TitleArthur Schopenhauer = Essai sur le libre arbitre Author: Saint Guinefort Created Date: 1/6/2006 12:00:00 AM
Sujet. Expliquer le texte suivant Interrogez un homme tout Ă fait sans prĂ©jugĂ©s voici Ă peu prĂšs en quels termes il sâexprimera au sujet de cette conscience immĂ©diate que lâon prend si souvent pour garante dâun prĂ©tendu libre arbitre Je peux faire ce que je veux. Si je veux aller Ă gauche, je vais Ă gauche ; si je veux aller Ă droite, je vais Ă droite. Cela dĂ©pend uniquement de mon bon vouloir je suis donc libre. » Un tel tĂ©moignage est certainement juste et vĂ©ridique ; seulement il prĂ©suppose la libertĂ© de la volontĂ©, et admet implicitement que la dĂ©cision est dĂ©jĂ prise la libertĂ© de la dĂ©cision elle-mĂȘme ne peut donc nullement ĂȘtre Ă©tablie par cette affirmation. Car il nây est fait aucune mention de la dĂ©pendance ou de lâindĂ©pendance de la volition 1 au moment oĂč elle se produit, mais seulement des consĂ©quences de cet acte, une fois quâil est accompli, ou, pour parler plus exactement, de la nĂ©cessitĂ© de sa rĂ©alisation en tant que mouvement corporel. Câest le sentiment intime qui est Ă la racine de ce tĂ©moignage qui seul fait considĂ©rer Ă lâhomme naĂŻf, câest-Ă -dire sans Ă©ducation philosophique ce qui nâempĂȘche pas quâun tel homme puisse ĂȘtre un grand savant dans dâautres branches, que le libre arbitre est un fait dâune certitude immĂ©diate en consĂ©quence, il le proclame comme une vĂ©ritĂ© indubitable, et ne peut mĂȘme pas se figurer que les philosophes soient sĂ©rieux quand ils le mettent doute. ⊠Aussi est-il malaisĂ© de faire concevoir Ă lâhomme qui ne connaĂźt point la philosophie la vraie portĂ©e de notre problĂšme, et de lâamener Ă comprendre clairement que la question ne roule pas sur les consĂ©quences, mais sur les raisonset les causesde ses volitions. Certes, il est hors de doute que ses actes dĂ©pendent uniquement de ses volitions ; mais ce que lâon cherche maintenant Ă savoir, câest de quoi dĂ©pendent ces volitions elles-mĂȘmes, ou si peut-ĂȘtre elles seraient tout Ă fait indĂ©pendantes. Schopenhauer, Essai sur le libre arbitre 1838 1 acte de volontĂ©, manifestation de la volontĂ©. La connaissance de la doctrine de lâauteur nâest pas requise. Il faut et il suffit que lâexplication rende compte, par la comprĂ©hension prĂ©cise du texte, du problĂšme dont il est question. CorrigĂ©. Les hommes sont-ils libres au sens oĂč ils ont la capacitĂ© de choisir ? Telle est du moins lâidĂ©e quâils se font souvent. Et ce qui le prouve, câest que leur conscience atteste quâils sont Ă la source de certaines actions. Or, nâest-ce pas mal posĂ© le problĂšme de la libertĂ© entendue comme libre arbitre ? Tel est lâenjeu dans cet extrait de lâEssai sur le libre arbitre de Schopenhauer qui date de 1838. Le philosophe allemand veut montrer que la question du libre arbitre ne porte pas sur les consĂ©quences de nos actes et mais sur leurs raisons ou leurs causes, autrement dit, quâon pose mal le problĂšme du libre arbitre. On verra dâabord le point de vue de lâhomme sans aucune teinture de philosophie sur le libre arbitre. On verra ensuite pourquoi la garantie du sentiment intĂ©rieur nâest pas suffisante pour prouver lâexistence du libre arbitre. On verra enfin comment doit ĂȘtre posĂ© le problĂšme du libre arbitre. Schopenhauer commence par inviter son lecteur Ă questionner un homme quâil qualifie de tout Ă fait sans prĂ©jugĂ©s ». Il faut comprendre quâil nâa pas de croyances acquises sans rĂ©flexion, voire quâil nâen a aucune. Avant dâĂ©noncer les propos quâil lui fait tenir, il indique quâils concernent le thĂšme du libre arbitre et renvoient Ă la thĂšse selon laquelle notre conscience immĂ©diate fonderait lâidĂ©e de libre arbitre. On comprend que Schopenhauer prend ses distances avec ce type dâanalyse puisquâil parle dâun prĂ©tendu libre arbitre ». Comprenons que la conscience que nous avons de nos actes et de nos pensĂ©es, câest-Ă -dire la connaissance ou le sentiment de ce que nous pensons ou faisons, nous montrerait que nous sommes douĂ©s de libre arbitre, autrement dit, que nous choisirions sans ĂȘtre dĂ©terminĂ© par quelque cause ou raison extĂ©rieure ou intĂ©rieure. Chacun aurait donc pour parler comme Descartes dans la Lettre au pĂšre Mesland du 9 fĂ©vrier 1645 la facultĂ© positive de se dĂ©terminer pour lâun ou lâautre de deux contraires, câest-Ă -dire de poursuivre ou de fuir, dâaffirmer ou de nier », et mĂȘme de le faire contre des raisons Ă©videntes. Et câest cette idĂ©e de libre arbitre qui nâest pas Ă©vidente pour Schopenhauer. Il fait donc parler lâhomme ordinaire pour lui faire dĂ©fendre lâexistence du libre arbitre. La premiĂšre affirmation quâil lui attribue est quâil pense pouvoir faire ce quâil veut. Il lui fait donner comme preuve deux exemples de mouvements de directions opposĂ©es, Ă droite et Ă gauche, qui dĂ©pendent Ă chaque fois de sa volontĂ©. Il lui fait soutenir que comme son mouvement dĂ©pend de sa volontĂ©, il en infĂšre quâil est libre. Par faire ce quâon veut, il ne faut pas entendre ĂȘtre toujours capable de rĂ©aliser sa volontĂ©. Car il est clair quâen ce sens, nul ne serait libre comme le soutenait Ă juste titre Hobbes dans Le citoyen 1642. Mais, il faut entendre le fait dâavoir une volontĂ© libre, câest-Ă -dire qui ne dĂ©pend dâaucune cause extĂ©rieure ou intĂ©rieure. Or, Schopenhauer, tout en concĂ©dant que le tĂ©moignage est juste et vĂ©ridique, autrement dit que tout homme qui expose sa conscience dâagir volontairement dira ce quâil pense se passer en lui, remet en cause le dit tĂ©moignage car il ne prouve rien selon lui. En effet, lâauteur explique que le tĂ©moignage prĂ©suppose la libertĂ© de la dĂ©cision, câest-Ă -dire le fait que la dĂ©cision nâest pas un effet dĂ©terminĂ© par une cause externe ou interne. Par consĂ©quent, si pour prouver la libertĂ© de la volontĂ©, on use dâun tĂ©moignage qui lâadmet dĂ©jĂ , lâexplication est donc circulaire. Câest ce quâon nomme un diallĂšle ou cercle vicieux ou infĂ©rence rĂ©ciproque. Et dĂšs lors, ce nâest pas le tĂ©moignage de la conscience immĂ©diate qui peut prouver la libertĂ© de la volontĂ©. Toutefois, si nous avons la conscience immĂ©diate dâagir par nous-mĂȘmes sans ĂȘtre dĂ©terminĂ© par une cause extĂ©rieure ou intĂ©rieure comme dans lâexemple du dĂ©placement que Schopenhauer prend pour illustrer le point de vue de lâhomme ordinaire, comment peut-on remettre en cause le libre arbitre ? Schopenhauer donne lâexplication pour laquelle la conscience immĂ©diate ne touche pas au problĂšme principal du libre arbitre qui est celui de savoir si la volition sâest dĂ©cidĂ©e de façon dĂ©pendante ou indĂ©pendante. Dans le premier cas, la volition serait donc dĂ©terminĂ©e par quelque chose dâautre quâelle-mĂȘme. Dans le second cas, la volition serait indĂ©terminĂ©e. Dans le premier cas, il nây aurait pas de libre arbitre et il serait une erreur ou une illusion, câest-Ă -dire une reprĂ©sentation qui persiste mĂȘme si on montre quâelle est fausse ou improbable. Dans le second cas, le libre arbitre existerait puisque la volition ne serait pas dĂ©terminĂ©e elle serait en quelque sorte autonome. Reste que pour lâinstant, Schopenhauer nâindique pas de quoi dĂ©pendrait la volontĂ©. Cette conscience immĂ©diate qui accompagne la volontĂ© sâen tient Ă la question des consĂ©quences de lâacte, câest-Ă -dire de ce qui sâensuit de la volition. Schopenhauer prĂ©cise que la conscience immĂ©diate sâen tient au fait que lâacte dĂ©coule nĂ©cessairement de la volition comme mouvement corporel. Autrement dit, il y a une relation de nĂ©cessitĂ©, câest-Ă -dire qui ne peut ĂȘtre autrement entre la volition et lâacte. La conscience peut donc considĂ©rer que la volontĂ© rĂ©alise ce quâelle peut et se sent donc libre. Il nâen va pas de mĂȘme lorsquâun mouvement a lieu indĂ©pendamment de la volontĂ©, voire contre elle, que ce soit dans le mouvement rĂ©flexe, par exemple cligner des yeux, ou que ce soit dans les mouvements qui dĂ©pendent dâautre chose que de la volontĂ©, comme dans les gestes de celui qui a trop bu dâalcool. DĂšs lors, le propos de Schopenhauer se limite aux actes volontaires et sâil signifie que tous nos actes sont volontaires, il ne prend pas en compte la claire conscience de lâinverse. Aussi, explique-t-il par le sentiment intime cette croyance au libre arbitre. Cela implique quâil semble concevoir la conscience comme un sentiment et non comme une connaissance. Or, le sentiment peut ĂȘtre erronĂ© quant au fait. Schopenhauer remet donc en cause la thĂšse qui fait de la conscience une source de connaissance. Il considĂšre que ce sentiment conduit lâhomme naĂŻf, quâil dĂ©finit comme manquant de culture philosophique tout en reconnaissant quâil peut ĂȘtre savant par ailleurs, Ă considĂ©rer que le libre arbitre est une certitude immĂ©diate, câest-Ă -dire une certitude qui ne dĂ©coule pas dâun raisonnement ou dâune dĂ©monstration, mais qui se donne elle-mĂȘme pour vraie. Schopenhauer en dĂ©duit que lâhomme naĂŻf pensera le libre arbitre comme une vĂ©ritĂ© indubitable. Autrement dit, la vĂ©ritĂ© du je pense donc je suis » cogito ergo sum selon Descartes dans le Discours de la mĂ©thode 1637, IV° partie, AT, VI, 32 serait celle du libre arbitre. Schopenhauer ne critique pas ici directement Descartes qui soutenait lâĂ©vidence du libre arbitre notamment dans sa Lettre au pĂšre Mesland du 9 fĂ©vrier 1645. Mais il fait dĂ©river de la conscience de tout homme la croyance au libre arbitre. Aussi, lâhomme naĂŻf ne peut comprendre la remise en cause que font les philosophes du libre arbitre. Cette remise en cause consiste Ă en faire un problĂšme, voire Ă soutenir contrairement Ă lâĂ©vidence du sentiment intĂ©rieur que notre volontĂ© nâest pas libre mais dĂ©terminĂ©e. Or, sur quelle base est-il possible de remettre en cause le libre arbitre Ă©tant donnĂ© que la conscience nous livre les seules certitudes apparentes sur les mouvements de notre esprit ? DâoĂč le philosophe pourra-t-il remettre en cause lâĂ©vidence du libre arbitre que Schopenhauer admet comme Ă©manant du sentiment intime ? Schopenhauer prĂ©cise dans le deuxiĂšme extrait de son Essai sur le libre arbitre que lâhomme ignorant la philosophie ne comprend pas le problĂšme du libre arbitre. Et il est vrai que celui qui est conscient dâagir librement ne peut comprendre comment on pourrait remettre en cause cette conscience qui paraĂźt absolument claire. Aussi Schopenhauer va expliquer Ă nouveau comment se pose le problĂšme. Il concerne selon lui non pas les consĂ©quences de la volontĂ©, mais les raisons ou les causes de la volontĂ©. Si par raison on entend ce pourquoi on agit, il faut donc implicitement admettre que nous pourrions avoir des raisons dâagir qui nous Ă©chappent et qui nous dĂ©terminent Ă agir sans quâil y ait choix. Câest donc en ce sens que la volontĂ© serait dĂ©pendante. Si par cause on entend ce qui produit un effet nĂ©cessairement alors la volontĂ© serait Ă plus forte raison dĂ©terminĂ©e. On peut illustrer le propos de Schopenhauer en prenant lâexemple dâun homme sous lâemprise de lâalcool. Câest la cause pense-t-on du fait quâil bavarde. Par contre, il aura des raisons de dire telle ou telle chose quâil regrettera sĂ»rement dâavoir dit mĂȘme si lâalcool lâa rendu sincĂšre cf. in vino veritas ou áŒÎœ ÎżáŒŽÎœ áŒÎ»ÎźÎžÎ”Îčα / En oino aletheia Dans le vin, la vĂ©ritĂ© ». Or, ne peut-on pas penser que nos actes ne soient pas les consĂ©quences de nos volitions mais quâils aient une autre cause ? Câest ce que Schopenhauer nâadmet pas. Il pense bien au contraire que les actes ont pour source la seule volontĂ©, câest-Ă -dire que chaque acte est lâeffet dâune volition. Autrement dit, il accepte le tĂ©moignage de la conscience selon lequel lâacte dĂ©coule nĂ©cessairement dâune volition. Autrement dit, il nây a pas dâautre cause Ă lâacte que la volition. Elle nâest pas une illusion qui consisterait en ce que nous croirions que lâacte dĂ©coulerait de notre volontĂ© alors quâil aurait une autre source. DĂšs lors, puisque la liaison entre la volontĂ© et lâacte est hors de doute, pourquoi le libre arbitre ne serait-il pas lui aussi Ă©vident ? Il prĂ©cise donc que lâenjeu de la question, câest de savoir si les volitions sont dĂ©pendantes de quelque chose dâautres ou bien si elles sont indĂ©pendantes. Autrement dit, les volitions sont-elles les effets de raisons ou de causes ? Dans lâhypothĂšse dâune rĂ©ponse positive, il faudrait quâelles soient des effets dĂ©terminĂ©s et donc nĂ©cessaire. Car, on peut admettre le libre arbitre et penser que nous avons des raisons dâagir dâune façon plutĂŽt que dâune autre, câest-Ă -dire ne pas ĂȘtre indiffĂ©rents au sens de ne pas avoir plus de raisons pour un parti que pour un autre comme Descartes le soutient dans sa Lettre au pĂšre Mesland du 9 fĂ©vrier 1645. En effet, selon lui, le libre arbitre ou indiffĂ©rence au sens dâune puissance de la volontĂ© dâaffirmer ou de nier, de poursuivre ou de fuir lâun ou lâautre des contraires peut aller Ă lâencontre des raisons pour lâun si elles sont fortes. Et il y a bien une raison pour Descartes affirmer notre libre arbitre. DĂšs lors, sâil y a une raison qui nous fait agir, elle doit ne pas se distinguer en principe des causes et dĂ©terminer nĂ©cessairement son effet pour quâon puisse nier le libre arbitre. Or, la conscience selon Schopenhauer ne dit rien sur cette question. Câest pourquoi le problĂšme du libre arbitre se pose malgrĂ© la conscience de volitions qui sont toujours suivies des actes qui en dĂ©coulent nĂ©cessairement. Disons pour finir que le problĂšme dont il est question dans cet extrait de lâEssai sur le libre arbitre de Schopenhauer est celui de savoir comment se pose philosophiquement le problĂšme du libre arbitre. En effet, Schopenhauer montre que la conscience commune admet le libre arbitre sans y voir un problĂšme philosophique possible. La raison en est quâelle est le sentiment que les actes que nous commettons dĂ©coulent nĂ©cessairement de nos volitions. Schopenhauer lâadmet. Mais il reproche Ă cette conscience commune, philosophiquement inculte, de ne pas saisir que le problĂšme se pose en amont, câest-Ă -dire est-ce que nos volitions elles-mĂȘmes dĂ©coulent nĂ©cessairement de raisons ou de causes ou bien sont-elles indĂ©pendantes ?
Essaisur le libre-arbitre. Arthur Schopenhauer « Jâai fini par mâouvrir une voie en dĂ©pit de la rĂ©sistance de tous les professeurs de philosophie pendant de longues annĂ©es conjurĂ©s contre moi, et les yeux du public Ă©clairĂ© sâouvrent de plus en plus sur le compte des summi philosophi de lâAcadĂ©mie de Danemark. Si, Parution : 2021-12-09 Editeur : Collection
par Arthur Schopenhauer » TĂ©lĂ©charger au format PDF ou ePub RĂ©sumĂ© Dans ce brillant essai couronnĂ© par l'AcadĂ©mie Royale de NorvĂšge en 1839, Schopenhauer pose dâentrĂ©e de jeu comme solution Ă lâĂ©nigme du libre arbitre que lâhomme est un ĂȘtre dĂ©terminĂ© une fois pour toutes par son essence, possĂ©dant comme tous les autres ĂȘtres de la nature des qualitĂ©s individuelles fixes... Cet ouvrage a Ă©tĂ© numĂ©risĂ©, adaptĂ© et mise en page en mai 2013 par Guy Heff et Dvid pour le site
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Schopenhauer est le reprĂ©sentant dâune pensĂ©e pessimiste Ă la luciditĂ© maladive. Il se fait, tout au long de sa vie, chasseur dâillusions. Toute lâĆuvre de Schopenhauer sâarticule autour de cette prĂ©tention Ă comprendre le monde vĂ©ritablement ». Personnage Ă lâorgueil illimitĂ©, il dit Jâai simplement continuĂ© son Ćuvre. » en parlant de Kant. Il va mĂȘme jusquâĂ affirmer que sa pensĂ©e est lâaboutissement de lâhistoire de la philosophie. Philosophie qui, chez Schopenhauer, sâarme contre les valeurs dans une lutte sans merci. Schopenhauer a pour volontĂ© dâanĂ©antir les idĂ©aux des hommes. Grand adversaire de Hegel, il oppose Ă la raison souveraine de celui-ci une philosophie de lâabsurde. Schopenhauer puise dans le bouddhisme et les textes sanskrits les VĂ©das pour forger une pensĂ©e qui humilie lâhomme et la reprĂ©sentation. Un certain Friedrich Nietzsche, qui peut ĂȘtre considĂ©rĂ© comme le plus direct hĂ©ritier de Schopenhauer, ira jusquâĂ lâaccuser de nihilisme, parti pris discutable mais non sans fondement. Dans le cadre de notre devoir, nous nous limiterons au cas du libre arbitre, qui se voit montrĂ© du doigt et niĂ© par le virulent philosophe. Il sera important pour la bonne progression de notre rĂ©flexion de dĂ©gager les diffĂ©rents problĂšmes corrĂ©latifs Ă cette prise de position. Mais commençons tout dâabord par donner un certain nombre de dĂ©finitions essentielles Quâest ce que le libre arbitre ? Ătymologiquement, le mot vient du latin liber et arbitrium, respectivement, libre et jugement de lâarbitre. LittĂ©ralement donc, cela signifie pouvoir de dĂ©cider. La tradition philosophique pense le libre arbitre comme une libertĂ© proprement humaine. Il sâagit de lâaction singuliĂšre de notre volontĂ© sans influence extĂ©rieure, le libre arbitre, câest Je peux faire ce que je veux. ». Mais alors, quâest ce que la volontĂ© ? Le mot vient du latin voluntas et signifie facultĂ© de vouloir. La tradition philosophique dĂ©finit la volontĂ© comme une facultĂ©, comme la cause originelle des actes humains libres. Câest lâinstrument qui permet Ă lâhomme de tendre vers une fin. Câest Ă partir de ces deux dĂ©finitions que les problĂšmes commencent Ă se poser. Ils se posent justement car les dĂ©finitions que nous venons de proposer ne sont pas celles de Schopenhauer. Il est tout dâabord fondamental de bien saisir la conception que celui-ci se fait de la volontĂ©. Dans une premiĂšre partie, nous nous pencherons sur la contradiction inĂ©vitable entre volontĂ© comme chose en soi et libre arbitre, nous parlerons aussi du rejet de lâindividuation. Puis, dans un deuxiĂšme temps, nous prĂ©senterons plusieurs points importants que Schopenhauer Ă©nonce dans lâEssai sur le libre arbitre afin de relĂ©guer la prĂ©tendue libertĂ© humaine au rang de chimĂšre. Finalement, nous expliquerons en quoi consiste la vĂ©ritable libertĂ© pour Schopenhauer. I Dans son ouvrage principal, Le monde comme volontĂ© et comme reprĂ©sentation 1818, Schopenhauer prĂ©sente lâessentiel de sa philosophie, une mĂ©taphysique de la volontĂ©. Pour Arthur Schopenhauer, la volontĂ© est la chose en soi. Elle est lâĂȘtre vĂ©ritable et donc possĂšde la valeur ontologique la plus Ă©levĂ©e. La volontĂ© nâest plus une facultĂ© humaine, au sens oĂč je peux mâen servir en vue dâune fin. Elle est pensĂ©e par Schopenhauer comme indĂ©pendante, comme une force vive, irrationnelle et aveugle. Pour Schopenhauer, les hommes sont les esclaves de la volontĂ©. La volontĂ© individuelle nâest quâune illusion. A partir de cette dĂ©finition unique et subversive, le libre arbitre se voit Ă©branlĂ© dans ses fondements. Comment le libre arbitre, en tant que pouvoir dâagir », peut-il tenir debout devant un tel prĂ©supposĂ© ? Lâagir des hommes nâest donc plus que lâagir dâune volontĂ© qui leur est Ă©trangĂšre mais qui est en eux. Pour Schopenhauer, les comportements humains ne sont que les manifestations de cette volontĂ© hypostasiĂ©e. Le libre arbitre est donc relĂ©guĂ© au rang dâillusion, de fantasme purement humain. De cette incompatibilitĂ© de la volontĂ© comme la conçoit Schopenhauer et du libre arbitre comme le pense la philosophie traditionnelle, Schopenhauer tient ici son argument principal. Cette conception extrĂȘmement problĂ©matique ne lâest plus une fois comprise dans le contexte dâabsurditĂ© qui caractĂ©rise la pensĂ©e de Schopenhauer. Le monde, aux yeux de ce dernier, nâa pas de sens, pas plus que lâhomme nâa de finalitĂ©. LâĂȘtre humain pour Schopenhauer est au monde sans raison. La place quâil occupe, dans le royaume de la volontĂ©, lâunivers, nâest guerre plus importante que celle des autres ĂȘtres vivants. Nous nâavons absolument aucun but Ă accomplir ici bas, nous ne sommes que des moyens pour la volontĂ© de sâaccomplir. Si Schopenhauer est incontestablement un prĂ©curseur du romantisme, il nâest en aucun cas un humaniste. Il y a chez Schopenhauer un refus radical de lâanthropocentrisme. MĂȘme si la maniĂšre dont Schopenhauer pense le libre arbitre est en accord avec sa doctrine, elle demeure la cible de nombreuses objections. Comment expliquer alors le progrĂšs des civilisations ? La volontĂ© des hommes Ă tendre vers un but commun nâest-elle pas Ă©vidente ? Le dĂ©veloppement de la culture humaine nâapparaĂźt il pas dâemblĂ©e comme rationnel ? Comment expliquer la contradiction entre lâirrationalitĂ© de la volontĂ© et la rationalitĂ© que lâhomme peut manifester dans certaines actions ? Comment lâincohĂ©rence absolue pourrait elle produire de la cohĂ©rence mathĂ©matiques, physique, philosophie ? Pour Schopenhauer, ce ne sont que des illusions, des fabulations humaines autour dâun rien » fondamental. La cohĂ©rence nâest en rien dans les choses rĂ©elles, elle ne se trouve que dans la connaissance qui nâest quâune interprĂ©tation illusoire rĂ©gie par un principe de raison qui lâest tout autant. Les actions des hommes ne sont plus propres Ă eux-mĂȘmes, elles sont les diffĂ©rentes manifestations de la volontĂ© reine, reine sans but, sans raison, sans tempĂ©rance. La volontĂ© est donc cette entitĂ© substantielle qui donne Ă la vie du monde et des hommes sont non-sens ». Rappelons au passage un point dĂ©terminant de la pensĂ©e de Schopenhauer Cf. Le monde comme volontĂ© et comme reprĂ©sentation pour celui ci, lâindividuation principe qui confĂšre Ă un individu une existence singuliĂšre elle-mĂȘme est une illusion. En effet, nous ne sommes que les marionnettes de la volontĂ©. Notre existence nâa rien de singuliĂšre, nous sommes car la volontĂ© le veut. Prenons lâamour, exemple paradigmatique de la libertĂ© et de la singularitĂ©. Pour Schopenhauer, nous croyons aimer de maniĂšre libre, nous croyons choisir lâĂȘtre aimĂ© selon des critĂšres personnels. Cependant, il nâen nâest rien, lâamour doit ĂȘtre banni, il nâest que le masque dâune volontĂ© qui cherche Ă persĂ©vĂ©rer dans son ĂȘtre » comme dirait Spinoza. Dans lâamour, explique Schopenhauer, nous prenons pour un but individuel un but gĂ©nĂ©rique la perpĂ©tuation de lâespĂšce. Cf MĂ©taphysique de lâamour, du Monde comme volontĂ© et comme reprĂ©sentation. II Dans lâEssai sur le libre arbitre, Ćuvre rĂ©digĂ©e en 1877 dans le cadre dâun concours organisĂ© par la SociĂ©tĂ© royale de NorvĂšge, Schopenhauer rĂ©pond Ă la question suivante Le libre arbitre peut-il ĂȘtre dĂ©montrĂ© par le tĂ©moignage de la conscience de soi ? Schopenhauer, dans le chapitre premier explique que la libertĂ© doit ĂȘtre comprise comme un concept nĂ©gatif, chose originale. En effet, il pense la libertĂ© comme une absence dâobstacles, de forces dâoppositions. Il distingue trois sortes de libertĂ©, la premiĂšre physique, la seconde morale et la derniĂšre intellectuelle. Celle qui est au centre de la question est la seconde. On peut commencer par affirmer que Schopenhauer sâoppose, du point de vue de la conscience, Ă Descartes. Il est bien connu que ce dernier sâest efforcĂ© toute sa vie Ă maintenir la souverainetĂ© de la conscience humaine. Dans ses Principes de philosophie, il dit Nous avons une conscience si parfaite de la libertĂ© dâindiffĂ©rence qui est en nous, quâil nâest rien qui nous soit connu avec plus de luciditĂ© ni dâĂ©vidence. ». Quâest ce que cette libertĂ© dâindiffĂ©rence » ? Pour Descartes, câest le plus bas degrĂ© de la libertĂ©. Câest un cas dâaction humaine oĂč la raison nâest pas le facteur dĂ©terminant du choix. Câest en fait une action humaine contingente, non Ă©clairĂ©e. Schopenhauer part de cette phrase de Descartes pour remettre en question la fiabilitĂ© de notre conscience immĂ©diate ». En effet, pour Schopenhauer, notre conscience est irrĂ©mĂ©diablement tournĂ©e vers lâintĂ©rieur. Elle ne peut donc pas expliquer les concepts de causalitĂ© et de nĂ©cessitĂ© qui sont relatifs Ă lâentendement et donc tournĂ©s vers lâextĂ©rieur. Pour Schopenhauer, la conscience intime nâa aucune valeur explicative, elle ne fait que dĂ©clarer la libertĂ© des actes en prĂ©supposant la libertĂ© de la volontĂ©. Or, pour Schopenhauer, la vĂ©ritable question qui est La volontĂ© est elle libre ? » nâest absolument pas envisagĂ©e par cette facultĂ©. Schopenhauer distingue le dĂ©sir et le vouloir, qui lui semble souvent, sujet Ă un amalgame. Il explique, dans son second chapitre de lâEssai sur le libre arbitre, que le dĂ©sir peut ĂȘtre double, voir multiple. Il y a indiscutablement, au sein de notre conscience, la possibilitĂ© de dĂ©sirer deux choses opposĂ©es. Cependant, il nâen va pas de mĂȘme pour la volontĂ©. En effet, la conscience ne peut nous expliquer les motifs de notre volontĂ©. On sait que lâon veut, mais on ne sait pas pourquoi est ce que lâon veut. Quâest ce qui dĂ©termine notre volontĂ© Ă sâincliner dâune maniĂšre ou dâune autre ? Pour Schopenhauer, notre conscience ne peut rĂ©pondre Ă cette question, celle-ci reste inĂ©vitablement tournĂ©e vers lâintĂ©rieur. Or, les motifs, pense Schopenhauer ne peuvent ĂȘtre compris que par les causes extĂ©rieures. Pour son investigation, Schopenhauer renonce donc Ă ce premier instrument quâest la conscience, car elle se rĂ©vĂšle inefficace. Il en appelle alors Ă lâentendement, facultĂ© humaine rĂ©solument tournĂ©e vers lâextĂ©rieur. Schopenhauer cherche donc, suite Ă lâĂ©chec de lâexamen par la conscience, Ă dĂ©montrer lâexistence de la libertĂ© humaine Ă travers les ĂȘtres douĂ©s de volontĂ©s objectifs. Son Ă©tude introspective devient donc empirique. Schopenhauer base son Ă©tude sur une causalitĂ© a priori reprise du vocabulaire kantien et avec comme instrument lâintelligence. En effet, pour Schopenhauer la condition de notre intuition phĂ©nomĂ©nale du monde est la causalitĂ© avec bien sur le temps et lâespace. Si lâon considĂšre donc la causalitĂ© comme la rĂšgle nĂ©cessaire et indĂ©passable de la nature, lâhypothĂšse du libre arbitre apparaĂźt comme littĂ©ralement surnaturelle, comme une corruption de principe, comme un effet sans cause. Schopenhauer insiste beaucoup sur le fait que cette forme fondamentale de lâentendement, la causalitĂ©, est absolument universelle et nĂ©cessaire, quâelle ne peut ĂȘtre sujet Ă des exceptions. Lâentendement apparaĂźt alors, lui aussi, comme incapable de rendre compte du libre arbitre. Câest une Ă©ventualitĂ© quâil ne peut concevoir. Pour Schopenhauer, lâerreur que commet le sens commun, câest dâenvisager le libre arbitre comme une puissance dâagir. Il affirme quâil faut rĂ©orienter la rĂ©flexion Ă partir de la puissance de vouloir. En effet, si le libre arbitre est pensĂ© par rapport Ă la puissance dâagir, il faut que cet agir soit dĂ©jĂ envisagĂ© comme libre, prĂ©supposĂ© erronĂ© pour Schopenhauer. Il dĂ©place donc le problĂšme sur le mode de la puissance de vouloir. Cependant, la question demeure la mĂȘme Le vouloir lui-mĂȘme est-il libre ? Câest-Ă -dire le vouloir est-il conforme Ă la volontĂ© ? Pour Schopenhauer cette question, qui pour le sens commun paraĂźt Ă©vidente, nâa rien de tautologique, câest un vĂ©ritable problĂšme, un problĂšme clef. Dire que la volontĂ© est libre nâa donc ici rien dâanalytique, pour emprunter une expression chĂšre Ă Kant. Pour Schopenhauer, câest bien plus un prĂ©jugĂ© quâune Ă©vidence. Le premier chapitre de notre devoir met dĂ©jĂ en place la remise en question Ă©vidente de la volontĂ© humaine. Avec Schopenhauer, la volontĂ© est pensĂ©e comme extĂ©rieur Ă lâhomme, au sens oĂč elle nâest plus un attribut En effet, la volontĂ© mĂ©taphysique est dans toutes les choses.. Avec la destruction du libre arbitre, Schopenhauer ne pouvait nous laisser ainsi, comme des effets sans cause. En effet, nâĂ©tant plus la cause de nos actions, il nous en faut trouver une nouvelle, extĂ©rieure Ă nous. La cause de notre agir nâest autre que la volontĂ© toute puissante. Les actions humaines ne sont que les effets de la volontĂ© comme chose en soi. LâĂ©tablissement de ce nouveau rapport de causalitĂ© Ă©branle la rationalitĂ© dans son ensemble. Nous ne sommes plus les acteurs de notre vouloir, nos projets ne sont plus nos projets, nos pensĂ©es ne sont plus nos pensĂ©es. Toute prĂ©tendue finalitĂ© consciente, positive de lâexistence humaine nâest quâun mirage terrifiant. La seule vĂ©ritable cause est la volontĂ©. III Comment Schopenhauer envisage-t-il alors la libertĂ© ? Il lâenvisage, comme la plupart du temps, en rupture avec la conception classique qui place cette libertĂ© dans lâOperari Action. En effet, pour la tradition, la libertĂ© consiste dans lâagir, lâhomme peut de part ses actes sâamĂ©liorer, et donc prouver son indĂ©termination. Pour Schopenhauer, câest une erreur capitale de la philosophie. La libertĂ© se trouve dans lâEsse lâEtre. Schopenhauer effectue un vĂ©ritable retournement en rendant les actions nĂ©cessaires et lâĂȘtre libre. Câest par ce que nous faisons que nous reconnaissons nous mĂȘmes ce que nous sommes. » Lâhomme ne se rĂ©alise donc plus dans son agir, mais câest cet agir qui nous permet de comprendre notre nature immuable, dĂ©terminĂ©e. Nous sommes donc absolument vissĂ© Ă notre caractĂšre. Pour Schopenhauer, nous ne pouvons ĂȘtre autrement que nous sommes. Nos actions, quelles quâelles soient, ne sont que les rĂ©sultantes de notre caractĂšre et adviennent par nĂ©cessitĂ©. La seule libertĂ© rĂ©side donc dans lâessence que, paradoxalement, nous ne choisissons pas. Pour Schopenhauer, lâhomme est dĂ©jĂ ce quâil veut ». En effet, lâhomme ne peut sâaffranchir de sa nature, tous ses actes dĂ©coulent naturellement de ce quâil est. Pour Schopenhauer, nous lâavons vu, la libertĂ© humaine nâexiste pas. Cela veut il dire quâil nây a pas de libertĂ© ? Quâil nây aurait de libertĂ© quâhumaine ? Pour Schopenhauer, la seule forme vĂ©ritable de libertĂ© est la volontĂ© elle-mĂȘme. Pourquoi est elle libre ? Parce quâelle est indiffĂ©rente. Elle nâest jamais mue par des motifs, elle nâagit jamais en vue dâune fin. En effet, nous avons dit dans notre premier chapitre que celle-ci Ă©tait irrationnelle, elle Ă©chappe donc Ă toute raison suffisante. La libertĂ©, pour Schopenhauer, doit ĂȘtre entendue comme une indĂ©termination fondamentale ĂȘtre libre, câest ĂȘtre absolument inconditionnĂ©. La volontĂ© rĂ©pond Ă cette exigence, elle est donc libre. La libertĂ© de Schopenhauer est, comme le reste de sa philosophie, absurde. En effet, la libertĂ© est une absence totale de nĂ©cessitĂ©, elle est pure contingence. La volontĂ©, comme la pense Schopenhauer, est complĂštement incohĂ©rente. Et cette incohĂ©rence est sa libertĂ©. Suite aux considĂ©rations que nous venons dâexposer, et si lâon considĂšre Ă nouveau, avec ces nouveaux Ă©lĂ©ments, le problĂšme du libre arbitre, nous ne pouvons faire autrement que de penser lâhomme comme fatalement condamnĂ© Ă ĂȘtre, sans raison ; câest-Ă -dire sans vĂ©ritable pouvoir sur sa propre existence. LâĂȘtre humain nâest donc rien dâautre que le jouet dâune volontĂ© terrifiante qui dĂ©cide pour lui, qui rend toutes ses actions, sans exception, nĂ©cessaires. Cependant, lâombre du pessimisme schopenhauerien peut ĂȘtre Ă©clairĂ© par une chose les arts, et plus particuliĂšrement la musique. En effet, il existe, dans la philosophie de Schopenhauer, une porte que lâhomme peut emprunter afin de pouvoir exprimer autre chose que de la pure nĂ©cessitĂ©. Comment ? En Ă©tant lâexpression de la volontĂ© elle-mĂȘme. En effet, la musique se distingue des autres arts par le fait quâelle nâest pas quâune simple expression des IdĂ©es. Bien sur, Schopenhauer nâenvisage pas vraiment de sotĂ©riologie, il propose nĂ©anmoins une forme de consolation. Par la musique, je me libĂšre ponctuellement de la volontĂ©. Je peux mâaffranchir de ma dĂ©termination inhĂ©rente, je peux dĂ©passer le conditionnement que mâimpose la volontĂ©. En effet, la musique me permet de crĂ©er de lâindĂ©termination, elle est cette possibilitĂ© qui sâoffre Ă lâhomme de rĂ©aliser quelque chose que la volontĂ© ne peut contrĂŽler. En Ă©tant lâexpression de la volontĂ© elle-mĂȘme, la musique nâest plus sous le rĂ©gime autoritaire dâune entitĂ© indĂ©passable. Elle est la volontĂ©. Câest pourquoi le musicien est libre du moins quand il fait de la musique. Suite Ă notre Ă©tude, il devient Ă©vident que Schopenhauer nie le libre arbitre de maniĂšre radicale. PremiĂšrement, le libre arbitre apparaĂźt comme impensable dans une philosophie qui pense la volontĂ© comme indĂ©pendante, comme une entitĂ© auto suffisante. Avec Schopenhauer, il ne sâagit plus de se demander pourquoi nous voulons, mais quâest ce qui nous fait vouloir. En effet, nous ne pouvons rendre compte de notre libertĂ© car nous sommes illusionnĂ©s. Schopenhauer rĂ©pond donc Ă notre place 4 ce qui nous fait vouloir est la volontĂ© mĂ©taphysique. DeuxiĂšmement, lâhypothĂšse du libre arbitre ne peut que rentrer en complĂšte contradiction avec les principes des actes de la nature ; nature dont nous faisons incontestablement partie malgrĂ© cette ambition singuliĂšrement humaine Ă imaginer pouvoir sâen dĂ©tacher. Nous ne pouvons nous affranchir de notre essence immuable. Nos actions sont les effets de la volontĂ© qui est la seule cause vĂ©ritable et une. Nous ne sommes pour la volontĂ© que des moyens dâexpression. Finalement, malgrĂ© la possibilitĂ© que nous offre lâart, et plus particuliĂšrement la musique, de nous affranchir de cette fatale dĂ©termination, nous demeurons les esclaves dâune volontĂ© irrationnelle qui est la seule vĂ©ritable libertĂ©. Doit on pour autant penser lâĆuvre de Schopenhauer comme une entreprise systĂ©matique de nĂ©gation ? Il est assez compliquĂ© dâaffirmer de maniĂšre univoque une telle accusation. Nây a-t-il pas, dans lâĆuvre de Schopenhauer une dimension crĂ©atrice ? Il faut rappeler que la philosophie de celui-ci se veut ĂȘtre une mĂ©taphysique, point qui rend trĂšs paradoxales certaines de ses prises de positions. Pour sa dĂ©fense, rappelons simplement que Schopenhauer nâest pas un penseur du rien » mais un mĂ©taphysicien de la volontĂ©. Il existe donc quelque chose qui nâest pas nĂ©ant ou illusion au sein de sa philosophie. Schopenhauer apparaĂźt incontestablement comme une source dâinspiration trĂšs forte pour la pensĂ©e romantique plus ou moins qui lui succĂšde Proust, Maupassant, Mann et DostoĂŻevski, pour ne citer quâeux.. Schopenhauer est en quelque sorte le fondateur du mal du siĂšcle », ce sentiment profond de mĂ©lancolie mĂȘlĂ©e de dĂ©sespoir qui caractĂ©rise la pensĂ©e du XIXe siĂšcle. Il est tout de mĂȘme important de prĂ©ciser, par souci dâobjectivitĂ©, que Schopenhauer demeure un auteur plein de contradictions, de mauvaises interprĂ©tations Kant, Hegel et dâinspirations notamment le bouddhisme et sa thĂ©orie du non agir Cf. Lao Tseu dans son fameux Tao te king qui rendent sa philosophie trĂšs problĂ©matique et fondamentalement centrĂ©e sur lâaveu lucide de lâinanitĂ© de toute entreprise humaine. Schopenhauer est donc profondĂ©ment pessimiste mais il serait radical de rĂ©duire sa philosophie Ă un grossier nihilisme. Cependant, plusieurs questions intĂ©ressantes restent sans rĂ©ponse Comment Schopenhauer a-t-il fait pour dĂ©couvrir la vĂ©ritĂ© de la volontĂ© ? Peut il expliquer les conditions de cette rĂ©vĂ©lation ? Schopenhauer se pense t il lui-mĂȘme comme extĂ©rieur aux schĂ©mas quâil propose ? Comment fait il pour dĂ©passer la grille de la connaissance quâil considĂšre comme nâĂ©tant en rien la vĂ©ritĂ©, comme Ă©tant une illusion Ă©laborĂ©e ? Si lâon pense lâauteur au sein de sa philosophie on ne comprend pas vraiment les raisons de cet affranchissement, de cette accĂšs miraculeux au vrai. Schopenhauer semble se confĂ©rer un statut Ă©tonnamment supĂ©rieur Ă celui des autres hommes. Schopenhauer aurait il une ambition prophĂ©tique » ?
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Letexte de Schopenhauer Essai sur le libre arbitre pose justement une question similaire, soit si le caractĂšre dâun homme change durant sa vie. Et contrairement Ă HĂ©raclite qui pense que tout change, Schopenhauer pense que le caractĂšre dâun homme ne change pas au fil du temps.
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Laphilosophie, telle que la comprend et la pratique Schopenhauer, est une chasse aux illusions. Dans l'Essai sur le libre arbitre, traduit en 1877 et j
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