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Elle est fraĂźche, elle est rose, elle a de grands yeux, elle est belle ! On lui a mis une petite robe qui lui va bien. Je lâai prise, je lâai enlevĂ©e dans mes bras, je lâai assise sur mes genoux, je lâai baisĂ©e sur ses cheveux. Pourquoi pas avec sa mĂšre ? â Sa mĂšre est malade, sa grand mĂšre aussi. Câest bien. Elle me regardait dâun air Ă©tonnĂ© ; caressĂ©e, embrassĂ©e, dĂ©vorĂ©e de baisers et se laissant faire ; mais jetant de temps en temps un coup dâĆil inquiet sur sa bonne, qui pleurait dans le coin. Enfin jâai pu parler. â Marie ! ai-je dit, ma petite Marie ! Je la serrais violemment contre ma poitrine enflĂ©e de sanglots. Elle a poussĂ© un petit cri. â Oh ! vous me faites du mal, monsieur mâa-t-elle dit. Monsieur ! il y a bientĂŽt un an quâelle ne mâa vu, la pauvre enfant. Elle mâa oubliĂ©, visage, parole, accent ; et puis, qui me reconnaĂźtrait avec cette barbe, ces habits et cette pĂąleur ? Quoi ! dĂ©jĂ effacĂ© de cette mĂ©moire, la seule oĂč jâeusse voulu vivre ! Quoi ! dĂ©jĂ plus pĂšre ! ĂȘtre condamnĂ© Ă ne plus entendre ce mot, ce mot de la langue des enfants, si doux quâil ne peut rester dans celle des hommes papa ! Et pourtant lâentendre de cette bouche, encore une fois, une seule fois, voilĂ tout ce que jâeusse demandĂ© pour les quarante ans de vie quâon me prend. â Ăcoute, Marie, lui ai-je dit en joignant ses deux petites mains dans les miennes, est-ce que tu ne me connais point ? Elle mâa regardĂ© avec ses beaux yeux, et a rĂ©pondu â Ah bien non ! â Regarde bien, ai-je rĂ©pĂ©tĂ©. Comment, tu ne sais pas qui je suis ? â Si, a-t-elle dit. Un monsieur. HĂ©las ! nâaimer ardemment quâun seul ĂȘtre au monde, lâaimer avec tout son amour, et lâavoir devant soi, qui vous voit et vous regarde, vous parle et vous rĂ©pond, et ne vous connaĂźt pas ! Ne vouloir de consolation que de lui, et quâil soit le seul qui ne sache pas quâil vous en faut parce que vous allez mourir ! â Marie, ai-je repris, as-tu un papa ? â Oui, monsieur, a dit lâenfant. â Eh bien, oĂč est-il ? Elle a levĂ© ses grands yeux Ă©tonnĂ©s. â Ah ! vous ne savez donc pas ? il est mort. Puis elle a criĂ© ; jâavais failli la laisser tomber. â Mort ! disais-je. Marie, sais-tu ce que câest quâĂȘtre mort ? â Oui, monsieur, a-t-elle rĂ©pondu. Il est dans la terre et dans le ciel. Elle a continuĂ© dâelle-mĂȘme â Je prie le bon Dieu pour lui matin et soir sur les genoux de maman. Je lâai baisĂ©e au front. â Marie, dis-moi ta priĂšre. â Je ne peux pas, monsieur. Une priĂšre, cela ne se dit pas dans le jour. Venez ce soir dans ma maison ; je la dirai. CâĂ©tait assez de cela. Je lâai interrompue. â Marie, câest moi qui suis ton papa. â Ah ! mâa-t-elle dit. Jâai ajoutĂ© â Veux-tu que je sois ton papa ? Lâenfant sâest dĂ©tournĂ©e. â Non, mon papa Ă©tait bien plus beau. Je lâai couverte de baisers et de larmes. Elle a cherchĂ© Ă se dĂ©gager de mes bras en criant â Vous me faites mal avec votre barbe. Alors, je lâai replacĂ©e sur mes genoux, en la couvant des yeux, et puis je lâai questionnĂ©e. â Marie, sais-tu lire ? â Oui, a-t-elle rĂ©pondu. Je sais bien lire. Maman me fait lire mes lettres. â Voyons, lis un peu, lui ai-je dit en lui montrant un papier quâelle tenait chiffonnĂ© dans une de ses petites mains. Elle a hochĂ© sa jolie tĂȘte. â Ah bien ! je ne sais lire que des fables. â Essaie toujours. Voyons, lis. Elle a dĂ©ployĂ© le papier, et sâest mise Ă Ă©peler avec son doigt â A, R, ar, R, E, T, rĂȘt, ARRĂT... Je lui ai arrachĂ© cela des mains. Câest ma sentence de mort quâelle me lisait. Sa bonne avait eu le papier pour un sou. Il me coĂ»tait plus cher, Ă moi. Il nây a pas de paroles pour ce que jâĂ©prouvais. Ma violence lâavait effrayĂ©e ; elle pleurait presque. Tout Ă coup elle mâa dit â Rendez-moi donc mon papier, tiens ! câest pour jouer. Je lâai remise Ă sa bonne. â Emportez-la. Et je suis retombĂ© sur ma chaise, sombre, dĂ©sert, dĂ©sespĂ©rĂ©. Ă prĂ©sent ils devraient venir ; je ne tiens plus Ă rien ; la derniĂšre fibre de mon cĆur est brisĂ©e. Je suis bon pour ce quâils vont faire. Le dernier jour d'un condamnĂ©, Victor Hugo, 1829, Chapitre XLIII Les meilleurs professeurs de Français disponibles4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 111 avis 1er cours offert !4,9 70 avis 1er cours offert !5 85 avis 1er cours offert !4,9 117 avis 1er cours offert !5 39 avis 1er cours offert !4,9 56 avis 1er cours offert !5 38 avis 1er cours offert !4,9 17 avis 1er cours offert !5 111 avis 1er cours offert !C'est parti On rappellera ici la mĂ©thode du commentaire composĂ© vu en cours francais Partie du commentaireVisĂ©eInformations indispensablesĂcueils Ă Ă©viter Introduction- PrĂ©senter et situer le texte dans le roman - PrĂ©senter le projet de lecture = annonce de la problĂ©matique - PrĂ©senter le plan gĂ©nĂ©ralement, deux axes- Renseignements brefs sur l'auteur - Localisation du passage dans l'Ćuvre dĂ©but ? Milieu ? Fin ? - ProblĂ©matique En quoi⊠? Dans quelle mesure⊠? - Les axes de rĂ©flexions- Ne pas problĂ©matiser - Utiliser des formules trop lourdes pour la prĂ©sentation de l'auteur DĂ©veloppement - Expliquer le texte le plus exhaustivement possible - Argumenter pour justifier ses interprĂ©tations le commentaire composĂ© est un texte argumentatif- Etude de la forme champs lexicaux, figures de styles, etc. - Etude du fond ne jamais perdre de vue le fond - Les transitions entre chaque idĂ©e/partie- Construire le plan sur l'opposition fond/forme chacune des parties doit impĂ©rativement contenir des deux - Suivre le dĂ©roulement du texte, raconter l'histoire, paraphraser - Ne pas commenter les citations utilisĂ©es Conclusion- Dresser le bilan - Exprimer clairement ses conclusions - Elargir ses rĂ©flexions par une ouverture lien avec une autre Ćuvre ? ĂvĂ©nement historique ? etc.- Les conclusions de l'argumentation- RĂ©pĂ©ter simplement ce qui a prĂ©cĂ©dĂ© Ici, nous dĂ©taillerons par l'italique les diffĂ©rents moments du dĂ©veloppement, mais ils ne sont normalement pas Ă signaler. De mĂȘme, il ne doit normalement pas figurer de tableaux dans votre commentaire composĂ©. Les listes Ă puces sont Ă©galement Ă Ă©viter, tout spĂ©cialement pour l'annonce du plan. En outre, votre commentaire ne doit pas ĂȘtre aussi long que celui ici, qui a pour objectif d'ĂȘtre exhaustif. Vous n'aurez jamais le temps d'Ă©crire autant ! Introduction Victor Hugo est un auteur français du XIXĂšme siĂšcle. Il est tout Ă la fois connu pour ses oeuvres poĂ©tiques, théùtrales et romanesques. Mais il Ă©tait aussi un grand dĂ©fenseur des droits, engagĂ© politiquement pour les plus pauvres et pour les injustices, Ă travers ses oeuvres autant que son action politique. Le dernier jour d'un condamnĂ©, publiĂ© en 1829, fait partie de ces oeuvres engagĂ©es-lĂ . Il y fait parler un condamnĂ© Ă mort, quelques semaines avant son passage Ă l'Ă©chafaud. Le lecteur lit ses pensĂ©es tandis que la date de son exĂ©cution approche, sans qu'on sache qui il est rĂ©ellement et ce qu'il a fait pour subir un tel sort. Il s'agit, de fait, d'un rĂ©quisitoire contre la peine de mort. Le passage qui nous occupe ici relate la rencontre du condamnĂ© avec sa fille, un an aprĂšs leur derniĂšre entrevue. Surtout, c'est la derniĂšre fois qu'il la verra avant l'exĂ©cution de sa peine. Annonce de la problĂ©matique Comment Victor Hugo se sert-il de cette scĂšne pour affirmer l'inhumanitĂ© de la peine Ă mort ? Annonce des axes Nous verrons dans un premier temps le dĂ©calage qui existe entre le pĂšre et sa fille. Dans un second temps, nous analyserons la maniĂšre dont Victor Hugo en appelle Ă la sensibilitĂ© du lecteur. Perdu dans ses pensĂ©es, Victor Hugo a, pour sa part, toujours Ă©tait un homme libre. Si libre que sa pensĂ©e lui a valu un exil mais pour l'auteur romantique, l'esprit et la crĂ©ation sont plus forts que tout. DĂ©veloppement Le dĂ©calage entre le pĂšre et la fille La premiĂšre maniĂšre pour Hugo d'Ă©tablir un malaise dans cette scĂšne, c'est le dĂ©calage qu'il fait ressentir entre, d'une part, l'Ă©lan affectif du pĂšre et, d'autre part, la mĂ©fiance effrayĂ©e de la fille. Un pĂšre joyeux trĂšs vite déçu Le chapitre commence d'une maniĂšre trĂšs lyrique, avec une accumulation de termes mĂ©lioratifs, se terminant par un point d'exclamation Elle est fraĂźche, elle est rose, elle a de grands yeux, elle est belle ! ». Cela traduit la joie du pĂšre qui revoie sa fille aprĂšs un an de sĂ©paration. L'impatience est Ă©galement traduite par l'adverbe Enfin ». D'autres marqueurs tĂ©moignent de sa position, d'abord absolument joyeuse. Il qualifie sa fille de maniĂšre trĂšs positive fraĂźche », rose », belle », ma petite Marie », ses beaux yeux », jolie tĂȘte ». En outre, il est mu par des Ă©lans physiques emplis de douceur et de paternitĂ©, comme le montre le champ lexical associĂ© Ă ses actes caressĂ©e », embrassĂ©e », dĂ©vorĂ©e de baisers », serrais », baisĂ©e », replacĂ©e sur mes genoux », couvant ». En dernier lieu, la proximitĂ© qu'il se sent en droit d'avoir avec elle - comme un pĂšre avec sa fille - est manifestĂ©e de diffĂ©rentes maniĂšres le tutoiement l'utilisation des pronoms possessifs ma », ses », etc. l'utilisation des pronoms dĂ©monstratifs qui donne cette », etc. Mais, devant l'attitude de sa fille, sa dĂ©ception va crescendo. Ainsi, il s'aperçoit que sa fille ne le reconnait pas dĂ©jĂ effacĂ© de cette mĂ©moire » ou dĂ©jĂ plus pĂšre », avec l'anaphore sur le mot dĂ©jà » qui insiste sur son dĂ©sespoir. Ainsi, la joie d'abord Ă©prouvĂ©e se transforme en cauchemar et se termine par la volontĂ© de la fuir emportez-la ». Berthe Morisot, EugĂšne Manet et sa fille au jardin, 1883 Car on peut analyser l'attitude de Marie, en tous points opposĂ©e Ă celle de son pĂšre, Ă travers le mĂȘme dĂ©roulement. Une fille apeurĂ©e Ainsi, tandis qu'il voit sa fille d'une maniĂšre positive, elle le perçoit d'une maniĂšre nĂ©gative du mal », non, mon papa Ă©tait bien plus beau », etc. Elle reçoit Ă©galement trĂšs mal les Ă©lans physiques et affectifs de son pĂšre coup dâĆil inquiet » ; cri », criĂ© », se dĂ©gager », criant », effrayĂ©e », pleurait ». En dernier lieu, sa distance contraste avec la proximitĂ© manifestĂ©e par le condamnĂ©, Ă travers les mĂȘmes marqueurs elle le vouvoie elle le rejette se dĂ©gager de mes bras » Enfin, il y a un crescendo dans sa peur elle est d'abord seulement inquiĂšte coup d'oeil inquiet », puis elle souffre physiquement Vous me faites du mal » et, finalement, elle pleure presque ». Ce dĂ©calage parfait entre les deux perceptions est aussi terrible en raison de la relation que devrait normalement entretenir un pĂšre et sa fille. L'amour filial est celui auquel tout le monde se destine, puisque l'Homme peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme fait pour se reproduire et Ă©lever son enfant. Or, ici, le condamnĂ© Ă mort est privĂ© de ce droit. C'est un argument qu'utilise Hugo pour prouver le caractĂšre inhumain de la situation de quel droit priver une fille de son pĂšre, et inversement ? L'appel Ă la sensibilitĂ© du lecteur Hugo, dans cet extrait, manie le registre pathĂ©tique Ă la perfection pour sensibiliser le lecteur Ă cette situation qu'il estime inhumaine. Pour rappel, le registre pathĂ©tique vise Ă susciter l'Ă©motion du lecteur. Il fonctionne avec le champ lexical de la pitiĂ© ou de la souffrance et des figures de style telles que l'hyperbole ou l'anaphore. Ămile Munier, 1882, Petite fille & chat L'adresse directe au lecteur Il est deux passages oĂč Hugo s'adresse pratiquement explicitement au lecteur. Il convient de les analyser. HĂ©las ! nâaimer ardemment quâun seul ĂȘtre au monde, lâaimer avec tout son amour, et lâavoir devant soi, qui vous voit et vous regarde, vous parle et vous rĂ©pond, et ne vous connaĂźt pas ! Ne vouloir de consolation que de lui, et quâil soit le seul qui ne sache pas quâil vous en faut parce que vous allez mourir ! L'utilisation du pronom personnel vous » est ainsi ambiguĂ«. Elle se rapporte d'abord Ă lui-mĂȘme, dans un Ă©lan lyrique et pathĂ©tique oĂč le locuteur = celui qui parle s'adresse Ă lui-mĂȘme. Mais, Ă©videmment, c'est aussi le pronom personnel qui s'adresse Ă l'autre, et, ainsi, au lecteur. C'est la deuxiĂšme personne du pluriel ; en cela, elle revĂȘt un sens collectif. Ici, le collectif, c'est l'humanitĂ© tout entiĂšre. On se rappellera les paroles de Dieu, dans La GenĂšse FĂ©condez et multipliez-vous », pour affirmer que se reproduire est l'un des marqueurs de notre humanitĂ©. Ainsi, Hugo, par l'intermĂ©diaire de son personnage, en appelle Ă tous les pĂšres et tous les mĂšres pour tĂ©moigner du caractĂšre inhumain d'une telle situation. C'est le sens du il », alors que Marie est un elle » il s'adresse Ă tous les parents de la Terre, au sujet de tous les enfants de la Terre. Pour un parent, seul l'enfant compte ; d'oĂč la douleur de ne pas se voir reconnu par lui. L'expression pathĂ©tique du sentiment Une autre caractĂ©ristique du registre pathĂ©tique est l'expression du sentiment. Il y a un passage qui correspond absolument Ă cette dĂ©finition Monsieur ! il y a bientĂŽt un an quâelle ne mâa vu, la pauvre enfant. Elle mâa oubliĂ©, visage, parole, accent ; et puis, qui me reconnaĂźtrait avec cette barbe, ces habits et cette pĂąleur ? Quoi ! dĂ©jĂ effacĂ© de cette mĂ©moire, la seule oĂč jâeusse voulu vivre ! Quoi ! dĂ©jĂ plus pĂšre ! ĂȘtre condamnĂ© Ă ne plus entendre ce mot, ce mot de la langue des enfants, si doux quâil ne peut rester dans celle des hommes papa ! Je lâai couverte de baisers et de larmes. Le Monsieur » qui introduit la lamentation reprend certes la parole de l'enfant, mais, pris indĂ©pendamment, on pourrait Ă©galement y voir une adresse directe au Monsieur » qui lit. Par ailleurs, la prĂ©sence des points d'exclamation signifie bien le caractĂšre expressif du passage on en trouve six !. Le tout se termine dans un Ă©lan ambigu et paradoxal, qui tĂ©moigne de toute la souffrance de sa situation il l'embrasse - signe de son amour absolu - et pleure - signe de son dĂ©sespoir tout aussi absolu. En dernier lieu, il est une formule intĂ©ressante Ă relever dans ce contexte ĂȘtre condamnĂ© », qui fait Ă©videmment Ă©cho Ă la situation du forçat, condamnĂ© Ă mourir. Dans une tragique ironie, le pĂšre souffre plus de la condamnation Ă ne plus jamais ĂȘtre appelĂ© ainsi qu'Ă mourir. EugĂšne Delacroix, Le Prisonnier de Chillon, 1834 La condamnation par la fille Car le narrateur, aprĂšs avoir Ă©tĂ© mis Ă mort par les juges, est mis Ă mort par sa fille - celle-lĂ mĂȘme qui fondait son plaisir Ă vivre et qui l'affirmait comme faisant partie du domaine de la vie, puisqu'ayant contribuĂ© Ă la perpĂ©tuer. Ainsi, elle lui dit Il est mort » ou encore il est dans la terre et dans le ciel ». On peut voir ce mĂȘme sens dans la lecture qu'elle fait de son arrĂȘt de mort. Aussi, puisque sa fille le renie, il n'a plus rien Ă faire sur Terre. A partir du moment oĂč le narrateur se trouve niĂ© dans sa paternitĂ©, la rupture de son dernier lien avec les vivants est consommĂ©, il peut abandonner l'existence. Comme il le dit, empli de dĂ©sespoir Et je suis retombĂ© sur ma chaise, sombre, dĂ©sert, dĂ©sespĂ©rĂ©. » La derniĂšre fibre de mon cĆur est brisĂ© ». Conclusion Victor Hugo expose, par cette derniĂšre rencontre entre un pĂšre et sa fille, toute l'inhumanitĂ© contenue dans la condamnation Ă mort de quelqu'un. Celui-ci est dĂ©jĂ privĂ© de son existence avant que la peine soit exĂ©cutĂ©. L'auteur choisit une situation pathĂ©tique = qui suscite la pitiĂ© et en tire des conclusions humanistes sur la condition du prisonnier. C'est prendre trop de pouvoir sur la vie que de priver l'homme de l'existence, au sein mĂȘme de celle-ci.
Mortde son frĂšre EugĂšne. Publication des Voix intĂ©rieures. Victor Hugo se rapproche de la famille royale d'OrlĂ©ans et est fait Officier de la LĂ©gion d'Honneur. 1838: PremiĂšre de Ruy Blas que Victor Hugo a Ă©crit pour l'inauguration du Théùtre de la Renaissance. LassĂ© des querelles du ThĂȘatre-Français, il espĂšre bien faire du
Restauration Waterloo, signĂ© NapolĂ©on, Hugo ou Cambronne ? Câest une vraie question, citations Ă lâappui ! Câest en tout cas le dernier combat de lâempereur et la bataille la plus commentĂ©e au monde - avant ou aprĂšs la victoire dâAusterlitz ? Les commentaires sont allĂ©gĂ©s, les coupes signalĂ©es ⊠Retrouvez lâintĂ©gralitĂ© dans nos Chroniques de lâHistoire en citations. DerriĂšre un mamelon, la garde Ă©tait massĂ©e. La garde, espoir suprĂȘme, et suprĂȘme pensĂ©e [âŠ] Tranquille, souriant Ă la mitraille anglaise, La garde impĂ©riale entra dans la fournaise. »1943 1802-1885, Les ChĂątiments, LâExpiation 1853 NapolĂ©on engage contre lâanglais Wellington la Vieille Garde lâĂ©lite, Ă cĂŽtĂ© de la Jeune et de la Moyenne Garde ⊠La Garde, dĂ©cimĂ©e, recule en ordre ⊠LâarmĂ©e napolĂ©onienne se dĂ©bande, pour la premiĂšre fois. Seule la partie de la garde commandĂ©e par Cambronne tient encore les lignes. Un gĂ©nĂ©ral anglais leur cria Braves Français, rendez-vous ! Cambronne rĂ©pondit Merde ! [âŠ] Foudroyer dâun tel mot le tonnerre qui vous tue, câest vaincre. »1944 Victor HUGO 1802-1885, Les MisĂ©rables 1862 Le mot de Cambronne » est passĂ© Ă la postĂ©ritĂ© anecdote rapportĂ©e par Hugo dans son roman ⊠Cambronne, engagĂ© parmi les volontaires de 1792, participe aux campagnes de la RĂ©volution et de lâEmpire. Major gĂ©nĂ©ral de la garde impĂ©riale, il suit NapolĂ©on Ă lâĂźle dâElbe, revient avec lui en 1815, est fait comte et pair de France sous les Cent-Jours et sâillustre Ă Waterloo, dans ce dernier carrĂ© » de la Vieille Garde ⊠La garde meurt et ne se rend pas. »1945 GĂ©nĂ©ral CAMBRONNE 1770-1842, paroles gravĂ©es sur le socle en granit de sa statue Ă Nantes sa ville natale ⊠Il nâest cependant pas sĂ»r que cette phrase ait Ă©tĂ© prononcĂ©e Ă Waterloo, Cambronne lâa dĂ©menti Je nâai pas pu dire la Garde meurt et ne se rend pasâ, puisque je ne suis pas mort et que je me suis rendu. » ⊠Le Merde » est sans doute plus authentique, dans le feu de lâaction, mĂȘme si le gĂ©nĂ©ral en refusa Ă©galement la paternitĂ©. Garde. â La garde meurt et ne se rend pas ! Huit mots pour remplacer cinq lettres. »1946 Gustave FLAUBERT 1821-1880, Dictionnaire des idĂ©es reçues posthume, 1913 La plus grande dĂ©faite de NapolĂ©on fera sa gloire Lâhomme qui a gagnĂ© la bataille de Waterloo, câest Cambronne », dit Victor Hugo. Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! Morne plaine !Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine,Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,La pĂąle mort mĂȘlait les sombres bataillons. »1947 Victor HUGO 1802-1885, Les ChĂątiments, LâExpiation 1853 NapolĂ©on est contraint dâordonner la retraite perte de 45 000 hommes dont 30 000 Français. Waterloo est la bataille la plus commentĂ©e au monde, entre mythe, lĂ©gende et rĂ©alitĂ©. La bataille de Waterloo a Ă©tĂ© gagnĂ©e sur les terrains de jeu dâEton. »1948 Duc de WELLINGTON 1769-1852. Revue politique et littĂ©raire revue bleue 1932 Principal artisan de la victoire anglaise de Waterloo, assistant Ă un match de cricket Ă Eton, il tĂ©moigne de la foi toute patriotique en ce sport national â mĂȘme sâil nâest pas personnellement un grand sportif ⊠Depuis la tragique guerre dâEspagne, il a multipliĂ© les victoires contre les armĂ©es napolĂ©oniennes, jusquâĂ ce dernier acte du 18 juin 1815. Waterloo nâest point une bataille câest le changement de front de lâunivers. »1949 Victor HUGO 1802-1885, Les MisĂ©rables 1862 Dans ce roman en dix volumes, Hugo brosse une vaste fresque historique, sociale, humaine. Et Waterloo demeure Ă jamais lâun des moments clĂ©s de lâhistoire de la France.
CependantVictor Hugo, pressĂ© de mettre Ă la scĂšne une oeuvre qui pĂ»t donner Ă la nouvelle Ă©cole la consĂ©cration du théùtre, crut trouver dans Marion Delorme un sujet favorable Ă l'exposition de ses thĂ©ories : la courtisane, c'Ă©tait le mal ; le noble aventurier, Didier, c'Ă©tait le bien; le bien tendait la main au mal, et la courtisane se trouvait relevĂ©e par l'aventurierVoici 3 textes de Victor Hugo dĂ©crivant des exĂ©cutions capitales au XIX° siĂšcle Son combat contre la peine de mort fut permanent. Il Ă©crivit » le dernier jour dâun condamnĂ© » dĂšs 1832 et utilisa tout son talent de poĂšte, de romancier et dâorateur pour peser de tout son poids pour lâabolition de tous les gibets. Il ne refusa jamais de prĂȘter son nom pour aider Ă un recours en grĂące. Dans ces trois textes, il nâhĂ©site pas Ă théùtraliser lâexĂ©cution, Ă faire ressortir les dĂ©tails les plus terribles pour arriver Ă son effet. Câest magistral. Thierry Poinot Victor Hugo contre la peine de mort Le dernier jour dâun condamnĂ©, prĂ©face de 1832, extrait Il faut citer ici deux ou trois exemples de ce que certaines exĂ©cutions ont eu dâĂ©pouvantable et dâimpie. Il faut donner mal aux nerfs aux femmes des procureurs du roi. Une femme câest quelque fois une conscience. Dans le midi, vers la fin du mois de novembre dernier, nous nâavons pas bien prĂ©sent Ă lâesprit le lieu, le jour, ni le nom du condamnĂ©, mais nous les retrouverons si lâon conteste les faits, et nous croyons que câest Ă Pamiers ; vers la fin de septembre donc, on vient trouver un homme dans sa prison, oĂč il jouait tranquillement aux cartes on lui signifie quâil faut mourir dans deux heures, ce qui le fait trembler de tous ses membres, car, depuis six mois quâon lâoubliait, il ne comptait plus sur la mort ; on le rase, on le tond, on le garrotte, on le confesse; puis on le brouette entre 4 gendarmes, et Ă travers la foule, au lieu de lâexĂ©cution. Jusquâici rien que de simple. Câest comme cela que cela se fait. ArrivĂ© Ă lâĂ©chafaud, le bourreau le prend au prĂȘtre, lâemporte, le ficelle sur la bascule, lâenfourne, je me sers ici dâargot, puis il lĂąche le couperet. Le lourd triangle de fer se dĂ©tache avec peine, tombe en cahotant dans ses rainures, et, voici lâhorrible qui commence, entame lâhomme sans le tuer. Lâhomme pousse un cri affreux. Le bourreau, dĂ©concertĂ©, relĂšve le couperet et le laisse retomber. Le couperet mord le cou du patient une seconde fois, mais ne le tranche pas. Le patient hurle, la foule aussi. Le bourreau rehisse encore le couperet, espĂ©rant mieux du troisiĂšme coup. Point. Le troisiĂšme coup fait jaillir un troisiĂšme ruisseau de sang de la nuque du condamnĂ©, mais ne fait pas tomber la tĂȘte. AbrĂ©geons. Le couteau remonta et retomba cinq fois , cinq fois il entama le condamnĂ©, cinq fois le condamnĂ© hurla sous le coup et secoua sa tĂȘte vivante en criant grĂące ! Le peuple indignĂ© prit des pierres et dans sa justice se mit Ă lapider le misĂ©rable bourreau. Le bourreau sâenfuit sous la guillotine et sây tapit derriĂšre les chevaux des gendarmes. Mais vous nâĂȘtes pas au bout. Le suppliciĂ© se voyant seul sur lâĂ©chafaud, sâĂ©tait redressĂ© sur la planche, et lĂ , debout, effroyable, ruisselant de sang, soutenant sa tĂȘte Ă demi coupĂ©e qui pendait sur son Ă©paule, il demandait avec de faibles cris qu on vint le dĂ©tacher. La foule, pleine de pitiĂ©, Ă©tait sur le point de forcer les gendarmes et de venir Ă lâaide du malheureux qui avait subit cinq fois son arrĂȘt de mort. Câest en ce moment lĂ quâun valet du bourreau, jeune home de vingt ans, monte sur lâĂ©chafaud, dit au patient de se retourner pour quâil le dĂ©lie, et, profitant de la posture du mourant qui se livrait Ă lui sans dĂ©fiance, saute sur son dos et se met Ă lui couper pĂ©niblement ce qui lui restait de cou avec je ne sais quel couteau de boucher. Cela sâest fait. Cela sâest vu. Oui. Aux termes de la loi, un juge a dĂ» assister Ă cette exĂ©cution. Dâun signe il pouvait tout arrĂȘter. Que faisait-il donc de sa voiture, cet homme pendant quâon massacrait un homme ? Que faisait-il ce punisseur dâassassins, pendant quâon assassinait en plein jour, sous ses yeux, sous le souffle de ses chevaux, sous la vitre de sa portiĂšre ? A Dijon, il y a trois mois, on a menĂ© au supplice une femme. Une femme ! Cette fois encore, le couteau du docteur Guillotin a mal fait son service. La tĂȘte nâa pas Ă©tĂ© tout Ă fait coupĂ©e. Alors les valets de lâexĂ©cuteur se sont attelĂ©s aux pieds de la femme, et Ă travers les hurlements, de la malheureuse, et Ă force de tiraillements et de soubresauts, ils lui ont arrachĂ© la tĂȘte par arrachement. A Paris, nous revenons au temps des exĂ©cutions secrĂštes. Comme on nâose plus dĂ©capiter en grĂšve [ la place de GrĂšve Ă©tait la place des exĂ©cutions capitales] depuis juillet [1830], comme on a peur, comme on est un lĂąche, voici ce quâon fait. On a pris derniĂšrement Ă BicĂȘtre un homme, un condamnĂ© Ă mort, un nommĂ© DĂ©sandrieux je crois ; on lâa mis dans une espĂšce de panier traĂźnĂ© sur deux roues, clos de toutes parts, cadenassĂ© et verrouillĂ© ; puis, un gendarme en tĂȘte, un gendarme en queue, Ă petit bruit et sans foule, on a Ă©tĂ© dĂ©poser le paquet Ă la barriĂšre dĂ©serte de Sait Jacques [ Cela marque la sortie de Paris]. ArrivĂ©s lĂ , il Ă©tait huit heures du matin, Ă peine jour, il y avait une guillotine toute fraĂźche dressĂ©e et pour public quelques douzaines de petits garçons groupĂ©s sur des tas de pierres voisins autour de la machine inattendue ; on a tirĂ© lâhomme du panier, et, sans lui donner le temps de respirer, furtivement, sournoisement, honteusement, on lui a escamotĂ© la tĂȘte. Cela sâappelle un acte public et solennel de haute justice. InfĂąme dĂ©rision ! Le 11 juin 1851, Victor Hugo dĂ©fend son fils Charles accusĂ© de manquement grave au respect de la Loi » devant le tribunal. Il avait relatĂ© une exĂ©cution capitale particuliĂšrement atroce. Quoi ? Quoi ? Un homme, un homme, un condamnĂ©, un misĂ©rable homme est traĂźnĂ©, un matin, sur une de nos places publiques ; lĂ il trouve lâĂ©chafaud ; il se rĂ©volte, il se dĂ©bat, il refuse de mourir. Il est tout jeune encore, il a vingt-neuf ans Ă peine. Mon Dieu ! On va ma dire câest un assassin ! Mais Ă©coutez deux exĂ©cuteurs le saisissent, il a les mains liĂ©es, les pieds liĂ©s, il repousse les deux exĂ©cuteurs. Une lutte affreuse sâengage. Le condamnĂ© embarrasse ses pieds garrottĂ©s dans lâĂ©chelle patibulaire, il se sert de lâĂ©chafaud contre lâĂ©chafaud. La lutte se prolonge, lâhorreur parcourt la foule. Les exĂ©cuteurs, la sueur et la honte au front, pĂąles, haletants, terrifiĂ©s, dĂ©sespĂ©rĂ©s â de je ne sais quel horrible dĂ©sespoir-, courbĂ©s sous cette rĂ©probation publique qui devrait se borner Ă condamner la peine de mort et qui a tort dâĂ©craser lâinstrument passif, le bourreau, les exĂ©cuteurs font des efforts sauvages. Il faut que la force reste Ă la Loi, câest la maxime. Lâhomme se cramponne Ă lâĂ©chafaud et demande grĂące, ses vĂȘtements sont arrachĂ©s, ses Ă©paules nues sont en sang. Il rĂ©siste toujoursĆ Enfin, aprĂšs trois quarts dâheure, oui, trois quart dâheureĆ ici lâavocat gĂ©nĂ©ral fait un signe de dĂ©nĂ©gation On nous chicane sur les minutes, disons trente cinq minutes de cet effort monstrueux, de ce spectacle sans nom, de cette agonie, agonie pour tout le monde, entendez-vous bien ! agonie pour le peuple qui est lĂ autant que pour le condamnĂ©, aprĂšs ce siĂšcle dâangoisse, Messieurs les jurĂ©s, on ramĂšne le misĂ©rable Ă la prison. Le peuple respire. Le peuple croit lâhomme Ă©pargnĂ©. Point ! Et le soir, on prend un renfort de bourreaux, on garrotte lâhomme de telle sorte quâil ne soit plus quâune chose inerte, et Ă la nuit tombĂ©e on le rapporte sur la place publique, pleurant, hurlant, hagard, tout ensanglantĂ©, appelant la vie, appelant Dieu, appelant son pĂšre et sa mĂšre, car devant la mort cet homme Ă©tait redevenu un enfantĆ On le hisse sur lâĂ©chafaud et sa tĂȘte tombe ! Jamais le meurtre lĂ©gal nâest apparu avec plus de cynisme et dâabomination. » CitĂ© par J-F Kahn dans LâExtraordinaire MĂ©tamorphose ou cinq ans de la vie de Victor Hugo 1847-1851 » ed. Le Seuil. Il sâagit dâune lettre envoyĂ©e par Victor Hugo au ministre de lâintĂ©rieur anglais Lord Palmerston le lendemain de lâexĂ©cution de Tapner. Tapner Ă©tait un assassin qui fut pendu Ă Guernesey, Ăźle anglaise sur laquelle Victor Hugo Ă©tait en exil. DĂšs le point du jour une multitude immense fourmillait aux abords de la geĂŽle. Un jardin Ă©tait attenant Ă la prison. On y avait dressĂ© lâĂ©chafaud. Une brĂšche avait Ă©tĂ© faite au mur pour que le condamnĂ© passĂąt. A huit heures du matin, la foule encombrant les rues voisines, deux cents spectateurs privilĂ©giĂ©s » Ă©tant dans le jardin, lâhomme a paru Ă la brĂšche. Il avait le front haut et le pas ferme ; il Ă©tait pĂąle ; le cercle rouge de lâinsomnie entourait ses yeux. Le mois qui venait de sâĂ©couler venait de le vieillir de vingt annĂ©es. Cet homme de trente ans en paraissait cinquante. Un bonnet de coton blanc profondĂ©ment enfoncĂ© sur la tĂȘte et relevĂ© sur le front, â dit un tĂ©moin oculaire, â vĂȘtu de la redingote brune qu il portait aux dĂ©bats, et chaussĂ© de vieilles pantoufles », il a fait le tour dâune partie du jardin dans une allĂ©e exprĂšs. Les bordiers, le shĂ©rif, le lieutenant-shĂ©rif, le procureur de la reine, le greffier et le sergent de la reine lâentouraient. Il avait les mains liĂ©es ; mal, comme vous allez voir. Pourtant, selon lâusage anglais, pendant que les mains Ă©taient croisĂ©es par les liens sur la poitrine, une corde rattachait les coudes derriĂšre le dos. Il marchait lâŠil fixĂ© sur le gibet. Tout en marchant il disait Ă voix haute Ah mes pauvres enfants ! A cĂŽtĂ© de lui, le chapelain Bouwerie, qui avait refusĂ© de signer la demande en grĂące, pleurait. LâallĂ©e sablĂ©e menait Ă lâĂ©chelle. Le nŠud pendait. Tapner a montĂ©. Le bourreau dâen bas tremblait ; les bourreaux dâen bas sont quelquefois Ă©mus. Tapner sâest mis lui-mĂȘme sous le nŠud coulant et y a passĂ© son cou, et, comme il avait les mains peu attachĂ©es, voyant que le bourreau, tout Ă©garĂ©, sây prenait mal, il lâa aidĂ©. Puis, comme sâil pressentait ce qui allait suivre, » â dit le mĂȘme tĂ©moin, â il a dit Liez-moi donc mieux les Câest inutile, a rĂ©pondu le bourreau. » Tapner Ă©tant ainsi debout dans le nŠud coulant, les pieds sur la trappe, le bourreau a rabattu le bonnet sur son visage, et lâon a plus vu de cette face pĂąle quâune bouche qui priait. La trappe, prĂȘte Ă sâouvrir sous lui, avait environ deux pieds carrĂ©s. AprĂšs quelques secondes, le temps de se retourner, lâhomme des hautes Šuvres » a pressĂ© le ressort de la trappe. Un trou sâest fait sous le condamnĂ©, il y est tombĂ© brusquement, la corde sâest tendue, le corps a tournĂ©, on a cru lâhomme mort. On pensa, dit le tĂ©moin, que Tapner avait Ă©tĂ© tuĂ© raide par la rupture de la moelle Ă©piniĂšre. » Il Ă©tait tombĂ© de quatre pieds de haut [1,2 mĂštre], et de tout son poids, et câĂ©tait un homme de haute taille ; et le tĂ©moin ajoute Ce soulagement des cŠurs oppressĂ©s ne dura pas deux minutes. » Tout Ă coup, lâhomme, pas encore cadavre et dĂ©jĂ spectre, a remuĂ© ; les jambes se sont Ă©levĂ©es et abaissĂ©es lâune aprĂšs lâautre comme si elles essayaient de monter des marches dans le vide, ce quâon entrevoyait de la face est devenu horrible, les mains, presque dĂ©liĂ©es, sâĂ©loignaient et se rapprochaient comme pour demander assistance, » dit le tĂ©moin. Le lien des coudes sâĂ©tait rompu Ă la secousse de la chute. Dans ces convulsions, la corde sâest mise Ă osciller, les coudes du misĂ©rable ont heurtĂ© le bord de la trappe, les mains sây sont cramponnĂ©es, le genou droit sây est appuyĂ©, le corps sâest soulevĂ©, et le pendu sâest penchĂ© sur la foule. Il est retombĂ©, puis a recommencĂ©. Deux fois, dit le tĂ©moin. La seconde fois il sâest dressĂ© Ă un pied de hauteur ; la corde a Ă©tĂ© Ă un moment lĂąche. Puis il a relevĂ© son bonnet et la foule a vu ce visage. Cela durait trop, Ă ce quâil paraĂźt. Il a fallu finir. Le bourreau, qui Ă©tait descendu, est remontĂ©, et a fait, je cite toujours le tĂ©moin oculaire, lĂącher prise au patient. » La corde avait dĂ©viĂ© ; elle Ă©tait sous le menton ; le bourreau lâa remise sous lâoreille aprĂšs quoi il a pressĂ© les Ă©paules. » Le bourreau et le spectre ont luttĂ© un moment ; le bourreau a vaincu. Puis cet infortunĂ©, condamnĂ© lui-mĂȘme, sâest prĂ©cipitĂ© dans le trou oĂč pendait Tapner, lui a Ă©treint les deux genoux et sâest suspendu Ă ses pieds. La corde sâest balancĂ©e Ă un moment, portant le patient et le bourreau, le crime et la loi. Enfin, le bourreau a lui-mĂȘme lĂąchĂ© prise. » CâĂ©tait fait. Lâhomme Ă©tait mort. Vous le voyez, monsieur, les choses se sont bien passĂ©es. Cela a Ă©tĂ© complet. Si câest un cri dâhorreur qu on a voulu, on lâa. La ville Ă©tant bĂątie en amphithéùtre, on voyait cela de toutes les fenĂȘtres. Les regards plongeaient dans le jardin. » In Actes et paroles. II, 1875 . Affaire Tapner 1834. A Lord Palmerston » extrait. Y Victor Hugo dĂ©fense de la culture
VictorHugo, qui avait six ans, reçut avec ses frĂšres des leçons d'un ancien prĂȘtre mariĂ©, LariviĂšre, excellent latiniste, qui lui apprit Ă aimer Virgile. L'enfant eut Ă©galement Ă cette Ă©poque pour maĂźtre bĂ©nĂ©vole, le gĂ©nĂ©ral Lahorie, alors proscrit et que Mme Hugo accueillit pendant quelque temps aux Feuillantines. Il continua ainsi des Ă©tudes peu suivies jusqu'en
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