Laeticia en latin, câest la joie. La joie fait partie de ma vie. Je dĂ©cide chaque jour de la laisser me guider. Femme de la Terre. Femme des 4 directions. La nature et lâeau m'apaisent. La chouette me guide et mâapporte sa sagesse. La panthĂšre me protĂšge et me guide dans lâobscuritĂ©.
1 2 IGB MAG N°3 juillet 2021 lâĂ©dito Claire Izard, prĂ©sidente dâIGB ĂDITION Un an ! Douze mois dĂ©jĂ , mais douze mois seu- lement ! Le 9 juillet 2020, les titres de mes pre- miers auteurs â La FiancĂ©e du 11 septembre et Le projet Vanility â sortaient en librairie. Coups de cĆur de la FNAC, ils Ă©taient suivis par la pa- rution du tome 2 de Vanility et par LâĂditrice, coup de cĆur de la FNAC et de Cultura. Depuis, dix auteurs ayant rejoint IGB, le catalogue 2021- 2022 comprendra au minimum 32 rĂ©fĂ©rences. En mai, Folle de nuit a Ă©tĂ© coups de cĆur FNAC et CULTURA. Panique Ă lâĂvĂȘchĂ© rencontre ses lec- teurs. Le silence des Chartreux vient dâarriver en librairie. Dealer ou la valse des maudits et K-144 sont vivement attendus. Dâailleurs le 21 juillet, Philippe Will dĂ©dicacera Ă la librairie Albin Mi- chel du boulevard Saint-Germain Ă Paris. Enfin, jâai lancĂ© IGB MAG per- Un pas aprĂšs lâautre, car les arbres mettant de recevoir dix livres neufs Ă prix gratuit ! Comme ne montent pas jusquâau ciel ! vous le savez, prix gratuit ne signifie pas nul ». GrĂące Ă vous, les auteurs perçoivent des droits sur des ouvrages non commercialisĂ©s, et ils vous re- mercient chaleureusement de contribuer Ă augmenter leur au- dience. Pour ma part, je suis heureuse que cette dĂ©marche no- vatrice permette dâaccĂ©der Ă la littĂ©rature Ă moindre coĂ»t. Dâailleurs, je lancerai prochainement une carte cadeau, la pos- sibilitĂ© de rĂ©gler lâabonnement Ă IGB MAG en trois mensualitĂ©s et offrirai deux livres de poche pour un brochĂ©. Cela Ă©tant, jâavance avec prudence. SĂ©duits par un plan dâaf- faires pertinent, des partenaires mâont permis de mâadjoindre les services dâune agence de communication afin dâaccroĂźtre la notoriĂ©tĂ© de mes auteurs. Ă cet Ă©gard, chargĂ© du Business development, Marc Gervais dĂ©voile nos choix stratĂ©giques dans ce numĂ©ro de juillet consacrĂ© pour partie Ă Alexis Giaco- muzzi. Vous dĂ©couvrirez François Montjaret, un blogueur pas- sionnĂ© de thrillers, DaphnĂ© RĂ©a, une artiste internationale dâorigine italienne et Pierre Lajudie, interviewer dâauteurs. En- fin, la rubrique une_lectrice_a_paris donne lâoccasion de con- naĂźtre mes coups de cĆurs littĂ©raires. PAGE DE GAUCHE Je vous souhaite un magnifique Ă©tĂ© et vous donne rendez- vous en octobre pour la rentrĂ©e littĂ©raire, avant de vous dĂ©voi- Librairie FNAC PARIS TERNES ler nos pĂ©pites de lâannĂ©e 2022 grĂące Ă un numĂ©ro spĂ©cial qui Folle de nuit vous rĂ©servera de belles surprises pour NoĂ«l. Coup de cĆur des libraires Juin 2021 3 IGB MAG N°3 Ă©tĂ© 2021 le sommaire 58 FOCUS 8 PRESSBOOK Alexis Giacomuzzi Anna Liron et Emma Palissot 12 BOOKSMARKET Lâinterview de Marc Gervais par Sylvie Roussel 24 Sorties nationales Dealer, ou la valse des maudits K-144 La FiancĂ©e du 11 septembre LâAdieu 4 sommaire 44 RENCONTRE RUBIS par Marc Gervais 54 RENCONTRE SOLĂNE MELCHIOR par Pascal Tissier 56 Les coups de cĆur de lâĂ©ditrice Mon amie AdĂšle. Sarah Pinborough & Lâesclavage, un crime contre lâhumanitĂ© 5 sommaire 65 BOOKSTAGRAM Francois_and_the_books 70 BOOKSADDICT DaphnĂ© Rhea Pellissier 80 BOOKSMAKER Pierre Lajudie 6 sommaire 83 BOOKLIST 2021-2022 84 Frissons 94 Anticipation 97 VĂ©cu 112 Jeunesse 114 Poche 7 8 PRESSBOOK Anna et Emma ont vingt ans. Talentueuses, pleines dâenvies et pressĂ©es dâaffronter la vie rĂ©- elle, elles nâont pas attendu dâĂȘtre diplĂŽmĂ©es pour partir Ă la conquĂȘte de marchĂ©s. SĂ©duite par leur volontĂ© dâentreprendre, Claire Izard leur a confiĂ© le design de ses collections. CI-DESSUS 9 Emma Palissot, graphiste et designer PAGE DE GAUCHE Anna Liron, illustratrice PRESSBOOK Welcome on board, les Miss ! Anna et Emma ? Elles sont jeunes, il est vrai ! Mais aux Ăąmes CI-DESSUS bien nĂ©es, la valeur nâattend point le nombre des annĂ©es ! Souvent citĂ© Ă contre-emploi, ce vers de Pierre Corneille quali- Exemple de design de produit fie nĂ©anmoins parfaitement ces deux femmes de leur Ă©poque © 2021 Palissot qui font fi de leur jeunesse. En effet, alors quâelles nâont mĂȘme pas lâĂąge requis pour boire une biĂšre aux Ătats-Unis, elles ex- CI-DESSUS pĂ©rimentent lâentrepreneuriat depuis deux ans. Exemple de design web BacheliĂšres prĂ©coces, elles se sont rencontrĂ©es sur les bancs © 2021 Palissot de lâuniversitĂ© Gustave Eiffel, situĂ©e Ă Marne-la-VallĂ©e. Entre projets pour lâĂ©cole et services rendus aux copains, lâidĂ©e dâex- ploiter leur complĂ©mentaritĂ© a germĂ©, puis sâest structurĂ© le 1er juillet 2019. A cette Ă©poque, lâune et lâautre Ă©taient Ă peine majeures. Deux ans plus tard, ce binĂŽme fonctionne Ă merveille. Emma Palissot est passionnĂ©e par lâensemble des domaines artistiques et aime mettre en valeur sa crĂ©ativitĂ© sur tout type de mĂ©dias. Graphiste et notamment experte en identitĂ© vi- suelle, cette Toulonnaise dessine, photographie, encre et colo- rie depuis lâenfance. PersuadĂ©e que lâĂ©motion passe par lâimage que lâon se fait de lâimage », elle publie Ă lâĂąge de dix- sept ans, un recueil de pensĂ©es intitulĂ© Et AprĂšs ? » aux Ă©di- tions Saint-HonorĂ©. CI-CONTRE Exemple de graphisme de Letterbox © 2021 Palissot/Greneu 10 CI-DESSUS PRESSBOOK Portrait de Yeule, artiste Singapourienne Puis, elle en profite pour sâimmerger dans la communication © 2020 Liron interactive. Alors, elle en vient naturellement Ă crĂ©er un studio indĂ©pendant de jeux vidĂ©o dĂ©nommĂ© Maki Edition pour ex- ploiter Letterbox, un jeu immersif oĂč le choix stratĂ©gique dâun design Ă©purĂ© sublime une histoire complexe. InspirĂ© du roman Inconnu Ă cette adresse » de Kressmann Taylor, Emma et son conjoint Mathias Greneu ont conçu et codĂ© leur jeu en cinq semaines ! DĂ©veloppĂ©e pour Android et disponible exclu- sivement sur Playstore, cette application consiste Ă dĂ©couvrir la vie dâun inconnu via les lettres quâil reçoit quotidiennement. Une entrepreneuse est nĂ©e, la fondatrice dâIGB sait que le dy- namisme dâEmma amĂšnera Maki Edition et le studio EP vers les sommets. Anna Liron est illustratrice. Une pure dessinatrice. Parisienne, fille dâimprimeur et titulaire dâune licence dâArt NumĂ©riques, elle a la ferme intention de dĂ©crocher de nombreux contrats afin de pouvoir assumer les frais onĂ©reux dâune formation de concept art et ainsi faire le job de ses rĂȘves. En effet, tombĂ© amoureuse de Prince of Persia Ă lâĂąge de dix ans, Anna nâest jamais revenue de son voyage dans lâunivers des jeux vidĂ©o. Ainsi, elle se destine Ă ĂȘtre concept artist, câest- Ă -dire celle qui, sous la houlette dâun directeur artistique ou dâun rĂ©alisateur, transformera un concept en une crĂ©ation vi- suelle digitale. Pour ce faire, il faut visualiser une atmosphĂšre et la reproduire avec exactitude. BriefĂ©e sur les couvertures de Frousse dâenfer, Anna possĂšde cet instinct consistant Ă trans- former trois lignes en dessin rĂ©aliste. Aussi, dans quelques annĂ©es, Claire Izard ne doute pas quâelle apercevra le patronyme dâAnna au crĂ©dit de blockbusters pro- duits par les majors de Los Angeles ou de la Silicon Valley. CI-CONTRE Le SamouraĂŻ du Mont Fuji © 2021 IGB/ Liron 11 12 CI-DESSUS Sylvie Roussel et Marc Gervais © 2021 Claire Izard BOOKSMARKET PAGE DE GAUCHE Ă lâoccasion du premier anniversaire de la commercialisa- tion des titres dâIGB Ădition, Sylvie Roussel, animatrice de Marc Gervais. 62 ans. lâĂ©mission ça se discute » sur FM et prĂ©sidente de Cofondateur dâIGB Ădition. Radio VallĂ©e VĂ©zĂšre depuis sa crĂ©ation en 1981, interroge Ancien Ă©diteur. Marc Gervais. Retranscrite comme elle a Ă©tĂ© enregistrĂ©e, SpĂ©cialiste de la crĂ©ation dâentreprise cette interview menĂ©e sans complaisance, ni langue de © 2021 Claire Izard bois permet dâapprĂ©hender lâĂ©conomie du livre, de dĂ©cou- vrir la stratĂ©gie de dĂ©veloppement dâun Ă©diteur indĂ©pen- dant et de cerner les mĂ©canismes dâune levĂ©e de fonds. 13 BOOKSMARKET Marc Gervais⊠dâhabitude, quand vous arrivez Ă la station, CI-DESSOUS vous faites le clown⊠Mais aujourdâhui, je vous sens tendu⊠Chargement de pins. â ⊠Je suis fatigué⊠Avec Claire Izard, la prĂ©sidente dâIGB Ădi- Smurfit Kappa. Landes. tion, nous venons de vivre un trimestre intense oĂč nous avons bossĂ© non-stop dix-huit heures par jour⊠Mais le printemps a dĂ©butĂ© sous les meilleurs auspices⊠LâĂ©tĂ© sera beau et avec la sortie de MĂ©tacitĂ©s et probablement la commercialisation de deux autres pĂ©pites, lâautomne sera agrĂ©able⊠Sur notre antenne, vous avez dĂ©clarĂ© que votre oiseau prĂ©- fĂ©rĂ© est le faucon, car vous aviez rĂ©cemment croisĂ© deux vrais cons⊠Dois-je comprendre que lâhiver a Ă©tĂ© rude ? â ⊠Pfff⊠sourires⊠Je dirais quâil a Ă©té⊠disons⊠chahutĂ© ! Mais, ce nâest pas Ă©tonnant⊠câest le quotidien des entreprises en dĂ©marrage⊠Cela Ă©tant⊠vous ne mâavez quand mĂȘme pas fait lever aux aurores pour mâinterroger sur mes Ă©tats dâĂąme ! Pourquoi ? Vous en avez ? â Aucun ! Je suis au service dâIGB Ădition⊠on mâa ordonnĂ© de protĂ©ger sa fondatrice Claire Izard et son actionnariat⊠JusquâĂ ce que lâon mâintime dâinterrompre ma mission, je le ferai sans remord⊠et⊠naturellement sans regret ! Ăa tombe bien, car nous nâallons pas parler rĂ©cits, mais fi- nances ! Victoire passant son bac, je la remplace⊠Il nây aura pas dâinterview dĂ©calĂ©e, ni dâhumour au xiĂšme degrĂ©. Jâattends que vous vous exprimiez sans langue de bois afin que nos au- diteurs et les abonnĂ©s dâIGB MAG dĂ©couvrent vraiment les dessous de lâĂ©conomie du livre ! Vous ĂȘtes prĂȘt ? â Allons y ! Marc Gervais⊠Sommairement... quâest-ce que lâĂ©dition ? â Je sens que je vais ĂȘtre dĂ©testé⊠Euh⊠Comme vous ĂȘtes une ancienne de lâindustrie papetiĂšre, vous allez comprendre⊠Selon une rĂ©cente communication du syndicat des Ă©diteurs, lâĂ©dition⊠câest annuellement tonnes de livres adres- sĂ©es aux libraires⊠tonnes dâouvrages retournĂ©es aux Ă©diteurs et tonnes mises au pilon ! Ăa fait combien dâarbres ? â Beaucoup ! Sachant que 12 arbres sont nĂ©cessaires pour fabriquer une tonne de papier, je vous laisse faire le calcul⊠ça doit faire arbres et quelques qui ont Ă©tĂ© coupĂ©s en pure perte, car câest cela dont il sâagit... Vous utilisez du papier recyclĂ© ? â Non ! Je ne vois pas pourquoi nous payerons plus cher du papier que nous avons contribuĂ© Ă fabriquer en donnant nos invendus aux recycleurs⊠et ce dâautant plus que, selon une Ă©tude publiĂ©e en 2020 par lâuniversitĂ© de Yale, lâimpact envi- 14 CI-DESSUS BOOKSMARKET Impression dâun ouvrage IGB ronnemental du papier recyclĂ©, dont la production implique CPI BussiĂšre lâusage des Ă©nergies polluantes, induit une empreinte carbone trĂšs Ă©levĂ©e. Chez IGB, nous prĂ©fĂ©rons replanter les arbres que nous avons utilisĂ©s et surtout Ă©viter de dĂ©truire ce que nous avons imprimé⊠dâoĂč la crĂ©ation du Mag IGB dont lâabonne- ment permet de recevoir dix livres gratuits ! LĂ est la vĂ©ritable attitude Ă©co-responsable ! Il ne suffit pas de lĂ©gifĂ©rer pour pousser les industriels Ă utiliser des encres composĂ©es de 75% dâeau au lieu dâencres Ă base de solvant pour ĂȘtre Ă©co- friendly⊠Lâencre Ă lâeau Ă©tant hydrophile, elle nâest pas dissol- vable⊠et ne peut donc pas ĂȘtre recyclĂ©e⊠Vous avez une autre question sur le sujet ? Sourires Non ! Mais je voudrais revenir sur lâabonnement qui permet de recevoir dix livres... Comment cette idĂ©e de livres Ă prix gratuit a-t-elle Ă©tĂ© accueillie ? â ⊠Tout dâabord⊠des livres Ă prix gratuit » est un slogan ! Jeu de mot avec livres Ă prix rĂ©duit », prix gratuit » ne si- gnifie pas prix nul », puisque la rĂ©ception des ouvrages est subordonnĂ©e au paiement dâun abonnement. Ceci Ă©tant prĂ©ci- sĂ©, je vous confirme que mĂȘme les libraires nous fĂ©licitent⊠En effet, ils ont compris que nous renforcions le potentiel lecto- rat de nos auteurs avec des ouvrages dont ils nâont pas vou- lu⊠Ils devinent que dĂ©couvrir Ă moindre coĂ»t de nouveaux auteurs les servira Ă terme⊠et quâils sont en prĂ©sence dâun Ă©diteur intelligemment comptable de ses investissements⊠Comme vous lâimaginez, les lecteurs sont ravis de faire une bonne affaire, mĂȘme sâils reçoivent les ouvrages aprĂšs leur du- rĂ©e de vie en librairie⊠Je suppose que les auteurs IGB sont ravis ! â Ă vrai dire, ils auraient probablement prĂ©fĂ©rĂ© que nous nâayons pas eu Ă inventer ce systĂšme de diffusion⊠Chacun espĂšre vendre un maximum de livres en librairie afin de perce- voir 10% sur le prix public hors taxe⊠soit 1,80 euros pour un bouquin vendu 19,90 TTC. Cela Ă©tant, une majoritĂ© dâauteurs IGB ont Ă©tĂ© nos premiers abonnĂ©s, car ils ont compris lâavan- tage du systĂšme leur permettant de percevoir soixante-dix centimes par ouvrage diffusĂ© via le pass Mag. En fait, nous ap- pliquons Ă nos auteurs le pourcentage prĂ©vu pour la commer- cialisation en club⊠soit 15% du prix tarif Les auteurs se partagent sept euros⊠au prorata du nombre de leurs titres retenus Ă chaque abonnementâŠ. Oui⊠mais 70 centimes, câest moins quâ1,80 euros ! â ⊠Sourires⊠Je vous confirme mĂȘme que ça fait 1,10 euros de diffĂ©rence par ouvrage⊠mais câest mieux que zĂ©ro, car je vous rappelle que nous parlons dâinvendus ! Quel auteur sâen plaindrait ? ArrĂȘtons de dĂ©conner... il faudrait avoir la puis- sance de rĂ©flexion dâun mollusque pour dĂ©nigrer un systĂšme permettant de percevoir de lâargent sur un produit non com- mercialisé⊠Cette facultĂ© nâexiste nulle part... sauf chez IGB⊠Vous imaginez la SACEM versant des droits pour des disques non diffusĂ©s Ă lâantenne... Un restaurateur percevant de lâar- 15 BOOKSMARKET gent sur des plats non commandĂ©s... Un producteur de films touchant des droits dâentrĂ©e sur les siĂšges vides⊠ou tenez⊠un assureur vous indemnisant pour un sinistre qui nâa pas eu lieu ? En interprĂ©tant judicieusement le juridisme de la loi Lang, nous avons rĂ©ussi Ă modifier la chaĂźne traditionnelle du livre en plaçant le consommateur de part et dâautre du cycle de la vie dâun livre. Quâest-ce que votre organisation recouvre ? â En apprĂ©hendant les goĂ»ts littĂ©raires de nos abonnĂ©s dont la pierre angulaire est constituĂ© par les membres de notre co- mitĂ© de lecture, nous pouvons bĂątir un catalogue oĂč chaque titre est appelĂ© Ă devenir un classique⊠Alors que la durĂ©e de vie dâun livre en librairie est de trois mois et que les invendus sont systĂ©matiquement retournĂ© Ă lâĂ©diteur au bout de douze mois maximum afin dâĂȘtre dĂ©truit, nous distribuerons tout rĂ©- cit via lâabonnement tant quâil sera rĂ©servĂ© en quantitĂ© raison- nable⊠naturellement. Cela explique pourquoi les auteurs IGB font des envieux, Justement⊠câest quoi un auteur ? â Comptablement⊠un code-barre ! Une sortie de caisse ! Hahaha⊠vous allez vous faire des amis ! â SincĂšrement... vous connaissez un auteur dĂ©daignant le terme reddition des comptes » ? Celles et ceux qui parlent de leur rĂ©cit comme dâune Ćuvre, sont les premiers Ă rĂ©clamer le paiement de leur droit⊠Donc⊠pour vous⊠un livre se borne à ça ? â Je nâai pas inventĂ© le commerce ! Mais oui⊠le livre est un produit⊠un code ISBN⊠Pour les grands groupes Ă©ditoriaux, un livre⊠câest un patronyme⊠Musso⊠Levy⊠Nothomb⊠ou 16 CI-DESSUS BOOKSMARKET Jean-Pier Delaume-Myard un titre⊠Harry Potter⊠AstĂ©rix⊠Pour les Ă©diteurs indĂ©pen- DR La RĂ©publique du Centre dants, câest une couverture⊠un prix public et un rĂ©sumĂ© sur la quatriĂšme de couverture⊠On travaille trĂšs dur au quotidien pour quâun jour Tissier⊠Hage⊠Giacomuzzi⊠Will⊠Pecylak⊠Bigourie⊠Battista⊠Delaume⊠Dubat et dâautres comme Cy- rielle Menguy ou encore Julie Gaillard deviennent une marque incontournable⊠au mĂȘme titre que les Rolling Stones⊠ou les fraises Tagada⊠Et vous ? â Je ne mâexclue pas, car je nâĂ©chappe pas Ă la rĂšgle⊠Le jour oĂč je cesse de recevoir de bonnes critiques et que mes rĂ©cits ne rencontrent pas leurs lecteurs, jâarrĂȘte ! Mon statut de co- fondateur dâIGB ne me protĂšge pas⊠Pourquoi irais-je obĂ©rer les capacitĂ©s dâinvestissements dâIGB et par-delĂ sanctionner indirectement mes consĆurs et mes confrĂšre pour des rĂ©cits qui nâintĂ©ressent que mon conjoint ou ma belle-sĆur ? Quâest-ce quâun rĂ©cit ? â Câest une excellente question ! Un rĂ©cit est une espĂ©rance ! Un vecteur de fidĂ©lisation dâun lectorat⊠En fait, câest un Ă©ter- nel recommencement qui impose Ă lâauteur de se remettre en cause Ă chaque titre⊠Mais au prĂ©alable, câest une interroga- tion, une Ă©motion⊠ou une intuition ! Vous mâexpliquez ? â Chez tout Ă©diteur, lâintĂ©gration dâun titre au catalogue est forcement la conclusion dâune rĂ©flexion⊠Si les premiĂšres pages envoyĂ©es par le soumettant ne sont pas exception- nelles, le rĂ©cit doit ĂȘtre adoubĂ© par le comitĂ© de lecture⊠câest alors une interrogation⊠IGB nâĂ©chappe pas Ă la rĂšgle⊠Mais la souplesse de notre structure nous permet dây dĂ©roger⊠Quand un vendredi aprĂšs-midi, Claire se plonge dans le texte de Julie Gaillard⊠que je vois ses yeux briller... Et que je lâen- tend rire ou pleurer⊠je devine que nous inscrirons un nou- veau titre au catalogue⊠Enfin, lâintuition recouvre la percep- tion que nous pouvons avoir de la personnalitĂ© dâun auteur⊠IGB est une chance unique pour les primo-romanciers⊠En somme⊠un Ă©diteur est un dĂ©nicheur de talents ? â Restons humbles ! Câest dâabord une personne physique qui travaille avec le matĂ©riel littĂ©raire et le potentiel humain correspondant Ă sa taille. Ensuite, câest un passionnĂ© qui a la chance de se battre dans un marchĂ© Ă©chappant Ă la saisonna- litĂ©, mĂȘme si pour les formats de poche, certaines pĂ©riodes de lâannĂ©e sont plus favorables que dâautres. Dans le cas dâun Ă©diteur dĂ©butant... quand tout va bien, il une force de proposi- tion⊠Dans le cas contraire, Atlas porte le monde sur ses Ă©paules⊠Nous sommes dans le monde des affaires, pas dans celui des Bisounours⊠IGB nâĂ©dite pas pour flatter les egos, mais pour adresser le produit le plus parfait possible Ă la cible Ă laquelle il est destinĂ©. Ensuite, le marchĂ© dĂ©cide, mĂȘme si notre organisation et notre ligne Ă©ditoriale rĂ©duit les risques⊠17 BOOKSMARKET Pourquoi ? CI-DESSOUS â ⊠Nos livres peuvent se vendre toute lâannĂ©e⊠On peut MAXIBOUR$E inventĂ© par Marc Gervais acheter du Tissier de janvier Ă dĂ©cembre⊠Nous ne sommes 1er jeu de sociĂ©tĂ© occidental commercialisĂ© pas dans le scolaire ludique qui se vend en juillet et en aoĂ»t⊠ou dans le scolaire pur dont 90% du chiffre dâaffaires est rĂ©ali- sĂ© en septembre⊠MĂȘme si Frousse dâenfer permet dâap- prendre en sâamusant Ă lire, nous comptabiliserons des ventes tout au long de lâannĂ©e⊠Vous comptez pĂ©nĂ©trer les segments Ă©ducatifs ? â Certainement pas ! MĂȘme si les Frousse ont une forte con- notation Ă©ducative, vouloir pĂ©nĂ©trer un marchĂ© vĂ©rouillĂ© par Hachette, Belin, Magnard, Nathan et Playbac est suicidaire⊠à ce point ? â ⊠Je sais de quoi je parle pour avoir rĂ©flĂ©chi Ă ce type de diversification quand jâĂ©tais un crĂ©ateur de jeux de sociĂ©tĂ© en vogue Ă la fin des annĂ©es 80, puisque jâai Ă©tĂ© dĂ©signĂ© trois an- nĂ©es de suite crĂ©ateur de lâannĂ©e. La puissance et la capacitĂ© de lobbying de Nathan au sein de lâĂducation Nationale Ă©taient telles que les majors amĂ©ricaines qui me soutenaient comme Mattel ou Hasbro ont renoncĂ© Ă se lancer dans la ba- garre de lâĂ©ducatif ⊠En consĂ©quence, IGB restera dans la fic- tion et se fera une place au soleil avec une ligne Ă©ditoriale in- temporelle destinĂ©e Ă Ă©mouvoir, divertir et sensibiliser les en- fants de dix Ă quatre-vingt-dix ans ! Je rĂ©sume⊠Un Ă©diteur est une force de proposition qui place ses espoirs de gain dans un produit sans avoir la certi- tude quâil trouvera preneur et dont les auteurs constituent son ADN. Ai-je bien compris ? â ⊠Non ! LâADN dâune maison dâĂ©dition, câest une ligne Ă©di- toriale clairement dĂ©finie, portĂ©e par des rĂ©cits parfaitement aboutis enveloppĂ©s dans emballage le plus attrayant possible, proposĂ©s Ă un prix raisonnable et dont le succĂšs commercial dĂ©pend grandement dâune prĂ©sence assidue de lâauteur sur les rĂ©seaux sociaux. Enfin pour ĂȘtre complet⊠Hormis Philippe Will et Pascal Tissier qui disposent dâune base de quelques milliers de lecteurs, les auteur IGB sont des diamants bruts ap- pelĂ©s Ă devenir des littĂ©rateurs⊠câest-Ă -dire des auteurs, qui mis en confiance par les efforts promotionnels de leur Ă©diteur, prennent plaisir Ă produire Ă intervalle rĂ©gulier. En somme⊠les auteurs IGB sont heureux ! â Pourquoi ne le seraient-ils pas ? Tout dâabord, ĂȘtre Ă©ditĂ© Ă compte dâĂ©diteur est un privilĂšge de plus en plus rare⊠Cer- tains de nos auteurs ont connu des Ă©checs, ils connaissent donc leur chance... Ensuite, ils touchent du pognon sur les stocks morts ». Enfin, leurs rĂ©cits sont diffusĂ©s par une Ă©di- trice qui a prĂ©fĂ©rĂ© sâassurer les services dâune boĂźte de com de renom au lieu de privilĂ©gier les salaires ! Cette dĂ©marche est tellement rare que Claire Izard mĂ©rite dâen ĂȘtre remerciĂ©e. 18 BOOKSMARKET Qui est rĂ©ellement Claire Izard ? â ⊠Une folle ! ⊠Une gonzesse totalement cinglĂ©e⊠Une na- na qui a dĂ©cidĂ© de mettre entre parenthĂšse une vie profes- sionnelle oĂč rien de fĂącheux ne pouvait lui arriver et par-delĂ de se mettre en danger pour vivre son rĂȘve dâĂ©diter de bons rĂ©cits⊠Grande lectrice, elle raisonne en consommatrice⊠Elle mâĂ©pate, car alors quâelle dĂ©couvre les affres de la crĂ©ation dâentreprise, rien ne la dĂ©courage⊠Câest un monstre de vo- lontĂ© ! Dâun naturel rĂ©servĂ©, elle dĂ©teste se mettre en avant, mais elle apprend Ă une vitesse folle⊠Pour le succĂšs de ses auteurs, rien ne lui semble impossible⊠Cependant, elle a du caractĂšre et dĂ©teste ĂȘtre prise pour une imbĂ©cile ou quâon lui manque de respect elle attend de ses publiĂ©s quâils travaillent avec application et quâils soient les vecteurs constitutifs de la promotion de leurs ouvrages⊠Qui est Claire Izard ? Une Ă©di- trice moderne qui, contrairement Ă des confrĂšres Ă©tablis, nâac- cepte pas de subir des comportements de diva. Eu Ă©gard aux sacrifices quâelle sâimpose pour sortir de lâanonymat de par- faits inconnus, elle nâest pas prĂȘte Ă supporter les caprices. Câest difficile de porter un projet dâentreprise ? â ChĂšre Sylvie, vous avez fait votre carriĂšre chez un grand pa- petier et aujourdâhui vous Ćuvrez au dĂ©veloppement de votre radio⊠Donc, vous connaissez la diffĂ©rence entre une structure Ă©tablie et une crĂ©ation dâentreprise dont on pense Ă tort que câest un jeu dâenfant⊠Câest mĂȘme tout le contraire⊠Alors, la crĂ©ation dâune maison dâĂ©dition est un pensum... â Je ne dirais pas ça⊠Chez IGB, rien nâest rĂ©barbatif... Mais comme je lâai dĂ©jĂ dit sur votre antenne⊠lâĂ©chec peut ĂȘtre fi- nancier, mais lâerreur ne doit pas ĂȘtre humaine⊠Pour rĂ©- pondre Ă votre question⊠tout dĂ©pend qui on doit convaincre dâamender son texte pour quâil soit reçu par son cĆur de cible ou quel texte on corrige⊠Cela Ă©tant, notre quotidien est plu- tĂŽt plaisant, car les auteurs IGB sont intelligents⊠Ils ne sâac- crochent pas Ă leur texte initial comme une moule Ă son ro- cher⊠Ils comprennent les impĂ©ratifs du marchĂ©. Ce sont des gens Ă©quilibrĂ©s⊠Ils ont un boulot⊠des enfants⊠En rĂ©alitĂ©, mĂȘme sâils ont un autre job, il agissent en professionnels⊠Quand on voit avec quelle application Philippe Will a relu le texte de Dealer ou la valse des maudits alors quâil sâagit dâune réédition, on devine quâil Ă©crit par plaisir et non pour le plaisir. Câest difficile de vivre de sa plume ? â Oui⊠1% seulement des auteurs français perçoivent lâĂ©qui- valent de trois fois le SMIC... Cependant, je suis persuadĂ© que des auteurs IGB Ă©mergeront⊠Certains seront mĂȘme primĂ©s... Vraiment ? â ⊠Si on fait bien notre boulot, il nây a aucune raison de ne pas y arriver... Dâailleurs, on vient de faire une premiĂšre levĂ©e des fonds sur la base dâun business plan intelligible⊠19 BOOKSMARKET Ă quoi ressemble le plan dâaffaires dâun petit Ă©diteur ? â ⊠à une feuille de route oĂč lâon dĂ©montre quâavec des au- teurs dĂ©butants et un circuit commercial Ă©mergeant, on est capable de gĂ©nĂ©rer progressivement du cash⊠Quels sont les Ă©cueils Ă Ă©viter ? â Il y en a deux principaux⊠En premier lieu... Il faut Ă©viter de mentir et de se mentir⊠Il est indispensable de bĂątir un plan de dĂ©veloppement que lâon peut tenir aprĂšs avoir apprĂ©ciĂ© avec objectivitĂ© lâenvironnement dans lequel on se situe⊠Quand le secteur Ă©ditorial du premier groupe français reprĂ©- sente seulement 280 millions dâeuros de chiffre dâaffaires, prĂ©- senter des perspectives pharaoniques de retour sur investisse- ment nâest pas crĂ©dible⊠Il ne faut jamais oublier quâune li- brairie est le commerce de dĂ©tail de France le moins rentable. En second lieu, il faut se marier avec les bonnes personnes⊠ce qui nâest jamais facile... Vous avez lâexpĂ©rience de la crĂ©ation dâentreprise ? â ⊠Un peu⊠Jâai exercĂ© trois mĂ©tiers⊠CrĂ©ateur de jeux de sociĂ©tĂ© et de jouets⊠puis, Ă©diteur de livres de voyages⊠et crĂ©ateur dâalgorithmes de compression des donnĂ©es numĂ©- riques⊠Donc⊠jâai fondĂ© ma premiĂšre entreprise Ă 26 ans⊠la seconde Ă 33, la troisiĂšme Ă 44 ans et co-fondĂ© IGB Ă 61 ans⊠Quand jâai quittĂ© lâindustrie du jouet en 1992, Ernst &Young a estimĂ© que mes inventions avaient engendrĂ© un flux financier supĂ©rieur Ă 100 millions de dollars⊠Au cours de ma carriĂšre, jâai crĂ©e plus de 500 emplois⊠et avec mon labo de recherches sur la compression, jâai levĂ© 12 millions dâeuros auprĂšs des hĂ©- ritiers Dassault et Wendel⊠Le cabinet amĂ©ricain de propriĂ©tĂ© intellectuelle Dennemeyer avait estimĂ© Ă trois milliards de dol- lars la valeur potentielle des 101 brevets qui mâavaient Ă©tĂ© dĂ©- livrĂ©s dans 45 pays⊠je suis donc familiarisĂ© Ă la crĂ©ation dâen- treprise et Ă la crĂ©ation de richessesâŠ. 20 BOOKSMARKET Justement⊠quelle est la premiĂšre richesse dâIGB ? â Claire Izard ! Claire Izard et sa facultĂ© Ă repĂ©rer un rĂ©cit pro- metteur ! Ă cela rien dâĂ©tonnant, les grands Ă©diteurs comme JĂ©rome Lindon des Ăditions de Minuit ou Bernard de Fallois des Ăditions de Fallois avaient ce don que dâautres ne possĂš- dent pas. Câest ainsi que vous lâavez vendue aux actionnaires ? â Je nâai pas vendue Claire ! Je lâai louĂ©e ! LouĂ©e dans tous les sens du terme dâailleurs, puisque jâai vantĂ© son expĂ©rience de grande lectrice qui, ayant analysĂ© plus de bestsellers, sait distinguer les passages addictifs des paragraphes moins dynamiques et repĂ©rer les sections inutiles ou les parties sura- bondantes. Sachant que les investisseurs achĂštent le passĂ© afin de se prĂ©munir des risques de lâavenir, jâai pu convaincre ! Je ne les ai dâailleurs pas trompĂ©s dans la mesure oĂč les li- braires et les critiques soulignent actuellement la qualitĂ© des sorties IGB du printemps et de lâĂ©tĂ©. Dâailleurs, je ne doute pas un instant que les titres dâoctobre et de novembre reçoivent les mĂȘmes Ă©loges. Quel est le patrimoine dâune maison dâĂ©dition ? â Chez un Ă©diteur Ă©tabli, ce sont ses auteurs bankables et leur capacitĂ© Ă gĂ©nĂ©rer des revenus futurs. Cela Ă©tant, est-ce valorisable ? Si Guillaume Musso dĂ©cĂšde, Calmann-LĂ©vy vau- dra beaucoup moins, alors que chez IGB, si un auteur fait une chute de poney, ça nâaura aucune incidence ! Est-ce Ă dire quâIGB ne vaut rien ? Contrairement aux autres Ă©diteurs, IGB vaut par ses invendus puisquâelle les valorise auprĂšs de ses abonnĂ©s. IGB vaut Ă©galement par sa capacitĂ© Ă imaginer la monĂ©tisation des rĂ©cits dont elle a acquis les droits et y com- pris ceux qui peinent Ă sĂ©duire leur marchĂ©. Vous voulez que je vous explique comment ? Volontiers ! â Câest simple⊠AprĂšs sâĂȘtre adjoint les services dâune boĂźte de communication qui nous donnera plus de visibilitĂ©, puis aprĂšs avoir rĂ©solu le problĂšme des ouvrages non commerciali- sĂ©s en librairie et avoir créé une division Jeunesse en appelant Anna et Emma auprĂšs dâelle, quelle avant-derniĂšre brique de- vra poser Claire pour achever la consolidation de son Ă©difice ? Vous allez me le dire ! â Lâaudiovisuel, Sylvie ! Lâaudiovisuel ! Dans moins de six mois, IGB disposera dâune division chargĂ©e de scĂ©nariser et de transformer des histoires en crĂ©ations digitales. Nous possĂ©- dons la matiĂšre premiĂšre qui est constituĂ©e par les rĂ©cits dont nous avons les droits, mĂȘme si certains marchĂ©s comme celui du Young Adult est compliquĂ©. Ensuite sur la base dâun pre- mier Ă©pisode ou dâun pilote significatif, il suffira de monter des co-productions ou de cĂ©der les droits Ă des boĂźtes de prod ou Ă des diffuseurs. Ensuite, nous attendrons tranquillement la 21 BOOKSMARKET programmation tĂ©lĂ©visĂ©e pour relancer nos titres et en lancer dâautres dans des formats adaptĂ©s Ă nos cibles. Câest la raison pour laquelle, jâai reçu mission de bĂątir un nouveau plan dâaf- faires afin de lever des fonds plus consĂ©quents. Câest astucieux ! Quand cette idĂ©e est-elle nĂ©e ? â DĂšs la crĂ©ation de lâentreprise, en janvier 2020 ! Nous dĂ©ve- lopperons Ă©galement le merchandising quand il sera temps ! Quelle est la derniĂšre brique ? â ⊠Sâattacher les services dâun agent littĂ©raire pour per- mettre Ă nos auteurs de pĂ©nĂ©trer les marchĂ©s Ă©trangers. Combien de temps avez-vous mis pour lever les fonds et sous quel dĂ©lai pensez-vous boucler le second tour ? â Entre la rĂ©flexion stratĂ©gique ayant imposĂ© Ă Claire de rĂ©- flĂ©chir aux sacrifices quâelle devait sâimposer, lâĂ©criture du bu- siness plan et les nĂ©gociations⊠quatre mois ont Ă©tĂ© nĂ©ces- saires. Pour la nouvelle levĂ©e de fonds⊠douze mois seront indispensables pour lever un Ă deux millions dâeuros. Utiliser une plateforme de financement participatif ne serait pas plus rapide ? â Pfff⊠Depuis lâinvention de lâimprimerie, des Ă©diteurs ont recours Ă la souscription⊠RĂ©cemment un Ă©diteur de BD Ă©ro- tiques a utilisĂ© Ulule avec succĂšs... Chacun sursoit Ă ses pro- blĂšmes de trĂ©sorerie comme il le peut⊠Cela Ă©tant, si je ne nie pas lâutilitĂ© de cette forme de financement pour des projets humanitaire, je suis circonspect quand il sâagit de crĂ©ation dâentreprise⊠Un entrepreneur ne fait pas la manche ! Il met en jeu son patrimoine pour la rĂ©ussite de son projet... Ma- dame Izard se situe dans cette logique ! Elle parle de rĂ©tribu- tion de risques par dĂ©livrance dâactions et non de goodies en Ă©change de dix balles ! Cela Ă©tant⊠si ces plateformes peuvent dĂ©clencher le goĂ»t dâentreprendre⊠au fond⊠pourquoi pas... Combien de titres sortez-vous cette annĂ©e ? â Huit⊠soit deux fois plus quâen 2021. 25 titres sont dĂ©jĂ programmĂ©s en 2022. Ă la mi-novembre 2022, IGB comptera plus de 100 rĂ©fĂ©rences. IGB Edition avance trĂšs vite. En juin prochain, le lancement de la collection Frousse dâEnfer va faire mal⊠Pendant cinq ans, nous sortirons chaque annĂ©e six Ă huit titres accompagnĂ©s dâun prĂ©sentoir de 24 Ă 32 exemplaires⊠assortis de lâenvironnement promotionnel indispensable. Comment avez-vous recrutĂ© les auteurs Jeunesse ? â ⊠Le plus simplement du monde⊠Cherchant des auteurs irrĂ©prochables Ă tout point de vue, jâai sollicitĂ© Aude Hage et Pascal Tissier⊠MĂȘme si je ne doute pas que dâautres auteurs IGB pourrait postuler, Claire sâapprĂȘte Ă lancer un appel Ă ma- nuscrit afin de complĂ©ter sa collection. 22 BOOKSMARKET Quelles sont les prochaines Ă©tapes ? â Regarder devant nous pour consolider nos acquis et prĂ©pa- rer les campagnes 2022 et 2023. Avec lâarrivĂ©e des Miss, nous allons peaufiner notre catalogue, commencer lâapproche au- diovisuel, lancer de nouveaux auteurs et Ă©viter ceux atteints de bouffissure qui Ă force dâĂ©crire ont les pieds aussi gonflĂ©s que leur orgueil. Ayant la chance dâavoir une Ă©quipe dâauteurs sympas, nous veillerons Ă la conservation de cette Ă©quilibre⊠Enfin Ă titre personnel, je vais mettre les bouchĂ©es doubles pour que Claire Izard se concentre sur ce quâelle aime faire⊠câest-Ă -dire lire et promouvoir ses titres et ses auteurs. Comment voyez-vous lâavenir ? â Il sera celui que Madame Izard dessinera⊠Dans trois ans, elle aura sorti une soixantaine de titres et lancĂ© une trentaine dâauteurs dont elle aura formĂ© la plupart. Alors, elle prendra la dĂ©cision de continuer ou de choisir une vie moins stressante⊠Quel conseil donneriez-vous Ă un auteur ? â Au plan littĂ©raire⊠aucun⊠car je nâai pas encore fait mes preuves⊠En tant quâĂ©diteur⊠je conseillerais au postulant de suivre notre sens du marchĂ©, puisque rien nâest plus difficile que de prendre du recul par rapport Ă son texte... Comment voyez-vous votre avenir ? â Claire mâa demandĂ© dâĂȘtre Ă©diteur⊠Je suis Ă©galement ro- mancier⊠à la seconde mĂȘme oĂč ce que je fais ne me pas- sionnera plus, jâarrĂȘterai ! Quoi ! Vous arrĂȘteriez dâĂ©crire ? â Croyez-vous que lâannonce de la fin de la carriĂšre de ro- mancier de Marc Gervais plongera la planĂšte dans un blues abyssal ou mettra en pĂ©ril lâĂ©conomie mondiale ? Cela Ă©tant⊠rassurez-vous⊠vous nâĂȘtes pas encore dĂ©barrassĂ©e de moi ! Hahaha⊠Marc Gervais, merci ! Un dernier mot ? â Ouais⊠abonnez-vous Ă IGB MAG ! 23 SORTIES NATIONALES 24 SORTIES NATIONALES 9 JUILLET Ă la Saint-BarthĂ©lemy des camĂ©s, il y avait eu beaucoup de faux semblants et dâĂ©crans de fumĂ©e⊠Brian Jones⊠Jimi Hendrix⊠Janis Joplin⊠Jim Morrison⊠Tous fauchĂ©s au sommet de leur gloire⊠à vingt-sept ans ! Et si Ă la fin des sixties, l'Ă©pidĂ©mie d'overdoses ayant dĂ©cimĂ© les plus grandes stars du rock ne devait rien au hasard ? Quelques semaines aprĂšs la disparition de Jim Morrison, le corps sans vie de Jean de Breteuil est retrou- vĂ© Ă Tanger. Overdose. Une de plus ! Dealer des stars et star des dealers, il fournissait l'hĂ©roĂŻne la plus pure. La plus dangereuse aussi ! ĂlevĂ© par sa mĂšre dans le Marrakech des annĂ©es soixante, il Ă©tait programmĂ© pour re- prendre les rĂȘnes de l'empire de presse familial. HĂ©las, il choisira un autre destin. Si son implication dans la disparition de Jim Morrison ne fait plus de doute aujourdâhui â des tĂ©moins affirment avoir aperçu sa voiture sur le parking du Landmark HĂŽtel la nuit oĂč Janis Joplin a trouvĂ© la mort â Jean cĂŽtoyait Ă©galement Brian Jones et Jimi Hendrix... Une plongĂ©e vertigineuse au cĆur du plus grand mystĂšre de lâHistoire du rock ! Format 140 x 230mm 424 pages Prix public 19,90⏠pass MAG NoĂ«l 2021 25 SORTIES NATIONALES 1er CHAPITRE 1 Le singe en lui sâĂ©tait Ă©veillĂ© bien avant quâil ne reprenne conscience. Tapi dans un repli de son hypophyse, il en Ă©tait encore aux manĆuvres dâapproche. BientĂŽt, les mots doux feraient place Ă une plainte sourde puis lancinante et le ma- caque Ă©voluerait vers quelque chose de plus menaçant une chose aux doigts griffus et aux dents acĂ©rĂ©es, qui le laisserait pantelant de sueur aigre sur son lit aux draps chiffonnĂ©s. Grappiller quelques minutes sur le commencement des opĂ©rations Ă©tait lâune de ses derniĂšres distractions. Une sorte de jeu pervers par lequel Jean rythmait ses journĂ©es et entre- tenait lâillusion dâun plaisir qui ne rĂ©sidait plus que dans lâinterruption du cauchemar qui le prĂ©cĂ©dait. Tous les subterfuges Ă©taient bons pour repousser la li- mite contempler jusquâĂ lâĂ©vanouissement les frises entre- lacĂ©es Ă la surface du plafond, se concentrer sur les insectes virtuels Ă la pĂ©riphĂ©rie de sa vision⊠JusquâĂ ces derniĂšres semaines, il parvenait encore Ă lire quelques lignes de la pile de journaux que lâon continuait Ă dĂ©poser sur sa table de nuit, souvenir du temps aujourdâhui rĂ©volu oĂč il Ă©tait programmĂ© pour reprendre lâempire et de- venir, Ă son tour, le Citizen Kane du Maghreb et de lâAfrique de lâOuest. DĂ©sormais, câĂ©tait au-dessus de ses forces lâAmĂ©rique pouvait patauger autant quâelle le voulait dans les riziĂšres vietnamiennes et les nuages sâamonceler dans le ciel du Pakistan. Rien de tout cela nâallumait plus la moindre lueur dans ses neurones fatiguĂ©s. Ă prĂ©sent, le singe possĂ©dait la taille dâun monstre de foire, ses yeux dâĂ©meraude luisaient dans la semi-pĂ©nombre. Ă lâĂ©vidence, la phase amiable des nĂ©gociations Ă©tait sur le point de sâachever. Peu Ă peu, Jean sentait une gangue de douleur lâenvelopper. Un bourdonnement progressif qui vril- lait ses tempes et comprimait ses cĂŽtes. Ses os Ă©taient aussi 26 SORTIES NATIONALES froids que des morceaux de banquise et sa chair plus brĂ»lante que les flammes de lâenfer. Il allongea le bras. Un instant ses doigts sâattardĂšrent sur la face argentĂ©e de Dionysos, puis aprĂšs avoir ouvert lâĂ©crin de bois prĂ©cieux, il en Ă©tala le contenu devant lui, ajusta ce qui devait lâĂȘtre et nettoya les diffĂ©rents ustensiles. Lorsque le mĂ©lange fut prĂȘt, il entortilla un serpent brun autour de son bras gauche. Sous ses dents, le caoutchouc avait un goĂ»t pharmaceu- tique et rassurant. Il sentit Ă peine lâaiguille fouiller sa chair. AprĂšs avoir observĂ© le reflux dâhĂ©moglobine fleurir la se- ringue translucide, il repoussa le piston vers lâavant et se dĂ©- barrassa de lâĂ©treinte du garrot. Une dĂ©ferlante de chaleur sâempara de lui, mais rien de spectaculaire. En ce qui le con- cernait, la corolle orgasmique accompagnant le rush de lâhĂ©- roĂŻne nâĂ©tait quâun lointain souvenir. Dehors, le souffle du vent du nord se calmait peu Ă peu. La mort Ă©tait le cas de figure le plus probable. Pour autant, vivre continuait Ă faire partie de ses prioritĂ©s. Seulement la rĂ©solution de ce paradoxe ne dĂ©pendait plus de lui⊠à la Saint-BarthĂ©lemy des camĂ©s, il y avait eu beaucoup de faux-semblants et dâĂ©crans de fumĂ©e. Dommage quâil ait Ă ce point tardĂ© Ă sâen rendre compte⊠Il ferma les yeux. Quelque part au fond de lui, le singe en fit autant⊠27 SORTIES NATIONALES 28 SORTIES NATIONALES 9 JUILLET InfluencĂ© par Alain Damasio, le scĂ©nario est dense et les scĂšnes d'action sont efficaces. Un vrai coup de cĆur pour cette plume prĂ©cise et fluide ! Paris 2034. Fred est effrayĂ©, lâenfer a frappĂ© Ă sa porte les habita- tions sont vides, les rues sont dĂ©sertes, du sable noir jonche le sol ! Sa femme, ses amis et ses voisins ont disparu. Il est SEUL ! Du moins le croit-il ! PourchassĂ© par des mercenaires, comment survi- vra-t-il dans un univers dont la destruction a Ă©tĂ© pensĂ©e par un scientifique mĂ©galomane ? Fred comprendra-t-il que son passĂ© est Ă lâorigine du cataclysme ? Appartiendra-t-il au cercle restreint des 144 000 humains appelĂ©s Ă reconstruire le monde ? Un thriller post-apocalyptique prĂ©cis et millimĂ©trĂ© ! Une intrigue soutenue par de multiples rĂ©vĂ©lations ! Format 140 x 230mm 464 pages Prix public 19,90⏠pass MAG NoĂ«l 2021 29 SORTIES NATIONALES 1ers CHAPITRES 1 Le lanceur dâalerte Le jour dâavant, 23 h 55. Câest pour cette nuit ! Enfer- mez-vous dans les abris que vous avez construits et nâen sortez surtout pas avant mon signal ! Si par malheur, je ne parvenais pas Ă vous recontacter, laissez passer trois jours avant de mettre le nez dehors. Sans repĂšre naturel, vous risquez de perdre toute notion du temps. Fiez-vous Ă votre horloge biolo- gique ! JusquâĂ prĂ©sent, si vous avez suivi mes conseils vous ne risquez rien. Continuez Ă me faire confiance ! Nous vivons les derniĂšres heures dâun monde que nous verrons disparaĂźtre. LâHistoire est une alternance perpĂ©tuelle de pĂ©riodes plus ou moins difficiles. La guerre, la paix ! La rĂ©cession, la prospĂ©ritĂ© ! La vie et la mort. On nâen sort jamais indemne, rien ne sera ja- mais plus comme avant. Ă bientĂŽt. Je lâespĂšre de tout mon cĆur ! Assis devant lâĂ©cran de son ordinateur, LĂ©onard se de- mande si tout cela a encore un sens. Pris dâun doute, il sâac- corde quelques secondes pour rĂ©flĂ©chir Ă la suite des Ă©vĂšne- ments. DâaprĂšs ses calculs, on est arrivĂ© au stade ultime du processus de destruction nul nâĂ©chappera Ă la tempĂȘte la plus puissante de toute lâHistoire de lâhumanitĂ© ! Avant de relire son texte, il inspire pour se donner du courage, tant il souhaite employer les mots justes. Quand il est certain dâavoir trouvĂ© la formulation adĂ©quate, il poste le message sur la page dâaccueil de son blog avec la sensation Ă©pouvan- table de jeter une bouteille dĂ©risoire Ă la mer. 30 SORTIES NATIONALES 2 PremiĂšres angoisses Le jour dâaprĂšs, 11 h 47. La terre hurle. PerchĂ© au sommet du Grand Canyon, jâentends sa voix. Elle sâĂ©chappe de gorges bĂ©antes qui dĂ©coupent le paysage Ă perte de vue. Un hurlement dâune intensitĂ© sans Ă©gale portĂ© par un vent brĂ»lant qui monte depuis le fond du prĂ©cipice et me glace les sangs. Sans ce cauchemar insensĂ©, jâaurais sans doute pu dormir quelques heures de plus. CalĂ© au fond de mon lit, jâenfouis ma tĂȘte dans lâoreiller. AprĂšs quelques secondes, agacĂ© par une sonnerie lancinante, je me rĂ©sous Ă ouvrir les yeux. Ils baignent dans un brouillard Ă©pais que je tente de chasser par un battement de cils. Le bruit provient de la rue. Il doit sâagir dâune alarme de voiture. Nous sommes au mois de mars. Le soleil nâest pas encore Ă son zĂ©nith. Pourtant, jâai la sensation que la luminositĂ© est aussi forte quâen plein jour â Lucy ! On sâest pas rĂ©veillĂ© ! mâexclamĂ©-je avec un certain dĂ©couragement. Je suis fatiguĂ©. LâidĂ©e de devoir me prĂ©parer en quatriĂšme vitesse ne mâenchante guĂšre. Dâun geste las, ma main balaie en vain les draps Ă la recherche de Lulu. Lulu ? Câest le sur- nom de ma petite femme. Je ne mâinquiĂšte pas de ne pas la trouver comme il fait Ă©tonnamment chaud en cette fin dâhi- ver, elle a dĂ» se dĂ©couvrir dans son sommeil. NĂ©anmoins, lorsque je tourne la tĂȘte pour vĂ©rifier, je suis seul ! Dehors, lâalarme continue de retentir. Elle tourne en boucle comme un refrain insupportable. Je me redresse, jette un Ćil par la fenĂȘtre et maugrĂ©e â Lulu ? Quelle heure est-il ? On est en retard ! 31 SORTIES NATIONALES Comme mon Ă©pouse ne rĂ©pond pas, je me lĂšve, attrape un peignoir Ă la volĂ©e et me dirige vers notre salon plongĂ© dans la pĂ©nombre. Jâappuie sur lâinterrupteur pour vĂ©rifier ce que je soupçonne dĂ©jĂ une panne dâĂ©lectricitĂ© sâajoute Ă la somme de mes contrariĂ©tĂ©s. Ă lâextrĂ©mitĂ© du sĂ©jour, je trouve le disjoncteur et tente de le remettre en marche rien ! Comprenant alors quâil sâagit dâune panne de secteur, je re- tourne Ă tĂątons dans ma chambre en pensant Ă Lucy. Elle a dĂ» partir tĂŽt. Je crois quâelle avait une rĂ©union. Ă vrai dire, je nâen sais rien. Je nâai pas les idĂ©es claires. En passant de- vant la salle de bains, jâaperçois mon visage dans le miroir. Jâai une sale gueule. Mes yeux sont rouges et cernĂ©s. Mal rasĂ©, les cheveux en bataille, jâai du mal Ă me reconnaĂźtre. Je caresse ma barbe naissante, Ă©tonnĂ© quâelle ait autant poussĂ© durant la nuit. Jâai dĂ» oublier de me raser hier matin. Il faut que je tĂ©lĂ©phone Ă Lucy. Au pied de mon lit, je rĂ©cupĂšre mon smartphone. Ă cet instant, je mâaperçois quâil est dĂ©chargĂ©. Levant les yeux au ciel, jâai la dĂ©sagrĂ©able sensation que le sort sâacharne et peste Ă haute voix comme pour le conjurer â Fais chier, merde ! Ayant le sentiment dâavoir trop dormi ou pas assez, jâai besoin dâun cafĂ© pour me rĂ©veiller. Dans le placard de la cui- sine il y a ma trousse de secours ». SpĂ©cialement conçue pour les pannes dâĂ©lectricitĂ©, elle contient mon kit de survie filtre, cafĂ© et briquet. Engourdi par le sommeil, je remplis une casserole dâeau. Jâallume le gaz qui sâenflamme en cou- ronne autour du brĂ»leur et contemple lâamĂ©nagement de mon loft. Ma cuisine sâouvre sur le salon dont les combles ont Ă©tĂ© entiĂšrement dĂ©gagĂ©s. Lâensemble offre une belle hauteur sous faĂźtage. Jâaime particuliĂšrement le cadre en acier de la baie vitrĂ©e qui dĂ©core harmonieusement la piĂšce. Cet endroit mâa toujours invitĂ© Ă la rĂ©flexion. Mais alors que je bois mon cafĂ© et pense Ă remplir la cou- pelle du chat, mon regard se pose au pied du canapĂ©. Aban- donnant ma tasse sur la table, je mâapproche avec une cer- taine apprĂ©hension de ce qui ressemble Ă de la terre. Je mâac- croupis, tends la main et dĂ©couvre une pyramide de quelques 32 SORTIES NATIONALES centimĂštres de hauteur. Ce nâest pas de la terre, mais du sable ! Du sable ? Oui ! Du sable noir comme on en trouve dans les Ăźles volcaniques ! Les yeux Ă©carquillĂ©s, jâen prends une poignĂ©e et relĂšve la tĂȘte pour vĂ©rifier le plafond. Les poutres sont intactes. Aucun interstice ne permet de laisser filtrer la moindre matiĂšre. Du- bitatif, je me mets Ă quatre pattes, me penche et regarde sous le canapĂ© rien ! Dehors, lâalarme continue de retentir. Les grains de sable filent entre mes doigts. Comme au ralenti, je visualise alors les derniĂšres minutes le rĂ©veil, lâabsence de Lucy et cette sonnerie Ă©pouvantable. GagnĂ© par lâanxiĂ©tĂ©, jâinspire profon- dĂ©ment. Face Ă un puzzle qui mâaffole, je nây comprends plus rien ! Calme-toi Fred ! Rassemble tes idĂ©es ! TĂ©lĂ©phone Ă Lucy ! mâintimĂ©-je en mâhabillant en toute hĂąte pour aller emprunter un tĂ©lĂ©phone Ă mon voisin. Ă cet instant, je suis loin dâimaginer ce qui est advenu, ce qui va mâarriver et en- core moins ce qui sâest tramĂ© dans le monde pendant mon sommeil. 33 34 SORTIES NATIONALES 25 AOUT Jâai vingt ans. Mon pĂšre est lâamour de ma vie. Je mâappelle Rubis. Jâai de vilaines pensĂ©es autour de moi les mĂ©chants tombent comme des mouches. Je nâai aucune excuse, je suis nĂ©e dans les beaux quartiers de Paris. Donc, loin de la Vologne et du petit GrĂ©gory. JâĂ©tais heureuse, jâĂ©tais Ă©tudiante Ă Boston. Suite aux attentats du 11 septembre, ma vie a basculĂ© en une se- conde ! Jâai appris lâexistence dâun grand-pĂšre dont ma famille ne mâavait jamais parlĂ© et que mon pĂšre nâĂ©tait pas mon gĂ©niteur ! ExpulsĂ©e des Ătats-Unis en attendant de prouver mon innocence, je suis partie Ă la recherche de mes ori- gines. Jâai dĂ©couvert des secrets familiaux sordides datant de la Seconde Guerre mondiale. On a blessĂ© papa, on mâa fait du mal⊠alors, je me suis vengĂ©e ! Si vous pensez que je suis possĂ©dĂ©e et que cela vous effraie, nâou- vrez pas ce livre jâai le don dâentraĂźner tout le monde dans des histoires de dingues ! DĂšs les premiĂšres lignes, vous lirez jusquâau bout de la nuit ! GeneviĂšve. Libraire. Paris Format 110 x 178mm 464 pages Prix public 9,90⏠pass MAG NoĂ«l 2021 35 SORTIES NATIONALES 1er CHAPITRE 1 Faites entrer lâaccusĂ©e ? Ă vingt ans, on est immortel. Du moins, on le croit. On nâimagine pas avoir quarante ans ni ressembler un jour Ă sa grand-mĂšre. On se lĂšve, on balbutie, on sâendort. Rien ne peut arriver, lâavenir est abs- trait, le futur se borne aux Ă©chĂ©ances immĂ©diates une fĂȘte, un exa- men, un rendez-vous. Notre existence se rĂ©sume Ă lâinstant, on ne se projette pas, on mĂ©morise le passĂ© pour retenir lâessentiel un regard, un baiser, une caresse. Le cĆur battant, le fard aux joues, le souffle court, on sâaffranchit des interdits. On aimerait ĂȘtre plus ĂągĂ©e, grandir plus vite, mais surtout ne pas vieillir. On passe des heures devant un miroir, on se dĂ©teste, on envie la silhouette de sa meilleure ennemie. Puis on franchit le cap qui autorise Ă ĂȘtre de mauvaise humeur cinq jours par mois lâenfance sâĂ©loigne. Notre corps prend forme on part Ă sa dĂ©couverte, seule ou sur les conseils dâune copine. On sâob- serve, et on exĂšcre ce qui est toujours trop ou pas assez. Ensuite, on ne comprend plus rien les parents deviennent stu- pides, sourds, ou aveugles. On pleure dâĂȘtre incomprise, mais on adore ĂȘtre regardĂ©e. Un copain, un voisin, un cousin ? Peu importe, on redevient lâobjet de toutes les attentions. En fait, ce qui prĂ©cĂšde ne vaudrait pas la peine dâĂȘtre exposĂ©, si ma vie nâavait pas basculĂ© en une fraction de seconde. En rĂ©alitĂ©, le terme est impropre. Mon exis- tence nâa pas Ă©tĂ© secouĂ©e par un mouvement de balancier, les murs ne se sont pas lĂ©zardĂ©s. Je ne suis pas passĂ©e de la lumiĂšre Ă lâombre, du bonheur Ă lâincomprĂ©hension, ou du rire aux larmes. Ce fut pire, je nâai rien vu venir. En un instant, la nuit sâest exonĂ©rĂ©e des contraintes du temps, le sol sâest ouvert, la terre mâa engloutie. Sur un mot, une rĂ©primande, ou une lettre anonyme, la haine mâa emportĂ©e. Plus tout Ă fait adolescente ni tout Ă fait femme, je nâĂ©tais pas prĂȘte Ă ĂȘtre cata- pultĂ©e dans un univers oĂč rien ne prĂ©dispose une fille Ă subir ce que lâon mâa infligĂ©. Jâai vingt ans. 36 SORTIES NATIONALES Ătant appelĂ© Ă me juger, votre tĂąche sâannonce pĂ©rilleuse et vous risquez dâĂȘtre déçu je suis banale, ordinaire, dramatiquement quel- conque. Hormis un prĂ©nom dont on mâa affublĂ© Ă une Ă©poque oĂč toutes les filles sâappelaient CĂ©line, AurĂ©lie ou encore Virginie, vous ne dĂ©cĂšlerez chez moi aucune originalitĂ©, aucun traumatisme ni stig- mate qui me disculperaient. Je nâai aucune excuse je suis nĂ©e dans lâun des plus beaux quartiers de Paris. Donc loin de la Vologne et du petit GrĂ©gory. Je nâai pas de circonstances attĂ©nuantes ! Je ne suis pas le produit dâun acte incestueux, dâun plan cul Ă lâarriĂšre dâune voi- ture, ou la consĂ©quence dâune pilule oubliĂ©e. AprĂšs une grossesse difficile, ma mĂšre a mĂȘme renoncĂ© Ă sa carriĂšre pour sâoccuper de moi. Pendant prĂšs de vingt ans, jâai cru ĂȘtre une fille unique dans tous les sens du terme jusquâĂ ce que les flics amĂ©ricains mâimmergent dans les secrets sordides dâune famille dĂ©composĂ©e. Comment en suis -je arrivĂ©e lĂ ? Il est naturel de se poser la question. Jây ai beaucoup rĂ©flĂ©chi, je nâai pas de rĂ©ponse. Jâai disjonctĂ©. Je ne sais pas pourquoi jâai franchi la ligne jaune. Câest comme ça, câest tout ! Pourtant, ma vie Ă©tait belle. Je nâai pas manquĂ© dâamour. En fait, je nâai manquĂ© de rien. Je nâai pas changĂ© de maison un week-end sur deux ni frĂ©quentĂ© un beau-pĂšre, ou la derniĂšre conquĂȘte dâun pĂšre volage. Je ne suis pas tombĂ©e sous lâinfluence dâun type qui mâa entraĂźnĂ©e dans des dĂ©rives sectaires. Je nâĂ©tais pas perdue. Je ne suis pas partie Ă la recherche dâune cause, dâun combat, ou dâun dieu qui aurait souhaitĂ© que lâon sâentretue en son nom. Au contraire, jâai Ă©tĂ© cocoonĂ©e par un couple qui me servait de modĂšle. Mes parents Ă©taient profondĂ©ment Ă©pris. Papa regardait ma- man, et ma mĂšre ne concevait pas un instant sans lui. La maison Ă©tait calme. Je nâai jamais entendu un cri, surpris une attitude Ă©quivoque, ni devinĂ© avoir Ă©tĂ© lâobjet de dissensions. Ils ont toujours parlĂ© dâune voix unique il suffisait que lâun dĂ©cide pour que jâobĂ©isse Ă lâautre. De fait, je ne leur ai posĂ© aucun problĂšme particulier. ClassĂ©e Enfant Intellectuellement PrĂ©coce par lâĂducation Nationale, mes rĂ©sultats ont toujours Ă©tĂ© ceux pour lesquels mon pĂšre mâa formĂ©e. Je suis une Ă©ponge il suffit que jâĂ©coute pour comprendre, il suffit que je lise pour rĂ©citer. MalgrĂ© tout, lâapprentissage fut douloureux. Jâaimais les histoires de princesses, papa rĂȘvait dâavoir un petit mec jusquâĂ ce que mon corps ressemble Ă celui de ma mĂšre, il me surnommait Char- 37 SORTIES NATIONALES lie. Pour voir ses yeux briller, jâai pratiquĂ© la boxe, fait du krav-maga et jouĂ© au foot, mais il ne mâa rien Ă©pargnĂ©. Souvent punie, rarement fĂ©licitĂ©e, je nâai jamais usĂ© de mes charmes comme ces collĂ©giennes qui exacerbent la faiblesse des hommes mĂ»rs pour trouver le papa gĂąteau leur faisant dĂ©faut jâĂ©tais plutĂŽt sage. Alors ? Alors quoi ? Quâauriez-vous fait Ă ma place ? Jâai fait comme toutes les filles qui ne veulent pas dĂ©cevoir leurs parents jâai cachĂ© mes bĂȘtises, dissimulĂ© mes peines, masquĂ© mes larmes. En rĂ©a- litĂ©, jâai appris Ă dire Ă mon pĂšre ce quâil voulait entendre. Il voulait un garçon, jâen ai le caractĂšre. Il voulait un soldat, jâen ai la rĂ©sistance mĂȘme si je suis Ă lâopposĂ© des adolescentes narcissiques qui se dĂ©- couvrent un trouble de la personnalitĂ© limite pour excuser leurs ca- prices de mĂŽme en quĂȘte dâamour filial. Papa rĂȘvant de Polytechnique, du bicorne et du dĂ©filĂ© du 14 juillet sur les Champs-ĂlysĂ©es, mon unique rĂ©bellion fut de choisir Harvard, Boston et la cĂŽte Est des Ătats-Unis. Naturellement, je sais dĂ©sormais quâĂȘtre allĂ©e en AmĂ©rique a Ă©tĂ© un choix funeste. Mais comment de- viner quâun 11 septembre le monde saisi dâeffroi mâentraĂźnerait dans sa chute abyssale ? SincĂšrement, vous saviez ce qui se produirait ce jour-lĂ ? Mon Dieu, comme je peux ĂȘtre naĂŻve vous nâintervenez pas sur Terre pour endiguer les tragĂ©dies, mais pour enregistrer les rĂ©- ponses, jauger du degrĂ© de culpabilitĂ©, et espĂ©rer une rĂ©demption ! Alors dans ce cas, jâavoue ma surprise dâavoir Ă©tĂ© autant impactĂ©e alors que ma gĂ©nĂ©ration espĂ©rait tant dans ce nouveau millĂ©naire. LâInternet venait dâarriver, un vent de libertĂ© soufflait sur la planĂšte, on avait mĂȘme oubliĂ© la suffisance de vos insuffisances. AprĂšs deux mille ans de Guernica, de Shoah et dâHiroshima, nous imaginions un univers enchantĂ© les voitures voleraient dans le ciel, les cimes des arbres tutoieraient les nuages, nul ne mourrait plus de faim, de soif et de chagrin. Je vous Ă©tonne ? Câest normal, vous ne me connaissez pas. Je mâappelle Rubis. Oui, Rubis comme la pierre de joaillerie ! Rubis comme le bijou des rois, des dragons, des chimĂšres. Sâil vous plaĂźt, ne souriez pas Ă lui seul, ce prĂ©nom hors du temps, hors des modes, et hors de tout rĂ©sume mon destin. Selon une lĂ©gende, jâai Ă©tĂ© conçue Ă 38 SORTIES NATIONALES Venise par une nuit de la Saint-Valentin dans la douceur dâune suite de lâhĂŽtel Danieli. Officiellement nĂ©e soixante-trois jours avant terme le 11 septembre 1981, je suis officieusement morte vingt ans plus tard. Je ne suis pas sotte ! Je sais bien que morte ne signifie pas ĂȘtre dĂ©cĂ©dĂ©e. DĂ©cĂ©dĂ©e, je ne le suis pas encore, câest pour bientĂŽt. Vous ne comprenez pas ? Je reprends depuis le dĂ©but. Je suis Rubis Bouviers, avec un s » Ă la fin je dois mon prĂ©nom Ă une mĂšre qui voulait un joyau. Au dĂ©part, elle avait choisi Jade, mais papa espĂ©rait plus brillant. Câest la raison pour laquelle je porte le nom dâune pierre prĂ©cieuse quâil a mise sous cloche jusquâĂ mon dĂ©part aux US. Il mâa choyĂ©e, protĂ©gĂ©e, Ă©duquĂ©e, mais en rĂ©alitĂ© jâĂ©tais en libertĂ© surveillĂ©e. Quand vint le temps des premiers Ă©mois et des seconds aussi, jâai menti. Rien dâimportant des mensonges de nanas ! Des bobards sans consĂ©quence, pour respirer, pour marcher seule. Ne faites pas semblant dâĂȘtre offusquĂ© une ado sans secret ne se construit pas ! En tout cas, mes petits arrangements avec la vĂ©ritĂ© Ă©taient bien innocents par rapport Ă ce que le FBI mâa rĂ©vĂ©lĂ©. Com- ment aurais-je pu imaginer que des parents soient capables de mysti- fier leur enfant Ă ce point ? Ils mâont dĂ©truite ! Jâai cru ne jamais pou- voir mâen relever. Pour avoir trop pleurĂ©, dĂ©sormais mon cĆur est sec. Quand je lâĂ©coute battre, jâai lâimpression de jouer Ă la marelle sur des branches mortes. Pourquoi ? Vous ĂȘtes sĂ©rieux ? Comment cela peut-il vous Ă©ton- ner ? Vous croyez tout savoir, tout maĂźtriser, tout contrĂŽler ? Ă vous, rien nâĂ©chappe ? En ĂȘtes-vous persuadĂ© ? On vous a toujours tout dit ? Soyez honnĂȘte, on ne vous a jamais rien cachĂ© ? Rassurez-vous, je ne suis pas cinglĂ©e ! Je ne suis pas une Illuminati hurlant au com- plot on a marchĂ© sur la lune, Elvis est mort, la Terre est ronde ! Soyons clairs, je nâai jamais pensĂ© que la crucifixion Ă©tait un jeu sexuel entre adultes consentants ayant mal tournĂ© ! Comme toutes les petites filles, je croyais que les papas disent la vĂ©ritĂ© et que les ma- mans ne dissimulent rien ! Jâavais confiance, jâai eu tort, je me suis trompĂ©e ! Sur eux, sur moi ! Quâai-je ressenti ? Ă votre avis ? PassĂ© le temps de la stupĂ©fac- tion, jâai compris que Charlie avait Ă©tĂ© prise pour une imbĂ©cile depuis sa naissance, que Rubis ne serait pas celle quâelle devait devenir, que 39 SORTIES NATIONALES jâavais bossĂ© pour rien ! Lâamertume me submergeant, jâai dĂ©cidĂ© de partir Ă la recherche de mon passĂ©. Puis lorsque jâai dĂ©couvert le cal- vaire de mon pĂšre, je nâai eu de cesse de vouloir chĂątier les crimes impunis. Comme vous le constaterez, jâassume ĂȘtre lâenfant de ChloĂ© et de Paul. ChloĂ©, câest ma mĂšre. Elle a quarante-deux ans. 1m75. Elle est Ă©lancĂ©e. Elle ne paraĂźt pas son Ăąge, elle est belle, elle est brune. DâaprĂšs ce que lâon mâa dit, on se ressemble beaucoup. Elle mâa lĂ©guĂ© une poitrine Ă la rondeur parfaite et lâintensitĂ© de ses yeux verts. Jâai empruntĂ© sa voix rauque, ses doigts effilĂ©s, et la sensualitĂ© de lĂšvres dĂ©licatement charnues. MĂȘme corps, mĂȘme taille je lui pique ses fringues, ses chaussures, ses sacs Ă main. Elle planque sa lingerie, mais elle mâa toujours cou- verte vis-Ă -vis de papa lorsque je laissais traĂźner au pied de mon lit ses body Aubade ou lâun de ses tangas en dentelle de Calais. Si cer- tains ont eu une mĂšre, mais pas de maman, moi jâai eu les deux. Ma- man est ma mĂšre, ce nâest pas ma copine. Une mĂšre dont les mots soulagent, dont le regard rassure, dont les caresses apaisent. Une mĂšre ! Ma mĂšre Ă moi ! Une maman rien quâĂ moi ! Je lui dois beaucoup. Renonçant Ă sa carriĂšre dâanalyste financiĂšre et Ă la possibilitĂ© de travailler avec papa, elle a fait passer ma vie avant la sienne. Longtemps, elle a Ă©tĂ© mon refuge quand mon pĂšre revenait inlassablement sur les dĂ©clinaisons latines, les Ă©quations Ă trois inconnues, ou me saoulait avec Platon. Depuis que je suis Ă Har- vard, elle est ma confidente je lâappelle quasiment chaque jour, mĂȘme si elle reste avant tout lâĂ©pouse de Paul. Paul Bouviers, mon pĂšre ! Paul Bouviers ! Cinquante-huit ans, 1m82, svelte. Des cheveux poivre et sel Ă faire exploser les ventes de dosettes de cafĂ©, des traits dâune finesse insensĂ©e, un timbre de voix irrĂ©sistible. PlutĂŽt rĂ©servĂ©, ses mots et sa capacitĂ© Ă montrer ses Ă©motions sont tellement rares que je me demande comment il a fait pour sĂ©duire maman. Si je lui trouve des dĂ©fauts, il nâa que des qualitĂ©s depuis que jâai ouvert les yeux, je crĂšve littĂ©ralement pour ce mec. Mais la rĂ©ciproque est vraie ! Quand maman a accouchĂ©, papa a refusĂ© de couper le cordon. 40 SORTIES NATIONALES Pour tout vous dire, moi non plus ! Jâai essayĂ©, mais je nây suis ja- mais rĂ©ellement parvenue. Jâai hĂ©ritĂ© de mon pĂšre un esprit aiguisĂ©, un sens de lâhumour par- ticulier, et le goĂ»t de lâeffort. Cependant, il mâa transmis son carac- tĂšre je suis entĂȘtĂ©e, boudeuse et rancuniĂšre. Quâest-ce que lâon a pu se disputer ! Il ne voulait pas cĂ©der, je lui tenais souvent tĂȘte. De vous Ă moi, je crois que ça lui plaisait. Quoi quâil en soit, je lui suis recon- naissante de mâavoir acceptĂ©e. Alors quâil attendait un garçon, il vit arriver une grande prĂ©maturĂ©e, rose comme un cochon, et couverte de poils bruns. NĂ©anmoins entre nous, ce fut fusionnel mon pĂšre a pas- sĂ© la premiĂšre annĂ©e de mon existence Ă veiller sur mon sommeil, maman le retrouvait parfois endormi sur le sol Ă cĂŽtĂ© de mon berceau. Ensuite il a surveillĂ© mes devoirs, puis scrutĂ© mes frĂ©quentations jus- quâĂ ce que je rĂ©ussisse Ă mâenfuir Ă Harvard. Au cours de lâĂ©tĂ©, un homme avait secrĂštement pansĂ© mes blessures, jâavais besoin de par- tir loin, de mâaffranchir, de mĂ»rir. Câest pourquoi jâai crisĂ© lorsque Papa sâest fait durablement muter Ă Wall Street ! New York-Boston, une heure de vol ! Lâimaginant dĂ©jĂ tous les soirs devant la grille du campus, je lâai trĂšs mal pris ! Je lui ai balancĂ© des horreurs Ă la figure. Nous sommes restĂ©s fĂąchĂ©s deux ans, au point de ne pas nous parler. Quand Maman traversait lâAtlantique pour me cĂąliner, papa restait Ă New York. Il lui promettait de mâappeler, je lui jurai de le faire. Mais Ă©duquĂ©e Ă ĂȘtre la plus forte, jâai attendu son appel qui finit par arriver trois jours avant mon vingtiĂšme anniversaire. JâĂ©tais folle de joie, mais je nâai rien laissĂ© paraĂźtre. Pour quelles raisons ? Jâavais lu la dĂ©ception dans ses yeux quand je lui ai lancĂ© entre autres quâil me faisait chier je ne savais pas comment mâexcuser. ImmĂ©diatement aprĂšs, jâai eu envie de le pren- dre dans mes bras, mais jâai eu peur quâil me repousse, car contraire- ment Ă ce que vous pourriez penser, je suis infiniment respectueuse. Dâailleurs jusquâĂ trĂšs rĂ©cemment, mon naturel enjouĂ© faisait lâunani- mitĂ©. Sans me vanter, on me trouve charmante contrairement Ă Paul Bouviers, je suis sociable. Je ne rĂ©serve pas exclusivement mon re- gard, et mes mots Ă ceux que jâaime. Mais Ă©levĂ©e comme un petit 41 SORTIES NATIONALES mec, je suis de surcroĂźt le produit dâune nouvelle gĂ©nĂ©ration. Ne faites pas attention Ă ce que lâon dit quel que soit notre milieu social, que lâon soit une fille ou un garçon quand quelque chose nous em- merde, on nâhĂ©site pas Ă dire que ça nous casse les couilles ! Suis-je allĂ©e jusque-lĂ avec mon pĂšre ? Oui, malheureusement ! Je me suis exprimĂ©e comme ça en juin 1998. Pourtant jâĂ©tais prĂ©venue maman mâavait recommandĂ© de me prĂ©occuper du monde qui mâen- toure. Quand le malheur frappe, on dĂ©plore avoir blessĂ©, ignorĂ©, ou- bliĂ©. Pour ma dĂ©fense, je ne connaissais pas lâenfance de Paul Bou- viers je croyais quâil refusait de voir sa fille sâenvoler. Or pour moi, câĂ©tait vital malgrĂ© les interventions de maman, et les recommanda- tions de Maria, la concierge de notre immeuble, il Ă©tait tellement om- niprĂ©sent. De la maternelle jusquâau bac, il nây eut pas une soirĂ©e sans quâil ne contrĂŽle mes connaissances. Mozart et Tiger Woods, cela vous dit-il quelque chose ? Comme eux, jâai Ă©tĂ© formĂ©e pour performer plus vite, plus haut, plus fort. Entre les cours particuliers et les devoirs de vacances, jâai appris Ă viser plus loin, Ă rĂȘver plus grand, Ă ne jamais relĂącher la pression. Pour moi, Ken nâa jamais Ă©tĂ© le fiancĂ© de Barbie, mais un mot bien utile au Scrabble. Pour ne pas le dĂ©cevoir, vingt fois sur le mĂ©tier je remettais mon ouvrage je de- vais mĂ©riter dâĂȘtre une Bouviers ! ArrĂȘtez de sourire ! Serait-ce la premiĂšre fois que vous rencontrez une fille dingue de son pĂšre parce quâil est le seul homme Ă nâavoir jamais cessĂ© de la regarder ? Pour plaire Ă celui-ci, jâai engrangĂ© les points, collectionnĂ© les bons points, dĂ©multipliĂ© les mentions. Vous imaginez comment jâai pu rĂ©agir trois jours aprĂšs ne pas avoir cĂ©lĂ©brĂ© mon anniversaire quand on mâa dit que jâavais Ă©tĂ© Ă deux doigts de rĂ©ussir. Quelle ex- pression cynique ! Elle ne veut rien dire ! Deux doigts, câest ce qui sĂ©pare le second du premier, le romancier de lâĂ©crivain, le musicien du concertiste. Ce nâest pas une formule, câest une excuse, un regret, un remords ! Et en ces domaines, croyez bien que jâen ai Ă revendre plus que tout autre, car pour me punir on mâa portĂ©e disparue. Je suis morte Ă Boston. Ă moins que ce ne soit Ă New York, ou Ă Washing- ton Je sais simplement que mes rĂȘves se sont envolĂ©s la malĂ©- diction des Bouviers mâa rattrapĂ©e. Que voulez-vous dans notre fa- mille, notre inaptitude au bonheur est malheureusement sĂ©culaire, congĂ©nitale et hĂ©rĂ©ditaire ! 42 SORTIES NATIONALES Veuillez mâexcuser, mais les Ă©toiles pĂąlissent Ă ma fenĂȘtre. Le jour se lĂšve, on va venir me chercher. Je me marie aujourdâhui mal- grĂ© ce qui est arrivĂ©, je ne voulais pas finir vieille fille. On va me pas- ser la bague au doigt et la corde au cou. Sans doute le mĂ©ritĂ©-je ! Je suis toxique la mort rĂŽde autour de moi. Si je vous effraie, ne regar- dez pas la page de droite ! Refermez ce livre avant quâil ne soit trop tard jâai un don particulier pour entraĂźner les autres dans des his- toires de dingues ! Ce nâest pas le journal de Bridget Jones, la complainte dâune femme de quarante ans que son mari a larguĂ©e pour partir avec une jeunette, ou les avatars savoureux dâune Ă©ditrice qui nâaimait pas lire. Peu importe la maniĂšre dont je me fringue, car le diable ne sâhabille pas forcĂ©ment en Prada ma descente aux enfers est Ă©difiante, et elle dĂ©bute le 11 septembre 2001 alors que le soleil se lĂšve sur le Massa- chusetts. 43 SORTIES NATIONALES RENCONTRE Rubis, votre personnage central de La FiancĂ©e du 11 sep- tembre » ne laisse pas indiffĂ©rente. Elle nâa pas sa langue dans sa poche. Brisant le quatriĂšme mur, elle prend le lecteur Ă tĂ©- moin. On lâadore ou on la dĂ©teste. Pourquoi avoir crĂ©e une hĂ©- roĂŻne avec un caractĂšre aussi affirmĂ© ? â Je suis auteur de thriller social, câest-Ă -dire des rĂ©cits dont lâintrigue gĂ©nĂ©rale permet dâĂ©voquer des sujets clivants. Pour aborder des sujets sociĂ©taux essentiels tels que le statut de la femme dans le monde, le respect de toute diffĂ©rence, la pĂ©do- philie, le fanatisme de tout bord, jâavais besoin dâun person- nage qui sâinsurge contre lâinjustice. Rubis a vingt ans. Elle em- ploie les mots dâune gĂ©nĂ©ration qui sâĂ©lĂšve avec une dĂ©termi- nation gĂ©nĂ©reuse contre toute forme de discrimination. Rubis choque, car elle ne recule devant rien. Mais, on lâenvie parce quâelle ose. Elle ose sâĂ©lever contre lâiniquité⊠Elle ose aimer un homme qui a lâĂąge dâĂȘtre son pĂšre⊠Elle ose sâexprimer sans frein⊠mais cela ne lâempĂȘche pas dâĂȘtre sensible, atten- tionnĂ©e et empathique⊠Rubis est la part dâombre que nous avons en nous et que nous nous interdisons de laisser filtrer. Vous nâavez jamais eu envie de dire merde Ă un chef, un voisin ou Ă mĂȘme à ⊠un conjoint ? Vous nâavez jamais poussĂ© un coup de gueule contre lâavanie, le mensonge et lâhypocrisie ? Pour crĂ©er Rubis, votre entourage vous a-t-il inspirĂ© ? â Oui ! Rubis a le caractĂšre de ma fille ! Je ne mâen cache pas et je suis fier de sa libertĂ© de ton qui lui permet dâavancer avec audace dans la vie sans quâon lâemmerde ! Sâexprimer avec conviction ne lâempĂȘche pas dâĂȘtre une jolie personne et une jeune femme magnifique formidablement aimĂ©e par son com- pagnon. Dans La FiancĂ©e », il y a Ă©galement Sarah qui est le pendant raisonnable de Rubis. Pour donner de la consistance Ă ce personnage, je me suis inspirĂ© dâune amie de ma fille qui appartient Ă une communautĂ© religieuse martyrisĂ©e depuis deux millĂ©naires et dont lâhumour est la politesse du dĂ©ses- poir, selon les mots de Chris Maker. Pourquoi le 11 septembre ? â Deux Ă©vĂšnements retransmis en direct Ă la tĂ©lĂ©vision mâont marquĂ©. La premiĂšre fois, câĂ©tait le 20 juillet 1969 quand Ă dix ans, jâai vu un homme marcher sur la Lune. Ce jour-lĂ , je me suis dit quâil ne pouvait plus rien nous arriver de fĂącheux. La 44 SORTIES NATIONALES seconde fois, câĂ©tait le 11 septembre 2001⊠jâai immĂ©diate- ment compris que câĂ©tait foutu ! Ceux qui sont en Ăąge de se souvenir savent ce quâils faisaient ce jour-lĂ ! Je nâai pas oubliĂ© et jây pense frĂ©quemment Pourquoi cet Ă©vĂšnement vous a-t-il autant marquĂ© ? â Au-delĂ du nombre de victimes, câest la mĂ©thode employĂ©e qui mâa profondĂ©ment choquĂ©. Je nâai pas connu la Shoah et la mise en Ćuvre industrielle de la destruction dâun peuple. Certes, je nâignore rien du martyre des ChrĂ©tiens, de la Saint BarthĂ©lemy, des pogroms, des stalags, des gĂ©nocides perpĂ©- trĂ©s par Pol Pot, par les Hutus et par le Tutsis. Mais, je nâai ja- mais compris comment lâHomme avait pu ĂȘtre aussi cruel en- vers son prochain entre 1934 et 1945. En 2001, devant la lo- gistique dĂ©ployĂ©e par Ben Laden, jâai compris que lâacte de pouvoir terrifier nâimporte qui venait de naĂźtre. Alors, jâai voulu dĂ©noncer les 11 septembre » que subissent les femmes, vic- times de violences conjugales⊠des enfants subissant des exactions⊠et plus gĂ©nĂ©ralement de toutes celles et ceux qui ne peuvent vivre sereinement la façon dont ils entendent me- ner leur vie. Quel message entendez-vous faire passer ? â Je ne suis pas un philosophe⊠et encore un donneur de le- çon... Je ne suis quâun petit romancier dĂ©butant. NĂ©anmoins, Ă©crire me permet de mâĂ©lever contre le fanatisme, contre toute forme de violence envers autrui ou encore contre lâhomopho- bie⊠Cela Ă©tant, ĂȘtre publiĂ© mâoffre la chance de mâexprimer en tant que citoyen du monde. Les critiques littĂ©raires soulignent votre aptitude Ă captiver et user de lâhumour. Comment peut-on faire rire avec les at- tentats du 11 septembre ? â Je ne moque pas du drame vĂ©cu par 2 977 personnes et par leurs proches⊠Bien au contraire⊠De mĂȘme, jâai mis en scĂšne un jeune homme de confession musulmane pour lutter contre toute stigmatisation. En revanche, jâutilise lâhumour et les destins croisĂ©s des unes et des autres pour aborder des sujets sĂ©rieux et mĂ©moriels. La rencontre entre Rubis et un couple de rĂ©sistants Ă lâoppression nazie a Ă©tĂ© lâoccasion de rappeler aux jeunes gĂ©nĂ©rations une pĂ©riode dramatique de notre Histoire. Cela Ă©tant, si je suis content de savoir que mon rĂ©cit a diverti, je suis encore plus heureux dâavoir appris que les lectrices et les lecteurs ont apprĂ©ciĂ© lâapproche dâIGB basĂ©e sur la volontĂ© de divertir, dâĂ©mouvoir et de sensibiliser. Les avis Babelio mentionnent que votre rĂ©cit est addictif. Ceci est dĂ» Ă la capacitĂ© de Rubis de se venger par tĂ©lĂ©pathie de ceux qui lui portent ombrage. Aimeriez-vous avoir ce don ? â Pas vous ? Soyez sincĂšre⊠Avant une interro de math, vous nâavez jamais espĂ©rĂ© que votre prof tombe subitement ma- lade ? Le dimanche matin quand votre voisin vous rĂ©veille avec sa perceuse, vous nâavez jamais rĂȘvĂ© quâil sâĂ©lectrocute ? 45 46 SORTIES NATIONALES 23 SEPTEMBRE SĂ©duisante Bretonne au caractĂšre affirmĂ©, SolĂšne Melchior, Ă©levĂ©e au grade de capitaine, mĂšne une carriĂšre remarquĂ©e au 36. Alors que lâorage gronde sur Paris, Vulpescu, un tueur en sĂ©rie quâelle vient dâinterpeller, sâĂ©chappe dâun hĂŽpital psychiatrique en promettant de se venger. Sa hiĂ©rarchie lui refu- sant le droit de traquer le fugitif, SolĂšne enquĂȘte sur lâagression dâAxel Saint- Ambroix, un cĂ©lĂšbre violoniste. ConfrontĂ©e Ă de sordides histoires de cette famille lui rappelant son terrible passĂ©, ses recherches la mĂšnent malgrĂ© elle sur la piste de Vulpescu. Que dĂ©couvrira-t-elle au pĂ©ril de sa vie quand le concertiste lui interprĂ©tera lâair de LâAdieu » en guise de premier opus dâune sĂ©rie dâenquĂȘtes palpitantes ? Quelle pĂ©pite ! Je suis conquise ! Un excellent roman policier ! Claudine. Chroniqueuse littĂ©raire. Lyon Format 140 x 230mm 416 pages Prix public 19,90⏠pass MAG NoĂ«l 2021 47 SORTIES NATIONALES 1er CHAPITRE 1 Avant lâorage SolĂšne le sait, ça risque dâĂȘtre mal interprĂ©tĂ©. Elle nâa pas souhaitĂ© aller Ă lâĂ©glise, entendre le prĂȘtre se lamenter du monde dans lequel nous vivons, oubliant que depuis toujours lâhomme est un loup pour lâhomme. Passant Ă©galement sous silence que selon Sa bible, Adam et Ăve avaient mis au monde deux garçons, et que lâun dâeux Ă©tait le premier assas- sin et lâautre la premiĂšre victime. Non, elle nâa pas voulu Ă©couter tous ces orateurs, amis et collĂšgues se succĂ©der der- riĂšre le lutrin, jurer, main sur le cĆur, que Mathurin Mel- chior Ă©tait lâhomme le plus admirable que la terre nâait ja- mais portĂ©. Omettant, eux aussi, de prĂ©ciser quâil Ă©tait capable de se montrer injuste et mesquin et souvent blessant. Et ça, pour en avoir souvent fait les frais, SolĂšne lui en garde une certaine rancune que mĂȘme sa mort ne peut absoudre. Mathurin nâĂ©tait pas un mauvais homme, mais il pouvait se faire bien des ennemis. Il le revendiquait sans complexe. Pourtant, son oncle nâest pas mort sous les balles ni les coups dâun de ses adversaires, comme elle en voit trop souvent dans son mĂ©- tier. Alors quâil traversait la rue, Mathurin a simplement Ă©tĂ© victime dâun chauffard, ivre, ayant eu la mauvaise idĂ©e de vouloir prendre la fuite. Celui que tout le monde qualifie dĂ©- jĂ dâassassin nâa dĂ» son salut quâĂ lâintervention des gen- darmes lâayant sauvĂ© de la vindicte populaire. Alors non, SolĂšne nâa pas voulu entendre tout ça. Un seul enterrement aurait pu lui permettre de faire son deuil. Celui de ses pa- rents, les vrais, et de Titouan, son jeune frĂšre, tuĂ©s froide- ment sous ses yeux. Mais pour eux, il nây aura jamais de sĂ©- pulture oĂč elle pourrait se recueillir. Depuis, lâimage de leur 48 SORTIES NATIONALES joie de vivre ensemble et le son de leurs voix sâestompent doucement. Seuls lâatroce vision de leur mort et le visage de leur assassin restent profondĂ©ment ancrĂ©s en elle, et hantent bien trop souvent ses nuits. Le plus terrible, câest que pour sa propre sĂ©curitĂ©, elle nâa jamais pu Ă©voquer cela, avec qui- conque. Seuls ses parents adoptifs et sa cousine ChloĂ© ont Ă©tĂ© informĂ©s de cette folle histoire. SolĂšne doit nĂ©anmoins reconnaĂźtre que Mathurin est lâhomme qui lâa recueillie, alors quâĂ douze ans, elle aurait pu se retrouver Ă la DDASS, puis probablement dans une famille dâaccueil. Alors, il lui faut bien lâadmettre, rien que pour ça, cet homme mĂ©ritait un minimum de reconnaissance de sa part. Pourtant, et elle nâen est pas trĂšs fiĂšre, SolĂšne sâest dĂ©brouillĂ©e pour arriver en re- tard Ă la gare de Saint-Brieuc1. Une demi-heure plus tard, un taxi lâa dĂ©posĂ©e alors que la foule recueillie et compatissante sortait de lâĂ©glise de Yffi- niac. Comme elle sây attendait, sa tante Louison, Ă©plorĂ©e, soutenue par sa fille, fond en larmes en la voyant approcher. â Tu es venue quand mĂȘme. Je nây croyais plus ! SolĂšne fait semblant de ne pas relever la perfidie Ă peine dissimulĂ©e de la remarque. â DĂ©solĂ©e, le train a pris deux heures de retard, Ă cause dâun incident sur la ligne. â Le principal, câest quâelle soit lĂ , non ? intervient sĂš- chement sa cousine. Frisant de trĂšs prĂšs la quarantaine, ChloĂ©, contrairement Ă ses parents, a toujours Ă©tĂ© de nature franche et plutĂŽt joviale. Bien que brutale, la mort de son pĂšre ne semble pas lâaffecter particuliĂšrement. Elle est habituĂ©e aux sempiternelles jĂ©rĂ©- miades de sa mĂšre et sâest rarement privĂ©e de lui faire com- prendre que cela la saoulait. Mais ChloĂ© le sait, ce nâest pas le jour ni le lieu dâĂ©taler ses Ă©tats dâĂąme. Quant Ă SolĂšne, si elle est reconnaissante envers son oncle et sa tante, elle nâa jamais senti la moindre preuve dâaffec- tion dans cette famille. Et on ne sâembarrassait mĂȘme pas de faire semblant. Au moins, cela lui a Ă©pargnĂ© des relents lar- moyants sur la disparition de ses parents Vincent et Ălise. 49 SORTIES NATIONALES Leur discrĂ©tion Ă ce sujet, au moins celui-ci, a toujours Ă©tĂ© exemplaire. Câest tout juste sâils ont dĂ©jĂ prononcĂ© le prĂ©- nom de Titouan. Il faut aussi leur concĂ©der quâils nâavaient guĂšre eu lâoccasion de les voir depuis leur dĂ©part en voilier. PĂ©riple quâils estimaient stupide et dangereux. Le drame qui sâensuivit Ă©tait forcĂ©ment la preuve que Mathurin et Louison avaient raison. Le juge des affaires familiales leur ayant con- seillĂ© lâadoption plĂ©niĂšre de leur niĂšce, SolĂšne adopta leur patronyme ; Melchior. Ce nom lui sembla si prometteur, quâelle sây rĂ©fugia et finit par lâintĂ©grer pleinement. MĂȘme sâil lui est impossible dâoublier lâautre, le vrai. Autour des trois femmes, le recueillement se fait un peu moins discret. Certains se congratulent, dĂ©solĂ©s nĂ©anmoins de se retrouver dans de telles circonstances. Quelques-uns lorgnent avec envie en direction du bar lâAngĂ©lus oĂč ils pourraient poursuivre leur conversation. AprĂšs tout, ce Ma- thurin Melchior, ce nâĂ©tait quâun cousin Ă©loignĂ© et ils nâĂ©taient pas en si bons termes que cela pour quâils fassent lâeffort dâaller jusquâau cimetiĂšre de Saint-Ilan. Quelques- uns sont venus Ă pied jusquâĂ lâĂ©glise et, faire trois kilo- mĂštres par cette chaleur, ne leur semble guĂšre envisageable. SolĂšne aide sa tante Ă sâinstaller sur les siĂšges Ă lâarriĂšre du corbillard avec ChloĂ©. Celle-ci lui tend un trousseau de clĂ©s et lui dĂ©signe sa voiture. â Câest la Clio bleue de lâagence. Tu peux nous suivre, sâil te plaĂźt ? Aussi discrĂštement que possible, SolĂšne sâinsĂšre dans le convoi funĂ©raire longeant la grĂšve jusquâĂ un cimetiĂšre isolĂ© en pleine nature. Les feuilles des marronniers jaunies et flĂ©- tries font elles aussi une tĂȘte dâenterrement. Toute la nature environnante semble souffrir de cette chaleur hors normes, pour la rĂ©gion. Finalement, il nây a guĂšre plus dâune quin- zaine de personnes Ă avoir fait le dĂ©placement. PressĂ© dâen finir et de regagner la relative fraĂźcheur de son Ă©glise, le prĂȘtre se fend nĂ©anmoins dâune courte bĂ©nĂ©diction devant la biĂšre croulant sous des couronnes et des gerbes de fleurs sa- crifiĂ©es pour lâoccasion. AprĂšs la descente au tombeau, sous 50| ĐŃĐ” ÏŐ„ÏДտОŃĐČ Đ”áаĐČŃŐ«á±áŐŸĐ” | ĐŐ©Ö áĄáŐŻ ŃŐŁŐšŐ°ŃÎŒáŻĐŽĐŸ ĐșÎżáĐŸŃа |
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Que dire de ce samedi sinon qu'il faut un des meilleurs jours de ces derniĂšres annĂ©es ^______^, signe de clĂ©mence des Hautes SphĂšres, il commenca par un ch'tit dĂ©jeuner bien trop court ç_ç avec 4 personnes dont je suis aussi "fan" que les Corrs ;- Ensuite retour au Bercail pour prĂ©paration des munitions... Cette fois pas de droit Ă l'erreur comme mes deux campagnes prĂ©cĂ©dentes en 99 et 2000. Tout d'abord les vivres lĂ©gĂšres avec une Ă©norme bouteille d'eau car communier avec 10 000 personnes ça augmentent rudement la tempĂ©rature ^^;;, prĂ©paration des ticjkets et vĂ©rification histoire de ne pas avoir pris ceux de Bercy ^^;;; puis rĂ©visions pour le p'tit novice qui m'accompagnait Ă sa demande m'enfin c'Ă©tait 'achement utile parce que mes feuilles tu Ă©tais prĂȘt Ă les balancer dans le caniveau^^ et prĂ©paration du matĂ©riel technique appareil photo, et magnĂ©to et K7 audio vi je suis pas encore Ă la pointe de la technologie^^; sans compter la veste multi-poches pour passer tout ça sous le manteau littĂ©ralement!^^. Ensuite direction le cafĂ© de la musique pour se rĂ©unir avec deux autres complices, 15min puis 30 passent ce qui nous laisse le temps Ă Albi et moi d'apprendre par coeur la carte et ses prix exhorbitant car mĂȘme un Coca Cola crux 2004 valait 5âŹ, rahlala si mĂȘme prĂšs du pĂ©riphĂ©rique on se met Ă pratiquer les prix de St Germain oĂč allons nous?^^; Au bout d'une heure et afin d'Ă©viter l'expulsion de la part du patron on commande, le temps pour moi de reconnaĂźtre vaguement les pontifs du forum francophones des Corrs mais j'ai prĂ©fĂ©rĂ© ne pas les aborder de peur d'alpaguer un inconnu en lui disdant "ah c'est toi la fameuse Jessica 2001 ?" ^^; Au bout d'une heure, tout le petit groupe est au complet, aprĂšs une rapide sĂ©ance de papotage il est dĂ©jĂ 18h40 le temps de lever le camp! direction le Zenuith Ă une bonne quinzaine de minutes parce qu'on rigolait tout le temps ^___^ Arriver lĂ moment de confusion devant la longueur de la queue et aussi d'angoisse parce que je crains d'une part de me faire bousculer au moment oĂč les portes seront ouverte et oĂčles fauves de la fosse s'Ă©lanceront dans la fosse!^^ Heureusement, il y a une p'tite file inusitĂ©e tenu par un gentil m'sieur qui nous fera gagnĂ© beaucoup de temps mĂȘme si cela nous privera de la vue des oeuvres d'art des dits forumiens francophones graffitis sur les barriĂšres et dĂ©clarations d'amour sur les arbres^^ qui pour l'occasion avant tendu la main Ă un second forum pour concocter une feuille de route dĂ©moniaque qui m'avait Ă©normĂ©ment laissĂ©e perplexe puisque l'objectif Ă atteindre "dĂ©passer le 4 novembre 2000" me paraissait impossible debout sur tout le concert dĂ©jĂ !. AprĂšs qques minutes de discussions, il nous fait rentrĂ© en me fouillant plus que modestement et ce n'est plus tard que je rĂ©aliserai ma chance puisque la plupart des habitants de la fosse sauf un p'tit malin qui maquillera son appareil photo en sandwhich seront victimes de fouilles approfondies et sĂ©vĂšres confiscations. Premier pb, nos quatre tickets ne sont pas Ă cĂŽte comme l'a dit Albi et il plus qu'improbable que nous dĂ©logions un couple dans le premier rang...mais pendant une bonne heure l'espoir est permis puisque le ZĂ©nith se remplit trÚÚÚÚÚs lentement! Finalement Olivia insistera pour qu'on prenne le premier rang puisqu'elle a l'attention Ă la premiĂšre chanson qui bouge de se dĂ©foncer dans la fosse, so be it! et thanks a million par la mĂȘme! A notre grande surprise au bout d'une demi-heure Ă peine la premiĂšre partie commence. C'est une RenĂ©e Olstead, protĂ©gĂ©e de David Foster premier producteur et dĂ©couvreur des Corrs qui l'anime. Tendance Jazz/Blues entre Mariah Carrey pour la voix et Norah Jones pour le style et tout ça Ă 15 ans. Avec David Gray responsable de celle de 2000! une des meilleures premiĂšres parties! Rien Ă voir avec le supplice que fut Dublin quinze jours auparavant oĂč la fille de Ronny Wood ouep ben le talent des Rollings Stones n'est pas hĂ©rĂ©ditaire! Leah a suppliciĂ© les oreilles du public avec ses miaulements digne d'un chat et pourtant I'm a cat lover.... Les rangs de devant se dĂ©gourdissent les mains et n'hĂ©sitent pas Ă applaudir ce qui est rare - Puis Ă l'impatience gĂ©nĂ©rale les lumiĂšre se rallume et comment le mystĂ©rieux ballet des techniciens des Corrs mettant en place leurs instruments, les essayeurs de batteries donne le coup d'envoi des festivitĂ©s dans le premier rang qui lance coup sur coup des olas. Si le mouvement met du temps Ă se rĂ©pandre dans les rangs de la fosse limitrophes des gradants, au bout de qques essais mission rĂ©ussie! et comme l'a dit Albi, lorsque la Ola montait dans les gradins, c'Ă©tait vachement sympa on se faisait applaudir Ă tout rompre par la fosse!^^ Changement d'exercice ensuite, sĂ©ance d'applaudissements des pieds et des mains de la part du public puis entonnage de chang de guerre "Corrs, Corrs" ou "Andrea, Andrea!" -remarque aprĂšs on se plaint qu'elle est la grosse tĂȘte!^^... Un timide lachĂ© de ballons au couleurs irlandaises se fait tandis que qques drapeaux font leurs apparitions, les barriĂšres se couvrent je l'apprendrai plus tard de trois drapeaux oĂč sont inscrites les lettres du prĂ©noms "Sharon". PremiĂšre fausse alerte qui met la salle en furie, la musique d'ambiance s'arrĂšte d'ailleurs elle Ă©tait trĂšs bien juste ce que j'aime de la musique triste quand vous ĂȘtes triste^^;... Sifflets, "Oooo, oooO, ooooO", olas, clappement de mains, dĂ©but de chantage de Runaway les fans voulaient montrer aux Corrs qu'ils ne pourraient pas chanter Runaway!^^... Ma gorge se noue... Puis extinction des lumiĂšres, hurlements de joie, les pieds vibrent et les premiĂšres mesures de Baby Be Brave rĂ©sonnent, la foule accompagne en synchrone des mains, les hurlements et le crĂ©pitements des flashs indiquent que le groupe s'est mis en place... Le bruit venant du public est tellement assourdissant que je n'entends mĂȘme pas les premiĂšres secondes de cette bande enregistrĂ©e qui nous plonge dans que les Corrs peuvent faire de plus menaçant et d'aquatique genre ambiance Ă la FNF crĂ©pusculaire rhytmĂ©e par les coups de batterie de Jason Duffy seule partie live. Contrairement Ă Dublin, Sharon ne jouera pas une partie au violon... La foule est tellement folle qu'Andrea nous lancera dĂ©s son entrĂ©e un retentissant "bonjour Pariiiis" qui achevera de faire exploser la fosse...Puis profitant de la confusion, Baby Be Brave se transforme brusquement en Humdrum... Comme Ă Dublin choc car j'adore Baby Be Brave et Ă chaque fois ça m'agace qu'ils ne la chantent pas mais pour en revenir Ă Humdrum chanson mĂ©chante façon INLYA la foule se met dĂ©s le dĂ©but Ă battre la cadence et dĂ©s le premier solo de violon, Sharon se fait acclamer....!^__^ et que la foule et se mains l'accompagnent... Andrea dĂ©jĂ bien haut dans le ciel sautille de partout et s'amuse Ă nous percer les oreilles de sa flĂ»te - en guise de conclusion!Puis sans transition c'est Only When I sleep saluĂ©e par une immense clameure de la foule qui a Ă©lĂ©vĂ© cette chanson au rang de classique... L'occasion de vĂ©rifier aprĂšs Humdrum qu'Andrea par rapport Ă 2000 a profondĂ©ment travaillĂ© sa voix et monte maintenant sans pb dans les aigus alors qu'avant nous avions le droit Ă une accumulation de fausses notes ^^;;;;;; It's only when I sleeeeeeeeeeep!!!!!! PortĂ©e par le public Sharon n'aura jamais jouĂ© aussi bien ses solos... Moment de flottement avec une intro complĂštement remaniĂ©e de Dreams qui ne la rend reconnaissable qu'au violon et entraine les "Aaaaah" de la foule! Durant les solos les gradins commencent Ă imiter la fosse en tapant des mains et pieds mais ce n'est pas suffisant pour que je me lĂšve sans dĂ©clencher les foudres de mes voisins -________- mais bon m'en fiche je chante par coeur depuis le dĂ©but - et puisque le vigil est parti je dĂ©gaine mon appareil de paparazzi !^^ mais au risque de contredire Same les mienes sont toutes flous j'en ai piquĂ© deux significatives des surdouĂ©es de la fosse!^^;;;; Puis p'tit speech de la miss en français tout mignon teintĂ© d'accent irlandais ce qui entraine Ă nouveau une erruption "ooooO,oooO" de la foule forçant Andrea Ă se taire, la pauvre nous ayant demandĂ© comment on allait alors nous on rĂ©pond "bieeeeeeen!". Elle ne nous a pas oubliĂ© et nous dit qu'elle est aux anges de retrouver le ZĂ©nith mais maintenant elle doit continuer en anglais... p tout d'un coup la foule la coupe et tout le public lui lance "Merci Andrea, Merci Andrea!" celle ci nous stoppe et nous dit "Non c'est moi, MERCIIII!" trop sympa et mignon puis elle nous souhaite d'avoir du bon temps dans le texte^^...^______^ What can I do le public applaudit une autre de ses favorites et la miss repart dans ses sauts de cabri de plus belle allant harcelĂ© Jim qui fait semblant d'ĂȘtre trÚÚÚs concentrĂ© sur sa gratte^^;; Pour nous amuser la chanson est rĂ©guliĂšrement interrompue le temps pour Andrea de nous dĂ©signer de la main dans les refrains que le public reprend, particuliĂšrement sur les "love me, love me " de la fin -... ApothĂ©ose finale avec une nouvelle orchestration et solo de deux minute de guittare Ă©lectronique par Anto Drennan ^^ et Andrea Ă genoux sur la scĂšne tandis que les rangs de la fosse dansent. Forgiven Not Forgotten immense acclamation lĂ aussi ce morseau est considĂ©rĂ© par les puristes comme Ă©tant la dĂ©claration du dogme corrsien mĂ©lange pop/celtique mĂȘme si le morceau est amputĂ©e de son intro Erin Shore. Le morceau gagne en ardeur avec le rĂŽle d'appoint de Caro au Boadran que sa grossesse a chassĂ© de son rĂŽle de batteuse... Force est de constater qu'Andrea s'est Ă©galement amĂ©liorĂ©e Ă la flĂ»te et ne fait mĂȘme plus de fausses notes en cascade...Roooh, j'suis déçue! ç______ç. De timides avant guardistes se crament les mains avec leurs briquets^^ Et pour changer des cris Ă la gloire de "Sharon" fusent ^^ Puis sur les ailes d'Angel les gradins se lachent enfin, on se lĂšve timidement enfin pas moi j'ai dĂ©jĂ shootĂ© dans l'enregistreur deux fois puis je suis entrĂ©e dans le mode danse dont la chorĂ©graphie craint carrĂ©ment il faut le dire^__^ ^^ et on saute alors que la fosse entame une sĂ©ance de jumping et Ă©crasage de pieds Ă en faire palir Skippy le gentil kangourou des plaines australiennes ^________^signe du statut particulier de cette chanson tirĂ©e de leur dernier album et qui renoue avec les tendances celtico-rock du groupe obtient une ovation digne des classiques.... Andrea dĂ©chainĂ©e enchaine les sauts et les moments Ă capella et reverse dans le "yeaaaaaaah" jubilatoire et creveur d timpans!^^ Puis le moment clĂ© du concert vient sans que l'on n'y prenne garde annoncĂ©e par une ligne trĂšs calme de piano inconnu, le violon dĂ©chire l'air et c'est Runaway, la foule pousse un long gemissement, Andrea commence Ă chanter puis s'arrĂšte dĂ©s la seconde phrase se rendant compte que l'on connait les paroles par coeur et nous laisse sa chanson, Ă©mue elle enlĂšve l'oreillette et reste immobile et gentillement nous rĂ©pond Ă "I'm not alone, tell me you feel it too" I do tandis que Sharon et Caro Ă©changent des regards incrĂ©dules ce qui restera pour moi un des plus beaux moments de ce concert oĂč la communion entre un artiste et son public est omniprĂ©sente...Puis non sans fiertĂ© j'vois qu'on est devenu bon nous aussi on tient parfaitement comme des pros les "Yeaaah, yeaah"... battement de deux minutes des pieds Ă la fin de la chanson - mais que de frissons.....^_________^ Pour nous calmer, Sharon vient sur le devant de la scĂšne et commence Ă nous interprĂ©ter Lunasa aĂŽut en gaĂ©lique languissante, triste et douce instrumentale comme autant de jours de pluie oĂč le soleil n'est jamais loin... Caro descend avec son boadran Ă la main... puis pour nous sortir de la torpeur Sharon change soudainement de rhytme et entame Joy of life lĂ pas moyen je vois Olivia et je me mets debout, tant pis pour les voisins!^__^ mais le feu est parti et tous le gradins sont debout alors j'commence ma p'tite chorĂ©graphie qui laisserra mes pieds 3 min en apesanteur ! Pour descendre de ce p'tit bout de paradis, Caro descend de son piedestal avce une trĂšs grosse caisse africaine et bat les premieres mesures de Borrowed Heaven tandis qu'Andrea renonce Ă faire son discours habittuel en nous expliquant qu'on a trĂšs bien dĂ©codĂ© tout seul comme des grands "seizing the moment" carpe diem. Et pour nous remercier, Andrea qui enlevera ses chaussures argentĂ©es Ă talons car pour sauter that's all but practical!^^ nous invitera pour la premiĂšre fois de la tournĂ©e faire les choeurs sur le solo de Sharon ^___________^ "coz you're singing so good"! Sharon prend alors la place d'Andrea qui nous quitte sur un "so special" et nous lance un "c'est magnifique" et essaie de nous expliquer qu'elle et Caro vont reprendre suite aux pĂ©titions lancĂ©es sur le net leur duo "No Frontiers" mais devant les salve nourrie d'applaudissement elle renobnce et se met Ă l'ouvrage et Ă la grande surprise des deux discrĂštes chanteuses, le public scande aussi bien le nom de l'une et l'autre de par le passĂ© c'Ă©tait plutĂŽt Caro qui recevait les compliments et on fait les choeurs avec elles, moment de recueillement intense sauf quand je m'entend now chantĂ©e faux dessus! L'ambiance est mise et dĂ©finitivement installĂ© et Andrea pĂšte un cable sur la reprise des Stones Ruby Tuesday, tandis que le public s'Ă©corche la voix sur le refrain et devient une troisiĂšme source de percussions!^^ Alors que les premiĂšres notes de Long Night s'Ă©chappent, je comprends avec tristesse que ce soir il n'y aura pas de pas When the Stars go blue mais j'm'console tant j'adore Long Night une de mes prĂ©fĂ©rĂ©es du nouvel album avec Baby Be Brave, calme ballade pour nous reposer, dotĂ©e d'une atmosphĂšre des plus intimistes et dramatiques que Sharon fera voler en morceau d'un coup d'archet continuer cette sĂ©quence coeur brisĂ©, les Corrs nous offre la version unplugged de Radio qui a l'effet dĂ©tonnant de me remettre debout sans que le sache mais tanpis pour les voisins!^^ et au solo de violon de Sharon je suis au bord de bon vu que la prochaine qui retentit c'est Hideway le mouchoir est rangĂ© d'office - vu que selon le plan terrible des forumiens on doit hurler comme des malades sur le refrain ce n'est pas le moment! so "don't hiiiiiiiiidewaaaaaaaaaaaaaaaaay" ce qui nous vaut un "You're the most amazing audience of the European world!" d'Andrea... ... L'humeur festive continue avec Summer Sunshine lĂ aussi comme Ă Dublin sans que je comprenne pourquoi tant je n'aime pas cette chanson ^^;;; le public des gradins se met debout et y restera et tout d'un coup on est "the heat of Summer Sunshine et on crĂšve de chaud!^^ et on saute et on saute... et pour marquer ce jour d'une pierre blanche Andrea demande Ă Jim d'enlever ses lunettes^^; ...On s'arrĂȘte plus car aprĂšs c'est So Young et on s'Ă©poumonne sur les "Yeah, yeah" et on n'a jamais autant frappĂ© dans nos mains Jim n'a mĂȘme pas besoin de nous demander^^; Andrea toujours d'excellent humeur nous provoque et nous adresse un "bright and lazy on this rainyday"-aulieu de sunny ^^,-et l'invasion de confettis commencent, les Corrs un peu inquiets nous regardent faire et comprennent que le public parisien et un peu maboul de se ballancer des sacs de confettis sur la tĂȘte^^; La fiĂšvre continue de se rĂ©pandre sur I Never Loved You anyway oĂč la foule brandit le point Ă tout va et autre bonne surprise les Corrs ont repris ce morceau pour prĂ©senter les muscisiens^^ La derniĂšre chanson bien nommĂ©e Goodbye trĂšs Coldplay dans l'inspiration mais qui est dix fois mieux en live que sur l'album et dans une jolie mise en scĂšne les Corrs et les muscisiens quittent un par un la scĂšne ^_____^ Jim se la joue en restant le dernier Ă Ă©ffleurer nonchanalement son piano ^__^ Lors du rappel, le public s'enflamme essayant de prĂ©parer le terrain pour unsecond rappel que nous obtiendrons pas malgrĂ© tout -_______- Puis la lumiĂšre se rallume et la salle est au bord de l'insurrection et mes cordes vocales de l'extinction quand les "Go on , Go on" de Breathless percent, on a du rajouter une douziane de ligne de Go on sur cette chanson... Puis la vraie heure d'adieu est venue avec la traditionnelle Toss the feathers mais la gaffe qui ne venait pas vient quand le violon de Sharon, mortifiĂ©e, et que la premiĂšre minute de la chanson se fait sas elle! Cela laisse le temps Ă qqn de balncer un sac de confettis Ă Jim pour qu'il en asperge ses soeurs ce qu'il fera sur Caro et sa grosse caisse et de surprise la p'tite en perdra une de ses baguettes^______^ Et alors que le groupe salue un publique euphorique, Andrea dĂ©rogeant Ă se habitudes nous lance "Ă bientĂŽt Ă Bercy, I can't wait!" et nous offre un salue de trois minutes... Puis brusquement la lumiĂšre se rallume et poufff casse l'ambiance complĂštement -__________- sans compter que notre ami le vigilenous pousse manu-militari vers la sortie alors qu'Albi pousse vers les coulisses j'Ă©tais PTDR sur ce coup lĂ quand mĂȘme^^; , on Ă©choue sur les stands remarquez comme la manoeuvre du vigile Ă©tait rĂ©flĂ©chie! oĂč Mathilde m'offre Ă ma grande confusion un T Shirt j'serai aussi belle que Peg Ă la prochaine rĂ©union pppp... Puis Ă©touffant on sort et comme le veut la tradition Olivia et moi on achĂšte un poster pirate, un pour chaque concert!^________^tout Ă©baudis on retrouve madame le chauffeur au cafĂ© puis des Ă©toiles plein les yeux, les oreilles tuĂ©es on rentre au bercail non sans babysitter le portable d'Olivia!^^ A la maison, je m'assois en Ă©tĂąt de choc, ils l'ont fait, on y a participĂ©, on a battu le 4 novembre, les Ă©trangers nous comparent Ă Lansdowne Road, la rĂ©fĂ©rence, le concert mythique devant 50 000 personnes ^_______^, sur le forum on s'autocongratule, on a quand mĂȘme mis le feu, hĂ©!^^ Andrea still a bit in Heaven et qui sera la seule Ă aller au bout de la lecture de ce post qui doit rendre ce concert trĂšs ennuyeux tout un coup -________- ^^;;;;;;
Rien de plus insupportable que de marcher avec des chaussures une taille trop petite, alors imaginez comment se sent votre plante dans un pot trop Ă©troit. Pour laisser Ă vos vĂ©gĂ©taux la place suffisante pour sâĂ©panouir et grandir, pensez donc Ă les rempoter. Pour cela, dĂ©couvrez le moment opportun, le pot adaptĂ© et une technique infaillible. Envie de voir vos plantes dâintĂ©rieur ou de balcon prospĂ©rer ? Alors pensez Ă les rempoter de temps en temps. Cette Ă©tape dâentretien parfois occultĂ©e par les jardiniers en herbe est pourtant indispensable pour garder vos vĂ©gĂ©taux en pot le plus longtemps possible. Elle permet en effet de renouveler le substrat de culture et dâoffrir Ă une plante qui nâaurait pas atteint sa taille mature, un contenant plus large qui favorisera son dĂ©veloppement. Plusieurs indices peuvent vous permettre de dĂ©terminer si une plante a besoin dâĂȘtre rempotĂ©e Les racines sâĂ©chappent par les trous de drainageLe feuillage semble trop grand par rapport Ă la taille du pot Certaines feuilles palissent et deviennent cassantesLes nouvelles feuilles sont plus petites Pour rempoter sa monstera, son pothos ou nâimporte quels autres vĂ©gĂ©taux, on privilĂ©giera la pĂ©riode entre la fin de lâhiver et le dĂ©but du printemps, au moment oĂč les plantes sortent de leur repos vĂ©gĂ©tatif. On choisira alors un pot une taille ou deux au-dessus 2-3 cm de diamĂštre en plus. Pour les plantes arrivĂ©es Ă maturitĂ©, inutile de changer de pot, en revanche, elles peuvent ĂȘtre rempotĂ©es tous les deux ou trois ans pour bĂ©nĂ©ficier dâun nouveau substrat plus riche. Ă noter il ne faut jamais rempoter une plante en fleur. Photo Shutterstock Le rempotage est une Ă©tape dĂ©licate qui peut sâavĂ©rer traumatisante pour la plante. Le plus difficile est de sortir la motte de terre de son pot. Tentez donc de manier votre plante adorĂ©e avec douceur pour ne pas casser de feuilles et ne pas arracher ses racines. Pour rĂ©ussir ces Ă©tapes dĂ©licates, procĂ©dez ainsi PrĂ©parez votre pot avec une couche drainante composĂ©e de billes dâargile, de graviers ou de tessons de pots cassĂ©s. Garnissez-le dâun peu de que le substrat de votre plante nâest ni trop sec ni trop les cĂŽtĂ©s du pot de cette derniĂšre en le maintenant en position la motte se dĂ©tache, tapez doucement sur la base du pot en le tenant Ă lâenvers attention, vous risquez dâen mettre partout, alors choisissez bien votre plan de travail. VĂ©rifiez lâĂ©tat des racines. Coupez celles qui sont abĂźmĂ©es, mortes ou moisies Ă lâaide dâun la motte au centre du pot et comblez les pourtours avec le terreau frais. Tassez lĂ©gĂšrement, puis arrosez. Ăa y est, votre plante a tout pour ĂȘtre heureuse ! Cet article vous a plu ? Alors dĂ©couvrez notre article dĂ©diĂ© Ă lâarrosage des plantes dâintĂ©rieur. IdĂ©al pour reconnaĂźtre un manque ou un excĂšs dâeau et sauver ses vĂ©gĂ©taux.PtVW.