Ă  tous les pĂšres et tous les mĂšres pour tĂ©moigner du caractĂšre inhumain d'une telle situation. C'est le sens du il », alors que Marie est un elle » il s'adresse Ă  tous les parents de la Terre, au sujet de tous les enfants de la Terre. Pour un parent, seul l'enfant compte ; d'oĂč la douleur de ne pas se voir reconnu par lui. L'expression pathĂ©tique du sentiment Une autre caractĂ©ristique du registre pathĂ©tique est l'expression du sentiment. Il y a un passage qui correspond absolument Ă  cette dĂ©finition Monsieur ! il y a bientĂŽt un an qu’elle ne m’a vu, la pauvre enfant. Elle m’a oubliĂ©, visage, parole, accent ; et puis, qui me reconnaĂźtrait avec cette barbe, ces habits et cette pĂąleur ? Quoi ! dĂ©jĂ  effacĂ© de cette mĂ©moire, la seule oĂč j’eusse voulu vivre ! Quoi ! dĂ©jĂ  plus pĂšre ! ĂȘtre condamnĂ© Ă  ne plus entendre ce mot, ce mot de la langue des enfants, si doux qu’il ne peut rester dans celle des hommes papa ! Je l’ai couverte de baisers et de larmes. Le Monsieur » qui introduit la lamentation reprend certes la parole de l'enfant, mais, pris indĂ©pendamment, on pourrait Ă©galement y voir une adresse directe au Monsieur » qui lit. Par ailleurs, la prĂ©sence des points d'exclamation signifie bien le caractĂšre expressif du passage on en trouve six !. Le tout se termine dans un Ă©lan ambigu et paradoxal, qui tĂ©moigne de toute la souffrance de sa situation il l'embrasse - signe de son amour absolu - et pleure - signe de son dĂ©sespoir tout aussi absolu. En dernier lieu, il est une formule intĂ©ressante Ă  relever dans ce contexte ĂȘtre condamnĂ© », qui fait Ă©videmment Ă©cho Ă  la situation du forçat, condamnĂ© Ă  mourir. Dans une tragique ironie, le pĂšre souffre plus de la condamnation Ă  ne plus jamais ĂȘtre appelĂ© ainsi qu'Ă  mourir. EugĂšne Delacroix, Le Prisonnier de Chillon, 1834 La condamnation par la fille Car le narrateur, aprĂšs avoir Ă©tĂ© mis Ă  mort par les juges, est mis Ă  mort par sa fille - celle-lĂ  mĂȘme qui fondait son plaisir Ă  vivre et qui l'affirmait comme faisant partie du domaine de la vie, puisqu'ayant contribuĂ© Ă  la perpĂ©tuer. Ainsi, elle lui dit Il est mort » ou encore il est dans la terre et dans le ciel ». On peut voir ce mĂȘme sens dans la lecture qu'elle fait de son arrĂȘt de mort. Aussi, puisque sa fille le renie, il n'a plus rien Ă  faire sur Terre. A partir du moment oĂč le narrateur se trouve niĂ© dans sa paternitĂ©, la rupture de son dernier lien avec les vivants est consommĂ©, il peut abandonner l'existence. Comme il le dit, empli de dĂ©sespoir Et je suis retombĂ© sur ma chaise, sombre, dĂ©sert, dĂ©sespĂ©rĂ©. » La derniĂšre fibre de mon cƓur est brisĂ© ». Conclusion Victor Hugo expose, par cette derniĂšre rencontre entre un pĂšre et sa fille, toute l'inhumanitĂ© contenue dans la condamnation Ă  mort de quelqu'un. Celui-ci est dĂ©jĂ  privĂ© de son existence avant que la peine soit exĂ©cutĂ©. L'auteur choisit une situation pathĂ©tique = qui suscite la pitiĂ© et en tire des conclusions humanistes sur la condition du prisonnier. C'est prendre trop de pouvoir sur la vie que de priver l'homme de l'existence, au sein mĂȘme de celle-ci.
Mortde son frĂšre EugĂšne. Publication des Voix intĂ©rieures. Victor Hugo se rapproche de la famille royale d'OrlĂ©ans et est fait Officier de la LĂ©gion d'Honneur. 1838: PremiĂšre de Ruy Blas que Victor Hugo a Ă©crit pour l'inauguration du Théùtre de la Renaissance. LassĂ© des querelles du ThĂȘatre-Français, il espĂšre bien faire du

Restauration Waterloo, signĂ© NapolĂ©on, Hugo ou Cambronne ? C’est une vraie question, citations Ă  l’appui ! C’est en tout cas le dernier combat de l’empereur et la bataille la plus commentĂ©e au monde - avant ou aprĂšs la victoire d’Austerlitz ? Les commentaires sont allĂ©gĂ©s, les coupes signalĂ©es 
 Retrouvez l’intĂ©gralitĂ© dans nos Chroniques de l’Histoire en citations. DerriĂšre un mamelon, la garde Ă©tait massĂ©e. La garde, espoir suprĂȘme, et suprĂȘme pensĂ©e [
] Tranquille, souriant Ă  la mitraille anglaise, La garde impĂ©riale entra dans la fournaise. »1943 1802-1885, Les ChĂątiments, L’Expiation 1853 NapolĂ©on engage contre l’anglais Wellington la Vieille Garde l’élite, Ă  cĂŽtĂ© de la Jeune et de la Moyenne Garde 
 La Garde, dĂ©cimĂ©e, recule en ordre 
 L’armĂ©e napolĂ©onienne se dĂ©bande, pour la premiĂšre fois. Seule la partie de la garde commandĂ©e par Cambronne tient encore les lignes. Un gĂ©nĂ©ral anglais leur cria Braves Français, rendez-vous ! Cambronne rĂ©pondit Merde ! [
] Foudroyer d’un tel mot le tonnerre qui vous tue, c’est vaincre. »1944 Victor HUGO 1802-1885, Les MisĂ©rables 1862 Le mot de Cambronne » est passĂ© Ă  la postĂ©ritĂ© anecdote rapportĂ©e par Hugo dans son roman 
 Cambronne, engagĂ© parmi les volontaires de 1792, participe aux campagnes de la RĂ©volution et de l’Empire. Major gĂ©nĂ©ral de la garde impĂ©riale, il suit NapolĂ©on Ă  l’üle d’Elbe, revient avec lui en 1815, est fait comte et pair de France sous les Cent-Jours et s’illustre Ă  Waterloo, dans ce dernier carrĂ© » de la Vieille Garde 
 La garde meurt et ne se rend pas. »1945 GĂ©nĂ©ral CAMBRONNE 1770-1842, paroles gravĂ©es sur le socle en granit de sa statue Ă  Nantes sa ville natale 
 Il n’est cependant pas sĂ»r que cette phrase ait Ă©tĂ© prononcĂ©e Ă  Waterloo, Cambronne l’a dĂ©menti Je n’ai pas pu dire la Garde meurt et ne se rend pas’, puisque je ne suis pas mort et que je me suis rendu. » 
 Le Merde » est sans doute plus authentique, dans le feu de l’action, mĂȘme si le gĂ©nĂ©ral en refusa Ă©galement la paternitĂ©. Garde. – La garde meurt et ne se rend pas ! Huit mots pour remplacer cinq lettres. »1946 Gustave FLAUBERT 1821-1880, Dictionnaire des idĂ©es reçues posthume, 1913 La plus grande dĂ©faite de NapolĂ©on fera sa gloire L’homme qui a gagnĂ© la bataille de Waterloo, c’est Cambronne », dit Victor Hugo. Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine !Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,La pĂąle mort mĂȘlait les sombres bataillons. »1947 Victor HUGO 1802-1885, Les ChĂątiments, L’Expiation 1853 NapolĂ©on est contraint d’ordonner la retraite perte de 45 000 hommes dont 30 000 Français. Waterloo est la bataille la plus commentĂ©e au monde, entre mythe, lĂ©gende et rĂ©alitĂ©. La bataille de Waterloo a Ă©tĂ© gagnĂ©e sur les terrains de jeu d’Eton. »1948 Duc de WELLINGTON 1769-1852. Revue politique et littĂ©raire revue bleue 1932 Principal artisan de la victoire anglaise de Waterloo, assistant Ă  un match de cricket Ă  Eton, il tĂ©moigne de la foi toute patriotique en ce sport national – mĂȘme s’il n’est pas personnellement un grand sportif 
 Depuis la tragique guerre d’Espagne, il a multipliĂ© les victoires contre les armĂ©es napolĂ©oniennes, jusqu’à ce dernier acte du 18 juin 1815. Waterloo n’est point une bataille c’est le changement de front de l’univers. »1949 Victor HUGO 1802-1885, Les MisĂ©rables 1862 Dans ce roman en dix volumes, Hugo brosse une vaste fresque historique, sociale, humaine. Et Waterloo demeure Ă  jamais l’un des moments clĂ©s de l’histoire de la France.

CependantVictor Hugo, pressé de mettre à la scÚne une oeuvre qui pût donner à la nouvelle école la consécration du théùtre, crut trouver dans Marion Delorme un sujet favorable à l'exposition de ses théories : la courtisane, c'était le mal ; le noble aventurier, Didier, c'était le bien; le bien tendait la main au mal, et la courtisane se trouvait relevée par l'aventurier
Voici 3 textes de Victor Hugo dĂ©crivant des exĂ©cutions capitales au XIX° siĂšcle Son combat contre la peine de mort fut permanent. Il Ă©crivit » le dernier jour d’un condamnĂ© » dĂšs 1832 et utilisa tout son talent de poĂšte, de romancier et d’orateur pour peser de tout son poids pour l’abolition de tous les gibets. Il ne refusa jamais de prĂȘter son nom pour aider Ă  un recours en grĂące. Dans ces trois textes, il n’hĂ©site pas Ă  théùtraliser l’exĂ©cution, Ă  faire ressortir les dĂ©tails les plus terribles pour arriver Ă  son effet. C’est magistral. Thierry Poinot Victor Hugo contre la peine de mort Le dernier jour d’un condamnĂ©, prĂ©face de 1832, extrait Il faut citer ici deux ou trois exemples de ce que certaines exĂ©cutions ont eu d’épouvantable et d’impie. Il faut donner mal aux nerfs aux femmes des procureurs du roi. Une femme c’est quelque fois une conscience. Dans le midi, vers la fin du mois de novembre dernier, nous n’avons pas bien prĂ©sent Ă  l’esprit le lieu, le jour, ni le nom du condamnĂ©, mais nous les retrouverons si l’on conteste les faits, et nous croyons que c’est Ă  Pamiers ; vers la fin de septembre donc, on vient trouver un homme dans sa prison, oĂč il jouait tranquillement aux cartes on lui signifie qu’il faut mourir dans deux heures, ce qui le fait trembler de tous ses membres, car, depuis six mois qu’on l’oubliait, il ne comptait plus sur la mort ; on le rase, on le tond, on le garrotte, on le confesse; puis on le brouette entre 4 gendarmes, et Ă  travers la foule, au lieu de l’exĂ©cution. Jusqu’ici rien que de simple. C’est comme cela que cela se fait. ArrivĂ© Ă  l’échafaud, le bourreau le prend au prĂȘtre, l’emporte, le ficelle sur la bascule, l’enfourne, je me sers ici d’argot, puis il lĂąche le couperet. Le lourd triangle de fer se dĂ©tache avec peine, tombe en cahotant dans ses rainures, et, voici l’horrible qui commence, entame l’homme sans le tuer. L’homme pousse un cri affreux. Le bourreau, dĂ©concertĂ©, relĂšve le couperet et le laisse retomber. Le couperet mord le cou du patient une seconde fois, mais ne le tranche pas. Le patient hurle, la foule aussi. Le bourreau rehisse encore le couperet, espĂ©rant mieux du troisiĂšme coup. Point. Le troisiĂšme coup fait jaillir un troisiĂšme ruisseau de sang de la nuque du condamnĂ©, mais ne fait pas tomber la tĂȘte. AbrĂ©geons. Le couteau remonta et retomba cinq fois , cinq fois il entama le condamnĂ©, cinq fois le condamnĂ© hurla sous le coup et secoua sa tĂȘte vivante en criant grĂące ! Le peuple indignĂ© prit des pierres et dans sa justice se mit Ă  lapider le misĂ©rable bourreau. Le bourreau s’enfuit sous la guillotine et s’y tapit derriĂšre les chevaux des gendarmes. Mais vous n’ĂȘtes pas au bout. Le suppliciĂ© se voyant seul sur l’échafaud, s’était redressĂ© sur la planche, et lĂ , debout, effroyable, ruisselant de sang, soutenant sa tĂȘte Ă  demi coupĂ©e qui pendait sur son Ă©paule, il demandait avec de faibles cris qu on vint le dĂ©tacher. La foule, pleine de pitiĂ©, Ă©tait sur le point de forcer les gendarmes et de venir Ă  l’aide du malheureux qui avait subit cinq fois son arrĂȘt de mort. C’est en ce moment lĂ  qu’un valet du bourreau, jeune home de vingt ans, monte sur l’échafaud, dit au patient de se retourner pour qu’il le dĂ©lie, et, profitant de la posture du mourant qui se livrait Ă  lui sans dĂ©fiance, saute sur son dos et se met Ă  lui couper pĂ©niblement ce qui lui restait de cou avec je ne sais quel couteau de boucher. Cela s’est fait. Cela s’est vu. Oui. Aux termes de la loi, un juge a dĂ» assister Ă  cette exĂ©cution. D’un signe il pouvait tout arrĂȘter. Que faisait-il donc de sa voiture, cet homme pendant qu’on massacrait un homme ? Que faisait-il ce punisseur d’assassins, pendant qu’on assassinait en plein jour, sous ses yeux, sous le souffle de ses chevaux, sous la vitre de sa portiĂšre ? A Dijon, il y a trois mois, on a menĂ© au supplice une femme. Une femme ! Cette fois encore, le couteau du docteur Guillotin a mal fait son service. La tĂȘte n’a pas Ă©tĂ© tout Ă  fait coupĂ©e. Alors les valets de l’exĂ©cuteur se sont attelĂ©s aux pieds de la femme, et Ă  travers les hurlements, de la malheureuse, et Ă  force de tiraillements et de soubresauts, ils lui ont arrachĂ© la tĂȘte par arrachement. A Paris, nous revenons au temps des exĂ©cutions secrĂštes. Comme on n’ose plus dĂ©capiter en grĂšve [ la place de GrĂšve Ă©tait la place des exĂ©cutions capitales] depuis juillet [1830], comme on a peur, comme on est un lĂąche, voici ce qu’on fait. On a pris derniĂšrement Ă  BicĂȘtre un homme, un condamnĂ© Ă  mort, un nommĂ© DĂ©sandrieux je crois ; on l’a mis dans une espĂšce de panier traĂźnĂ© sur deux roues, clos de toutes parts, cadenassĂ© et verrouillĂ© ; puis, un gendarme en tĂȘte, un gendarme en queue, Ă  petit bruit et sans foule, on a Ă©tĂ© dĂ©poser le paquet Ă  la barriĂšre dĂ©serte de Sait Jacques [ Cela marque la sortie de Paris]. ArrivĂ©s lĂ , il Ă©tait huit heures du matin, Ă  peine jour, il y avait une guillotine toute fraĂźche dressĂ©e et pour public quelques douzaines de petits garçons groupĂ©s sur des tas de pierres voisins autour de la machine inattendue ; on a tirĂ© l’homme du panier, et, sans lui donner le temps de respirer, furtivement, sournoisement, honteusement, on lui a escamotĂ© la tĂȘte. Cela s’appelle un acte public et solennel de haute justice. InfĂąme dĂ©rision ! Le 11 juin 1851, Victor Hugo dĂ©fend son fils Charles accusĂ© de manquement grave au respect de la Loi » devant le tribunal. Il avait relatĂ© une exĂ©cution capitale particuliĂšrement atroce. Quoi ? Quoi ? Un homme, un homme, un condamnĂ©, un misĂ©rable homme est traĂźnĂ©, un matin, sur une de nos places publiques ; lĂ  il trouve l’échafaud ; il se rĂ©volte, il se dĂ©bat, il refuse de mourir. Il est tout jeune encore, il a vingt-neuf ans Ă  peine. Mon Dieu ! On va ma dire c’est un assassin ! Mais Ă©coutez deux exĂ©cuteurs le saisissent, il a les mains liĂ©es, les pieds liĂ©s, il repousse les deux exĂ©cuteurs. Une lutte affreuse s’engage. Le condamnĂ© embarrasse ses pieds garrottĂ©s dans l’échelle patibulaire, il se sert de l’échafaud contre l’échafaud. La lutte se prolonge, l’horreur parcourt la foule. Les exĂ©cuteurs, la sueur et la honte au front, pĂąles, haletants, terrifiĂ©s, dĂ©sespĂ©rĂ©s – de je ne sais quel horrible dĂ©sespoir-, courbĂ©s sous cette rĂ©probation publique qui devrait se borner Ă  condamner la peine de mort et qui a tort d’écraser l’instrument passif, le bourreau, les exĂ©cuteurs font des efforts sauvages. Il faut que la force reste Ă  la Loi, c’est la maxime. L’homme se cramponne Ă  l’échafaud et demande grĂące, ses vĂȘtements sont arrachĂ©s, ses Ă©paules nues sont en sang. Il rĂ©siste toujoursĆ  Enfin, aprĂšs trois quarts d’heure, oui, trois quart d’heureĆ  ici l’avocat gĂ©nĂ©ral fait un signe de dĂ©nĂ©gation On nous chicane sur les minutes, disons trente cinq minutes de cet effort monstrueux, de ce spectacle sans nom, de cette agonie, agonie pour tout le monde, entendez-vous bien ! agonie pour le peuple qui est lĂ  autant que pour le condamnĂ©, aprĂšs ce siĂšcle d’angoisse, Messieurs les jurĂ©s, on ramĂšne le misĂ©rable Ă  la prison. Le peuple respire. Le peuple croit l’homme Ă©pargnĂ©. Point ! Et le soir, on prend un renfort de bourreaux, on garrotte l’homme de telle sorte qu’il ne soit plus qu’une chose inerte, et Ă  la nuit tombĂ©e on le rapporte sur la place publique, pleurant, hurlant, hagard, tout ensanglantĂ©, appelant la vie, appelant Dieu, appelant son pĂšre et sa mĂšre, car devant la mort cet homme Ă©tait redevenu un enfantĆ  On le hisse sur l’échafaud et sa tĂȘte tombe ! Jamais le meurtre lĂ©gal n’est apparu avec plus de cynisme et d’abomination. » CitĂ© par J-F Kahn dans L’Extraordinaire MĂ©tamorphose ou cinq ans de la vie de Victor Hugo 1847-1851 » ed. Le Seuil. Il s’agit d’une lettre envoyĂ©e par Victor Hugo au ministre de l’intĂ©rieur anglais Lord Palmerston le lendemain de l’exĂ©cution de Tapner. Tapner Ă©tait un assassin qui fut pendu Ă  Guernesey, Ăźle anglaise sur laquelle Victor Hugo Ă©tait en exil. DĂšs le point du jour une multitude immense fourmillait aux abords de la geĂŽle. Un jardin Ă©tait attenant Ă  la prison. On y avait dressĂ© l’échafaud. Une brĂšche avait Ă©tĂ© faite au mur pour que le condamnĂ© passĂąt. A huit heures du matin, la foule encombrant les rues voisines, deux cents spectateurs privilĂ©giĂ©s » Ă©tant dans le jardin, l’homme a paru Ă  la brĂšche. Il avait le front haut et le pas ferme ; il Ă©tait pĂąle ; le cercle rouge de l’insomnie entourait ses yeux. Le mois qui venait de s’écouler venait de le vieillir de vingt annĂ©es. Cet homme de trente ans en paraissait cinquante. Un bonnet de coton blanc profondĂ©ment enfoncĂ© sur la tĂȘte et relevĂ© sur le front, – dit un tĂ©moin oculaire, – vĂȘtu de la redingote brune qu il portait aux dĂ©bats, et chaussĂ© de vieilles pantoufles », il a fait le tour d’une partie du jardin dans une allĂ©e exprĂšs. Les bordiers, le shĂ©rif, le lieutenant-shĂ©rif, le procureur de la reine, le greffier et le sergent de la reine l’entouraient. Il avait les mains liĂ©es ; mal, comme vous allez voir. Pourtant, selon l’usage anglais, pendant que les mains Ă©taient croisĂ©es par les liens sur la poitrine, une corde rattachait les coudes derriĂšre le dos. Il marchait l’©il fixĂ© sur le gibet. Tout en marchant il disait Ă  voix haute Ah mes pauvres enfants ! A cĂŽtĂ© de lui, le chapelain Bouwerie, qui avait refusĂ© de signer la demande en grĂące, pleurait. L’allĂ©e sablĂ©e menait Ă  l’échelle. Le nŠud pendait. Tapner a montĂ©. Le bourreau d’en bas tremblait ; les bourreaux d’en bas sont quelquefois Ă©mus. Tapner s’est mis lui-mĂȘme sous le nŠud coulant et y a passĂ© son cou, et, comme il avait les mains peu attachĂ©es, voyant que le bourreau, tout Ă©garĂ©, s’y prenait mal, il l’a aidĂ©. Puis, comme s’il pressentait ce qui allait suivre, » – dit le mĂȘme tĂ©moin, – il a dit Liez-moi donc mieux les C’est inutile, a rĂ©pondu le bourreau. » Tapner Ă©tant ainsi debout dans le nŠud coulant, les pieds sur la trappe, le bourreau a rabattu le bonnet sur son visage, et l’on a plus vu de cette face pĂąle qu’une bouche qui priait. La trappe, prĂȘte Ă  s’ouvrir sous lui, avait environ deux pieds carrĂ©s. AprĂšs quelques secondes, le temps de se retourner, l’homme des hautes Šuvres » a pressĂ© le ressort de la trappe. Un trou s’est fait sous le condamnĂ©, il y est tombĂ© brusquement, la corde s’est tendue, le corps a tournĂ©, on a cru l’homme mort. On pensa, dit le tĂ©moin, que Tapner avait Ă©tĂ© tuĂ© raide par la rupture de la moelle Ă©piniĂšre. » Il Ă©tait tombĂ© de quatre pieds de haut [1,2 mĂštre], et de tout son poids, et c’était un homme de haute taille ; et le tĂ©moin ajoute Ce soulagement des cŠurs oppressĂ©s ne dura pas deux minutes. » Tout Ă  coup, l’homme, pas encore cadavre et dĂ©jĂ  spectre, a remuĂ© ; les jambes se sont Ă©levĂ©es et abaissĂ©es l’une aprĂšs l’autre comme si elles essayaient de monter des marches dans le vide, ce qu’on entrevoyait de la face est devenu horrible, les mains, presque dĂ©liĂ©es, s’éloignaient et se rapprochaient comme pour demander assistance, » dit le tĂ©moin. Le lien des coudes s’était rompu Ă  la secousse de la chute. Dans ces convulsions, la corde s’est mise Ă  osciller, les coudes du misĂ©rable ont heurtĂ© le bord de la trappe, les mains s’y sont cramponnĂ©es, le genou droit s’y est appuyĂ©, le corps s’est soulevĂ©, et le pendu s’est penchĂ© sur la foule. Il est retombĂ©, puis a recommencĂ©. Deux fois, dit le tĂ©moin. La seconde fois il s’est dressĂ© Ă  un pied de hauteur ; la corde a Ă©tĂ© Ă  un moment lĂąche. Puis il a relevĂ© son bonnet et la foule a vu ce visage. Cela durait trop, Ă  ce qu’il paraĂźt. Il a fallu finir. Le bourreau, qui Ă©tait descendu, est remontĂ©, et a fait, je cite toujours le tĂ©moin oculaire, lĂącher prise au patient. » La corde avait dĂ©viĂ© ; elle Ă©tait sous le menton ; le bourreau l’a remise sous l’oreille aprĂšs quoi il a pressĂ© les Ă©paules. » Le bourreau et le spectre ont luttĂ© un moment ; le bourreau a vaincu. Puis cet infortunĂ©, condamnĂ© lui-mĂȘme, s’est prĂ©cipitĂ© dans le trou oĂč pendait Tapner, lui a Ă©treint les deux genoux et s’est suspendu Ă  ses pieds. La corde s’est balancĂ©e Ă  un moment, portant le patient et le bourreau, le crime et la loi. Enfin, le bourreau a lui-mĂȘme lĂąchĂ© prise. » C’était fait. L’homme Ă©tait mort. Vous le voyez, monsieur, les choses se sont bien passĂ©es. Cela a Ă©tĂ© complet. Si c’est un cri d’horreur qu on a voulu, on l’a. La ville Ă©tant bĂątie en amphithéùtre, on voyait cela de toutes les fenĂȘtres. Les regards plongeaient dans le jardin. » In Actes et paroles. II, 1875 . Affaire Tapner 1834. A Lord Palmerston » extrait. Y Victor Hugo dĂ©fense de la culture
VictorHugo, qui avait six ans, reçut avec ses frĂšres des leçons d'un ancien prĂȘtre mariĂ©, LariviĂšre, excellent latiniste, qui lui apprit Ă  aimer Virgile. L'enfant eut Ă©galement Ă  cette Ă©poque pour maĂźtre bĂ©nĂ©vole, le gĂ©nĂ©ral Lahorie, alors proscrit et que Mme Hugo accueillit pendant quelque temps aux Feuillantines. Il continua ainsi des Ă©tudes peu suivies jusqu'en
Victor Hugo, un gĂ©ant au cƓur romantique 003806 Au milieu du XIXe siĂšcle, Victor Hugo est au sommet de sa gloire. Il est loin d’imaginer que les vents mauvais de la tragĂ©die, qui frappent ses personnages fictifs, vont heurter son propre entourage et le blesser dans sa chair. À commencer par sa fille ainĂ©e, sa fille adorĂ©e, LĂ©opoldine. Il l’aime tellement qu’il ne peut se rĂ©soudre Ă  la laisser quitter le nid familial au bras d’un autre homme que lui-mĂȘme. LĂ©opoldine est amoureuse d’un jeune homme Charles Vacquerie, fils d'un armateur du Havre. Elle n’a que quatorze ans. "Ma fille est bien trop jeune et ce Vacquerie bien falot", tranche Hugo. Alors LĂ©opoldine patiente et aprĂšs trois ans d’idylle secrĂšte, Victor Hugo, papa poule, ultra possessif et fusionnel, finit par cĂ©der, de mauvaise grĂące. D'ailleurs, il fait tout pour retarder les noces, au point de prĂ©texter une paralysie de la main pour ne pas signer le registre de mariage ! Chose amusante dans Les MisĂ©rables, Jean Valjean feint d’avoir le pouce blessĂ© pour ne pas signer l’acte de mariage entre Marius et Cosette ! LĂ©opoldine et Charles peuvent donc convoler en justes noces. Mais seulement sept mois plus tard, la tragĂ©die frappe. La mort de deux amants À Villequier en Normandie, LĂ©opoldine et son mari montent Ă  bord d’un canot pour une petite virĂ©e sur la Seine. Soudain un tourbillon de vent s'Ă©lĂšve, s’abat sur la voile et fait brusquement chavirer le canot. LĂ©opoldine ne sait pas nager, Charles, lui, est excellent nageur. Il tente tout pour sauver sa femme, qui sous l'eau, se cramponne dĂ©sespĂ©rĂ©ment au canot renversĂ©. Charles plonge et replonge, en vain. Alors, dans un Ă©lan de dĂ©sespoir, il plonge une derniĂšre fois pour rejoindre son Ă©pouse et ne plus la quitter. Les deux jeunes mariĂ©s pĂ©rissent noyĂ©s, ensemble. LĂ©opoldine n'avait que dix-neuf ans. Victor Hugo apprend la terrible nouvelle par la presse, de retour de voyage. Il est anĂ©anti. Sa LĂ©opoldine chĂ©rie n’est plus. Lorsqu’il arrive Ă  Villequier, les deux amants, sont dĂ©jĂ  enterrĂ©s, ensemble dans la mĂȘme sĂ©pulture. La mort de sa fille inspirera Ă  Victor Hugo son plus cĂ©lĂšbre poĂšme, Demain dĂšs l’aube, paru dans le recueil, les Contemplations. Allez, je ne rĂ©siste pas Ă  l’envie de vous le lire le premier quatrain "Demain, dĂšs l'aube, Ă  l'heure oĂč blanchit la campagne,Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m' par la forĂȘt, j'irai par la ne puis demeurer loin de toi plus longtemps". Un pĂšre qui vit dans le culte de sa dĂ©funte filleLa mort de LĂ©opoldine touche tout le clan Hugo, en particulier sa jeune sƓur AdĂšle ĂągĂ©e de 13 ans. Elle, qui a reçu moins d’attention que l’ainĂ©e, pense pouvoir la substituer dans le cƓur de son pĂšre. Mais LĂ©opoldine reste irremplaçable, et son pĂšre inconsolable. La famille vit dans le culte de la dĂ©funte, vĂ©nĂ©rant comme des saintes reliques ses effets personnels et ses robes. Elle hante le cƓur de son pĂšre et continue de faire de l’ombre Ă  sa jeune sƓur. AdĂšle manifeste alors les premiers signes de graves troubles psychiques. En proie Ă  des dĂ©lires de plus en plus frĂ©quents, sa santĂ© mentale se dĂ©grade. Elle est placĂ©e dans en hĂŽpital psychiatrique, oĂč elle finira ses jours. C’est Ă  croire que tous les ĂȘtres chers au grand homme sont condamnĂ©s Ă  souffrir. Les annĂ©es qui suivent la mort de LĂ©opoldine, Hugo n’écrit plus rien, ou presque. Ni théùtre, ni roman, ni poĂšme. L’encre a sĂ©chĂ©, mais pas les larmes. L’actualitĂ© par la rĂ©daction de RTL dans votre boĂźte mail. GrĂące Ă  votre compte RTL abonnez-vous Ă  la newsletter RTL info pour suivre toute l'actualitĂ© au quotidien S’abonner Ă  la Newsletter RTL Info
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